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Grégory Combalbert, « Sauf le droit épiscopal » Évêques, paroisses et société dans la province ecclésiastique de Rouen (XIe-milieu du XIIIe siècle), Caen, Presses universitaires de Caen, 2021, préface de Thierry Pécout.Combalbert_Droit_episcopal80ab45d" src="/sites/default/files/inline-images/Combalbert_Droit_episcopal.jpg" />

Programme Aposcripta (lettres pontificales), sous la direction de Julien Théry (UMR CIHAM, MSH Lyon-Saint-Étienne et IRHT)

Les 80 000 rubricelle résumant les contenus des 150 Registres du Vatican et Registres d'Avignon relatifs au pontificat de Clément VI sont désormais librement accessibles et interrogeables en ligne sur le site web APOSCRIPTA/Clement VI.

L'étape suivante est le versement de ce sous-ensemble dans APOSCRIPTA Unified (cette dernière base donnera dès lors accès à plus de 110 000 documents en un corpus unique). 

 

Lettres pontificales

Abréviations des diocèses et des archidiaconés

Abréviations bibliographiques

 

(Orléans, 28-30 septembre 2001)

Pour marquer la fin du GDR GERSON voué à l’étude des sources d’origine ecclésiastique trois Journées, intitulées “ Histoire médiévale et christianisme ”, furent organisées à Orléans, les 28, 29 et 30 septembre 2001 en vue d’évaluer l’incidence de nos travaux érudits sur la narration de l’histoire médiévale. Notre dessein était non pas de nous retrouver entre spécialistes, mais de proposer une gamme de manifestations variées permettant aux amateurs d’histoire d’Orléans et de la région d’être associés à notre bilan. C’est pourquoi chaque Journée fut conçue sur un mode et dans un lieu différents :

-le vendredi 28 septembre, dans l’auditorium de la Médiathèque, en plus des conférenciers invités et des membres du GDR, 80 personnes ont pu entendre des communications destinées à présenter soit un exemple des recherches menées dans le cadre des programmes du GDR soit le point de vue d’un collègue étranger sur les mêmes sujets. Pour les Fasti Ecclesiae Gallicanae, une “ Galerie de portraits de chanoines ” fut présentée par sept membres de l’équipe : Pascal Montaubin, Pierre Desportes, Eliane Carouge, Henri Hours, Vincent Tabbagh, François Comte et Fabrice Ryckebusch. En soirée, la question “ Christianisme et Moyen Age, un couple infernal ? ” fut débattue au cours d’une table ronde détendue et fort animée, présidée par Françoise Michaud-Fréjaville.

-le samedi 29 septembre, une centaine d’auditeurs réunis au Museum purent écouter un rapide exposé de chacun des responsables des programmes du GDR puis poser des questions : ainsi furent expliqués et discutés, avec l’aide d’un animateur, les orientations et les principaux acquis de nos recherches. Cette journée de dialogue s’acheva en musique, avec un récital de pièces empruntées à la liturgie pontificale sous les papes d’Avignon par l’ensemble Diabolus in musica.

-le dimanche 30 septembre, l’excursion qui clôture traditionnellement les congrès d’historiens fut remplacée par une série de conférences sur les collégiales médiévales dans les locaux du Centre d’Etude et de Réflexion chrétienne, couplées à des visites de la collégiale voisine de Saint-Aignan. Conférences et visites furent organisées par les membres du groupe “ Collégiales ”, et coordonnées par Anne Hubert. Ainsi espérons-nous avoir convaincu une soixantaine de personnes des bienfaits d’une étroite concertation entre conservation du patrimoine et recherche historique.

De plus, durant les trois jours, trois posters présentant une recherche sur l’incroyance et le refus de Dieu au Moyen Age, à partir de l’iconographie du Psaume 52, furent exposés. Des stands de livres (faisant la part belle à nos publications), des séances de présentation du CDRom “ Ut per apostolicas litteras ” ainsi qu’une visite de l’exposition des manuscrits du fonds ancien de la Médiathèque furent enfin proposées aux participants.

L’octroi de bourses aux étudiants ayant suivi l’Ecole thématique de l’été, organisée par le CERCOR à Saint-Etienne, avait amplifié la venue de jeunes des écoles doctorales.

Informations éditoriales

Le portail Fasti s’efforce de rendre compte des activités du programme de recherche ayant pour objectif la réalisation d'un Répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines des diocèses de France de 1200 à 1500.

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© Carte des limites diocésaines (Moyen Âge), géoréférencée et vectorisée par Davide Gherdevich (UMR LAMOP) et Fabien Cerbelaud (Université de Limoges), d'après J. Dubois, G. Morracchini-Mazlet et SEGELA-ULG.

© La carte des provinces de Toulouse et de Narbonne après la réforme de 1318 est issue de É. Pélaquier, Atlas historique de la province de Languedoc, Université de Montpellier III, 2007.

Le logo des Fasti est une réalisation de Thierry Pécout.Nouveau logo

Le logo de la collection des Fasti a été créé par Cécile Millet.Ancien logo80c-adf4-44cd-b01f-bc912ba227b2" height="60" src="/sites/default/files/inline-images/Fasti_ancien_logo.png" width="44" />

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 11 janvier 2002

 

Informations générales :

La relève de l'ancien GDR GERSON est assurée, avec la création de SALVE (Sources, acteurs et lieux de la vie religieuse à l’époque médiévale) GDR 2513.

Les journées du colloque d'Orléans en septembre dernier sur "Histoire et christianisme" ont été un succès. Le débat-forum du samedi 29 septembre, destiné au grand public, sera publié grâce aux transcriptions qu'en fait actuellement Laurent Vallière et les six ou sept exposés du vendredi 28 concernant l'entreprise des Fasti feront l'objet d'un article dans la Revue d'Histoire de l'Église de France.

Nous avons eu la joie de voir le volume consacré au diocèse d'Agen, écrit par Fabrice Ryckebusch, sortir pour le colloque d'Orléans. Sachez qu'il est disponible pour les membres des Fasti, avec une remise de 40 % sur le prix d'achat, ce qui fixe celui-ci à 25 euros. Si vous êtes intéressé, veuillez libeller votre chèque à l'ordre d'Hélène Millet.

Le diocèse d’Angers attend que François Comte comble son retard.

Le volume sur Rodez avance très vite et celui sur Mende sera prêt dans le courant de l’été. Quant à Tours, diocèse sur lequel Philippe Maurice a passé un an grâce à une bourse de la Région Centre, il compte un répertoire de 800 noms.

Jean-Pierre Loddé a légué aux Fasti tout le fonds de documentation rassemblé par sa défunte épouse pour le volume sur Sées. A Paris, dans la salle de prosopographie, se trouve en photocopie tout le registre du Parlement contenant les testaments enregistré au parlement de Paris sous le règne de Charles VI étudiés par Fr. Loddé dans sa thèse de doctorat, ainsi que les deux volumes de la collection Moreau de la BNF, qui en sont des copies du XVIIIe siècle et les dossiers de renseignements biographiques constitués sur plusieurs individus. A Orléans se trouve tout ce qui concerne le diocèse Sées et Laurent Vallière s’emploie actuellement à rédiger les notices liminaires après avoir achevé la saisie des enregistrements. Un appel est lancé à chacun pour apporter les compléments d’information nécessaires à la finition.

Lors d'un colloque à Milan sur l'histoire des diocèses, Hélène Millet a pu présenter le travail de l'équipe des Fasti. Bernard Andenmatten, responsable du dernier volume paru dans la collection de l'Helvetia Sacra (sur les diocèses de Tarentaise et de Sion) viendra la présenter à l'été.

Ana Maria Rodriguez a obtenu un financement pour la réalisation de Fasti portugais.

La "boîte" était encore à la disposition de chacun. Elle s'est enrichie du dépouillement onomastique (par chanoine) d'un article d'E. Anheim sur la cour de Clément VI. F. Ryckebsuch a bien voulu faire de même pour l'article d'H. Gilles sur les auditeurs en cour de Rote.

P. Jugie a signalé l'édition, munie d'un index très fourni, de l'inventaire qu'il avait naguère dressé du fonds des collégiales parisiennes (AN, L 600-617). Il est disponible en salle de lecture au CARAN (fermé pour l'instant). Hélène Millet a enfin demandé de signaler au maximum les adresses électroniques dont chacun peut disposer.

Bénéfices et simonie, le point de vue du droit canonique, par C. Leveleux

Malgré son titre, cet exposé concernait peu les bénéfices mais bien l'histoire de la conception de la simonie, immense question très complexe. La manière qu'ont eu les canonistes de l'appréhender a beaucoup évolué aux XIIe et XIIIe siècles et ce changement de perception est à l'origine du débat sur la question du bénéfice. Chez les théologiens comme chez les juristes, il a fallu concilier la maîtrise qu'avait l'Église du sacré, par définition séparé du monde, et son engagement de plus en plus marqué dans les affaires temporelles. Les simoniaques, à l'image du serviteur d'Elisée, guérisseur de Naâman dans l'Ancien Testament ou des marchands du Temple et de Simon le Magicien dans le Nouveau, sont ceux qui veulent brouiller les limites entre le sacré et le profane, lier ce qui est temporel à ce qui est spirituel. Il faut donc établir des distinctions mais ce projet évolue dans la période qui s'ouvre avec le Décret de Gratien (vers 1140). Pour ce dernier, la simonie – dont il ne donne aucune définition – n'est traitée que comme un péché, une question d'ordre dogmatique. Gratien insiste sur l'intention de la personne simoniaque et renvoie à un traitement pénitentiel de ce qu'il assimile à une hérésie. Dans les Décrétales de Grégoire IX, la simonie est considérée désormais comme un crime pouvant faire l’objet d’une procédure pénale. Elle présuppose un contrat entre deux personnes. On assiste donc dans le courant du XIIIe siècle à une objectivation et une judiciarisation de la question. Hostiensis (mort en 1271) dans sa Summa Aurea insiste sur le fait que pour le juge d'Église, la définition de Gratien n'est pas suffisante, qu'il faut une extériorisation de l'intention, un pacte simoniaque qui la caractérise. Cela amena à relativiser le traitement de la question, en distinguant différentes situations où sacré et profane pouvaient se mêler ou non, et à intégrer dans le champ de la licité des pratiques auparavant condamnées. Tout en criminalisant les abus les plus manifestes, la pensée canonistes institutionnalisait la gestion de la simonie « ordinaire » et légitimait largement l’opportunisme dont l’église ont fait preuve dans l’utilisation des bénéfices.

Les bibliothèques des chanoines et des chapitres d'Aix, Arles et Marseille, par C. Giordano

De différentes études qui ont été menées en France, il ressort que les bibliothèques des chanoines sont généralement modestes et que le nombre de volumes possédés excède rarement la dizaine. Les bibliothèques des cathédrales étaient là pour pallier les carences de celles des chanoines ; de plus, les chanoines étaient les principaux utilisateurs des bibliothèques capitulaires, leur contenu avait donc une influence sur la culture, la formation intellectuelle de ces hommes.

Pour la cathédrale d’Arles nous avons un inventaire du trésor de 1336 mentionnant 11 volumes ; pour Aix, en plus de diverses mentions dans des registres capitulaires et dans des livres de comptes, nous avons des inventaires du trésor de 1380, 1404, et 1407. L’étude de ce dernier, nous apprend que la cathédrale possédait près de 200 manuscrits et qu’ils étaient entreposés dans différents lieux. La plupart était dans la sacristie, mais il y en avait également dans l’armoire eucharistique, dans la salle capitulaire et dans le chœur (dont une dizaine y était enchaînée). Cette bibliothèque qui s’est enrichie en partie grâce à des legs de chanoines et d’archevêques ou par le sauvetage de livres provenant d’autres églises aixoises, était constituée à 75 % de livres liturgiques. En ce qui concerne la cathédrale de Marseille, les inventaires du trésor sont plus tardifs (le plus ancien, de 1600, mentionne 14 livres liturgiques dont 2 en parchemin) ; nous avons également pour cette cathédrale une quittance de 1472 mentionnant près de 80 ouvrages.

Les bibliothèques des chanoines de ces chapitres sont essentiellement connues grâce à des testaments et des inventaires après décès. A l’exception de celui d’un chanoine marseillais (qui était également sacristain et professeur de droit canon et de théologie) qui mentionne 60 livres, les testaments mentionnant des bibliothèques citent au maximum 3 ouvrages, tandis que les inventaires après décès en comptent en moyenne 26. Le contenu de ces bibliothèques est peu varié. Les livres que l’on retrouve le plus souvent sont les livres liturgiques ou de droit. L’une des bibliothèques les plus variées est sans doute celle d’un prévôt d’Arles : l’inventaire après décès dressé en 1472 mentionne une quarantaine d’ouvrages dont des livres de fable, un roman et, rangée dans un studio de sa demeure, une collection d’une dizaine de livres liés à sa fonction de prévôt (dont des livres des statuts de la cathédrale).

Cartographier un quartier canonial, par Y. Esquieu

Dès que l'on a mention d'un quartier canonial dans les sources, il faut tenter de le localiser, situer ses différents éléments sur un plan, le plus précisément possible. Il faut préférer l'établissement d'un plan à une époque donnée à un plan synthétique, concentrant les données de différentes époques, mais qui n'exista jamais comme tel, quitte à ne donner qu'un plan du XVIIe siècle, par exemple.

Attention à bien distinguer la clôture, théoriquement obligatoire, quelquefois mentionnée dans les textes mais qui n'existe pas toujours, qui signifie le grand cloître ou le quartier canonial, et le petit cloître qui est un cloître architectural, à galeries. Quand le quartier est situé à la limite de l'ancienne cité, contre le rempart, sa délimitation est simple, au moins d'un côté. On peut seulement n'avoir qu'un front continu de maisons. Il faut bien distinguer aussi les maisons canoniales qui appartiennent au chapitre (même si les chanoines peuvent en "vendre" l'usufruit) des maisons de chanoines, simplement habitées par eux, quelquefois de génération en génération. Quand la communauté est régulière, il n'y a pas de maisons individuelles sauf pour les dignitaires. Attention à la commensalité qui veut qu'un chanoine héberge d'autres clercs si bien qu'il y a forcément moins de maisons que de clercs du chœur.

On peut ensuite placer sur le plan, dans la mesure de nos connaissances, le palais de l'évêque, le réfectoire, le dortoir (pour les communautés régulières), la salle du chapitre, les selliers, la grange, le four, l'hôpital et/ou l'aumône et le ou les cimetières.

Comment procéder ?

Utiliser :

  • Le cadastre actuel, sauf si tout a été démoli depuis le Moyen âge, qui donne le tracé des rues et des parcelles, à la différence d'un plan de ville ordinaire.
  • Le cadastre napoléonien, qui date quelquefois des années 1830-1840.
  • Aux Archives Départementales, la vente des biens nationaux (séries Q ou L) et les devis estimatifs, très précis pour les dimensions et les confronts.
  • Les cadastres modernes, les registres capitulaires, les visites épiscopales sur les bâtiments communs, les plans anciens (on peut s'y fier pour la forme générale du quartier, pas pour le nombre des maisons), la documentation judiciaire sur les réparations des maisons de chanoines, les descriptions anciennes et les voyages pittoresques d'avant la Révolution Industrielle.
  • Les renseignements disponibles à la Direction générale des affaires culturelles, qui chapeaute plusieurs services : Service régional d'archéologie, Service de l'inventaire général, Centre de documentation du patrimoine, Conservation des monuments historiques.

Jean de Cardalhac, un ou deux personnages ?, par F. Ryckebusch, M. Fournié et E. Bouyé

Dans la notice rédigée par Matthieu Desachy à propos de ce personnage, administrateur du siège de Rodez de 1371 à 1379, plusieurs obscurités restaient à lever à cause desquelles une vaste enquête a été lancée par Michèle Fournié. Plusieurs généalogies de sa famille ont été dressées, à partir des archives du Lot et Garonne, du Lot (qui contiennent le testament de Bertrand, le père de Jean et le procès mené par Ermengarde sa mère à propos de la succession à partir de 1336), du Tarn et Garonne (tableau généalogique des feudistes et acte de 1348 par Hugues, le frère aîné de Jean qui lui délivre un leg). A noter pour les incertitudes concernant Jean, qu'un deuxième Jean de Cardalhac est attesté comme chevalier de Saint-Jean de Jérusalem en 1369. Ensuite, Jean ne fut jamais évêque de Rodez, encore moins prieur de Saint-Caprais d'Agen (Eubel) mais bien administrateur et patriarche d’Alexandrie. Ce n'est pas lui qui a consacré la chapelle axiale de la cathédrale de Narbonne en 1381, il était donc bien à Toulouse à cette date.

Autre querelle aussi sur la paternité de ses sermons. S. Puyo a transcrit ceux conservés à la BNF sur le Grand Schisme et sur les obsèques de Bertrand, son frère, évêque de Montauban. Mais Mgr Mollat a rejeté l'authenticité d'un volume de sermons de la Bibliothèque Municipale de Toulouse, est-ce à revoir ? Il semble bien que Jean ait été un agent de la royauté dans le Midi dans les années 1378-1390. En 1385, il préside avec Jean de Berry, contre lequel les Toulousains se sont révoltés les années précédentes, la cérémonie d'ostension des reliques de Jacques le Majeur, ce qui doit être compris comme l'apaisement après la tempête.

Enfin, les armoiries traditionnellement attribuées à Jean, représentées sur une clef de voûte des Cordeliers de Toulouse, ne sont pas les siennes (elles comportent le chapeau cardinalice alors que Jean n'a jamais été cardinal), mais celles du cardinal de Montfavet.

Biographies de cardinaux, par P. Jugie, P. Montaubin, E. Bouyé, A.-L. Rey-Courtel.

Ces biographies nécessitent un travail de coordination d'un volume à l'autre afin de ne pas se répéter. 62 cardinaux ont déjà été répertoriés dans les volumes parus. Le problème vient du fait que les biographies de cardinaux contenues dans divers ouvrages, sauf dans un dictionnaire des cardinaux qui n'existe pas, concentrent beaucoup d'erreurs copiées à l'envie, qu'il est déjà très long à corriger une par une. Une proposition est faite : un volume exclusivement consacré aux cardinaux ayant eu un bénéfice en France à un moment donné de leur carrière, dans la mesure où les cardinaux ont que rarement eu un rôle important au sein des chapitres où ils étaient chanoines. Ce volume contiendrait les informations données par les sources locales sur leur carrière bénéficiale ce que les ouvrages généraux sur eux négligent forcément. Une affaire à suivre et à étudier de près.

Pour tout renseignement à communiquer sur ces personnages, contacter

  • pour le XIIIe siècle, Pascal Montaubin : montaubi@caramail.com ( mail)
  • pour le XIVe siècle, P. Jugie : Pierrejugie@aol.com ( mail)
  • pour le XVe siècle, E. Bouyé : bouye@tiscalinet.it ( mail)

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 17 janvier 2003

 

Informations générales

Le volume des Fasti sur Rodez (par Matthieu Desachy) est paru. Pour l'obtenir au tarif préférentiel réservé aux membres du groupe, merci de faire parvenir à Hélène Millet un chèque de 25 € libellé à son nom. Le volume sur Mende paraîtra d'ici la prochaine réunion. Sées et Angers sont les suivants sur la liste.

Soutenances : Véronique Julerot (Les élections épiscopales à la fin du XVe siècle) et Emmanuelle Vernin (Le quartier canonial du Puy), membres du groupe des Fasti, viennent de soutenir leur thèse de doctorat.

Le CD-Rom Ut per litteras apostolicas (analyses des bulles du XIVe siècle) est consultable en trois lieux par les membres des Fasti : à l'IRHT à Paris et Orléans, et en Sorbonne, salle G 687 (contacter Hélène Millet ou Christine Barralis pour y avoir accès).

N.B. : l'IRHT met aussi à disposition (à Orléans seulement), les reproductions sous forme de CD-Rom des registres pontificaux de la série du Vatican. Pour l'instant l'IRHT possède tous les registres jusqu'à Urbain V exclu. Les registres du pontificat d'Urbain V et de la période du Grand Schisme devraient être achetés cette année.

Grâce à une subvention du LAMOP (Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris-I), la refonte des traitements informatiques appliqués à nos bases de données (pour en faire soit des livres soit un élément d’une base cumulée) est en cours, sous la direction d’un informaticien de chez Brepols. Le logiciel–clé n’en sera plus Dbase mais Access. De nouvelles informations seront données à ce sujet lors de la prochaine réunion.

L'informatisation du fichier Lesellier progresse : une base Access a été créée dans le cadre d'un contrat alliant le GDR SALVÉ, l'IRHT et l'EFR. Laurent Vallière a déjà saisi presque 4 000 fiches. Il est possible pour les membres du groupe de solliciter une bourse de l'EFR pour aller à Rome participer à ce projet (le temps de bourse se répartissant entre l'informatisation 3h / jour et les recherches personnelles).

Dans la dernière livraison de la Revue Mabillon, deux articles peuvent intéresser les membres des Fasti : celui de F. Délivré, « La visite du primat d’Aquitaine Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges, dans la province ecclésiastique de Bordeaux (1284) » et celui de X. Hermand, « Les relations de l’abbaye cistercienne du Jardinet avec des clercs réformateurs des diocèses de Cambrai et de Tournai (seconde moitié du XVe s.) ».

Un nouveau venu parmi les Fasti, Yann Dahhaoui, prépare un DEA sous la direction de Claude Gauvard sur les figures de l'évêque des Innocents et de l'évêque des Fous (qui sont élus pour une journée par les enfants de chœur, lors de cérémonies satiriques). Si vous avez mention de tels personnages dans vos sources, merci de le contacter (10 rue Barbette, 75003 Paris ; mail: yann.dahhaoui@wanadoo.fr).

La prochaine réunion est fixée au Vendredi 27 juin 2003.

Communications sur les chapitres O.S.A.

La règle de saint Augustin en usage dans le chapitre de Mende, par Philippe Maurice, avec des précisions de Jean-Loup Lemaitre

Le chapitre de Mende a décidé l'abandon de la règle O.S.A. au tout début du XIIIe siècle. Les AD de Lozère conservent un manuscrit intitulé Martyrologium, du XIIe siècle, qui contient entre autres la règle suivie par le chapitre. La règle est souvent conservée dans le martyrologe du chapitre (c'est le cas à Béziers, Carcassonne, etc.). Pour avoir des descriptions précises de ces ouvrages, il faut se reporter au répertoire des obituaires établi par J.-L. Lemaitre. A Mende, ce ms. était le symbole de la charge de l'archidiacre et servait à recevoir les serments d'entrée en charge des clercs de la cathédrale.

D'après J.-L. Lemaitre, la règle appliquée est la même partout, les variantes entre manuscrits de chapitres différents ne portant que sur la forme et non sur le fond. On peut se reporter à l'édition critique du Præceptum faite par Luc Verheijen (La règle de saint Augustin, Paris, Etudes augustiniennes, 1967). Il serait intéressant de faire un répertoire des livres liturgiques de chaque cathédrale, en identifiant les livres réellement utilisés par le chapitre. Mgr Martimort a déjà fait un tel travail pour le midi, dans le n° 17 des Cahiers de Fanjeaux sur Liturgie et musique (« Répertoire des livres liturgiques du Languedoc antérieurs au concile de Trente », p. 52-80). Il faudrait ensuite étudier les ajouts et aménagements apportés par nos chanoines à ces textes (par ex. pour celui de Mende : y a-t-il des ajouts au martyrologe d'Usuard ? Des homélies spécifiques à Mende ?).

Les statuts réformateurs de l'évêque Jean de Vissec pour le chapitre de Maguelone (1331), par Jean-Loup Lemaitre

Maguelone est un chapitre régulier jusqu'au début du XVIe siècle. Sur ce chapitre, on peut consulter Germain (A.), Maguelone sous ses évêques et ses chanoines, Montpellier, 1869 ; et le Cartulaire de Maguelone, éd. J. Rouquette et A. Villemagne, Montpellier (la B.N.F. et la Sorbonne n'ont que des exemplaires incomplets. Seul l'évêché de Maguelone a une version complète).

Jean de Vissec, originaire du diocèse de Nîmes, est chanoine puis prévôt du chapitre avant d'être élu évêque en 1328. Son premier acte en tant que prélat est de nommer des vicaires généraux, qui sont tous d'anciens chanoines, et de procéder à toute une série de nominations au sein du chapitre. Lors du chapitre général de la Toussaint 1331, il promulgue des « declarationes, ordinationes et statuta » qui traitent en détail de l'ensemble des offices tenus par les chanoines (mais pas des dignités) : prévôt, cuisinier, vestiaire, etc. Ce texte très long règle la gestion quotidienne de la vie et des biens du chapitre. Il est en fait plus proche d'un coutumier monastique que d'une collection de statuts synodaux (il faut souligner qu'au XIIe siècle, la collection du Liber ordinis de Saint-Victor de Paris a beaucoup circulé en France, mais ce document n'en est pas directement inspiré). La raison d'être de ces statuts est difficile à cerner, faute d'une étude approfondie de la situation du chapitre au début du XIVe siècle (pour une fois c'est l'abondance, et non la pénurie, d'archives sur cette période qui a freiné la réalisation d'une telle étude). La question de leur application réelle se pose aussi. Le texte a été manifestement pensé en langue d'oc, avant d'être écrit en latin : la structure des phrases s'en ressent, et beaucoup de mots de langue d'oc ont été conservés ou sommairement latinisés.

Le préambule du texte contient la liste de tous les chanoines, au nombre de 63. Il faut souligner que dans les chapitres OSA, il n'y a pas de prébendes, puisque les chanoines vivent en communauté. Par conséquent il n'y a pas forcément un nombre fixe de chanoines (bien que ce soit le cas à Auch), d'autant plus que se pose le problème du décompte des novices appelés à devenir chanoines : non seulement ils doivent faire un certain temps de noviciat, mais en plus, une fois qu'ils ont pris l'habit, il s'écoule un certain délai avant qu'ils n'aient voix au chapitre. La liste des chanoines fait apparaître qu'environ la moitié d'entre eux sont en charge d'un « prieuré ». Deux problèmes se posent à ce sujet : résident-ils dans les « prieurés » ? A Mende, la plupart des chanoines titulaires de prieurés s'y font remplacer par des vicaires. Et que sont ces « prieurés » ? Dans le diocèse de Maguelone, le mot parrochia n'existe pas, on emploie seulement celui de prioratus. Par conséquent, il s'agit sans doute ici de cures à desservir. Ces prieurés-cures, qui sont à la collation ordinaire du chapitre, entrent au XIVe siècle dans le champ de la collation apostolique : il faut prêter une attention particulière au terme employé par les lettres apostoliques pour les désigner. Soulignons enfin que les trois archidiacres n'appartiennent pas au chapitre.

Notice institutionnelle du chapitre d'Auch, par Françoise Merlet-Bagnéris

Il s'agit d'un très gros diocèse (environ 500 cures d'âmes, réparties en 14 archidiaconés) et le siège archiépiscopal est très riche au XVe siècle. Entre 1410 et 1414, le diocèse fut temporairement démembré par la création de l'éphémère évêché de Mirande. Les collégiales sont nombreuses. Un premier groupe d'entre elles, les plus importantes, ont été instituées dans l'élan du mouvement canonial de la fin du XIe siècle, en liaison avec le développement du pèlerinage de Saint-Jacques. Cinq de ces collégiales sont étroitement liées au chapitre cathédral. Les membres des huit autres sont nommés en partie par le chapitre, en partie par l'archevêque et en partie par les consuls de la ville. Beaucoup sont sécularisées vers 1548, au moment où le chapitre cathédral négocie sa propre sécularisation.

Le soin des pauvres est particulièrement développé puisque la cérémonie du Mandat, inaugurée en 1175, se transforme ensuite en une distribution quotidienne de nourriture (à Maguelone, par ex., la distribution est hebdomadaire). Bien qu'il s'agisse d'un chapitre OSA, les chanoines vivent à la fin du MA dans des maisons individuelles, dans et hors le cloître. Le dortoir n'est plus occupé que par certains des prébendés des communautés de la cathédrale, qui y dorment dans des chambres individuelles, avant d'être désaffecté en 1444 et de servir d'asile de nuit pour les pauvres. La majeure partie des bâtiments actuels est postérieure au MA : le palais archiépiscopal date du XVIIIe siècle, et la cathédrale, commencée au XVe siècle, date essentiellement du XVIe siècle. Le chapitre suit officiellement la règle OSA jusqu'à sa sécularisation en 1548, mais dès le XIIe siècle au moins, il a des coutumes particulières, connues sous le nom de statuta antiqua. Normalement, il n'y a pas d'autre rang que celui de l'ancienneté d'entrée, comme dans toutes les églises soumises à la règle de saint Augustin, mais cela reste à vérifier dans la pratique. Les chanoines, initialement au nombre de 25, sont ramenés à 20 par une ordonnance épiscopale de 1331. A côté du haut-chœur des chanoines, apparaissent 34 prébendés, répartis en plusieurs communautés avec leurs règles propres.

Le volume sur Sées : une suite de problèmes à résoudre, par Pierre Desportes

Pourquoi, malgré le gros travail fourni par Françoise Loddé (†), a-t-on obtenu si peu de résultats pour Sées ? Quelles ont été les solutions adoptées pour compenser cette pénurie d'informations ?

a) Le problème de la chronologie : Sées est devenu un chapitre régulier en 1131 et a été sécularisé en 1547. Entre ces deux dates, nous connaissons très peu de noms de chanoines. Un universitaire américain, D. Spear, prépare un ouvrage sur les dignitaires de la province de Rouen avant 1200 = il existe une petite période de chevauchement, avec, souvent, une marge d’incertitude. Le volume des Fasti intégrera une liste complémentaire des chanoines pour la période 1500-1547.

b) Le patrimoine du chapitre : il est beaucoup mieux connu que les hommes. Etant donné le lien très fort existant entre l'état des revenus et la vie du chapitre, il a été décidé de remettre dans le volume des Fasti l'article publié précédemment par F. Loddé sur le temporel.

c) L'identification des individus : au total on aura environ 180 noms (+ une quarantaine pour le début du XVIe siècle et une vingtaine d'incertains à cheval sur les XIIe et XIIIe siècles). On ne connaît bien que les dignitaires, surtout les archidiacres, et les chanoines remarqués pour leur irrégularité. Cela pose le problème de la représentativité du fichier prosopographique.

d) La régularité de la vie : pourquoi le chapitre ne s'est-il pas sécularisé, malgré les pressions des rois anglo-normands au XIIe siècle, et les difficultés des siècles précédents (notamment la guerre, qui gêne la vie régulière) ? Probablement parce que les chanoines voulaient éviter la concurrence de candidats étrangers, et parce que le patrimoine n'était pas suffisant pour être découpé en prébendes « viables ». La règle n'est pourtant pas appliquée strictement : en 1520, une tentative de restauration de celle-ci, par l'arrivée de 8 nouveaux chanoines réformés, aboutit à un échec.

Notice Institutionnelle de Sens, par Vincent Tabbagh

Diocèse partagé en 5 archidiaconés et 12 doyennés, comprenant au total 715 paroisses séculières, sans compter les prieurés-cures. Sur les 19 collégiales, 3 sont d'origine immémoriale, 2 datent du XIe siècle, 11 de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, et une du XIVe siècle. La cathédrale actuelle, dont la reconstruction commence au XIIe siècle, conserve la trace des deux églises disparues du groupe primitif, sous la forme de deux chapelles. Le développement des chapelles a par ailleurs été très modeste dans ce bâtiment. L'autorité de l'archevêque sur le diocèse est très étendue : il nomme à la grande majorité des canonicats et détient en patronage les deux tiers des cures séculières. Avec une taxe de 6 000 florins, le siège est au XIVe siècle le 5e plus riche de France. L'officialité de Sens est doublée dès le XIIIe siècle d'officialités foraines dans les seigneuries archiépiscopales. La question de l'existence d'une officialité métropolitaine n'est pas encore résolue. Le chapitre de Sens est marqué par l'indécision de ses contours : beaucoup de personnages sont alternativement appelés chanoines ou chapelains, ce qui semble être une caractéristique bourguignonne. L'histoire de la formation du chapitre cathédral, qui intègre progressivement différentes communautés ou groupes de chanoines, est très complexe. Il y a 48 chanoines, mais seulement 40 prébendes (certaines sont divisées en quarts de prébende). Les maisons du quartier canonial sont la propriété du chapitre, qui les confie aux chanoines à titre viager. Cependant, à la fin du XVe siècle une certaine liberté de transaction des maisons semble s'être installée et les chanoines ou leurs héritiers peuvent les vendre. L'archevêque-légat Guillaume de Champagne a imposé une importante réforme des dignités au XIIe siècle. Leur ordre s'est stabilisé au début du XIVe siècle : le doyen tient la première place, les archidiacres (sauf celui de Sens) viennent après tous les autres dignitaires. Trois dignités (doyen, précentre et cellerier) sur 9 sont électives, les autres sont à la nomination de l'archevêque. Quatre officiers sont nommés annuellement par le chapitre pour administrer ses revenus. En vue d'égaliser les revenus de chacun, les prébendes font l'objet d'une partition régulière (normalement tous les 7 ans), et l'office de la Chambre perçoit sur les prébendés des recompensationes, redistribuées ensuite. Le bas-chœur de Sens se caractérise par sa modestie : il compte peu de chapelains, auxquels les archevêques préfèrent les vicaires, nommés annuellement et qui ne peuvent détenir aucun autre bénéfice.

L'évêque, le chapitre, l'hôpital : projet d'enquête, par Pascal Montaubin

P. Montaubin nous propose de nous intéresser à la manière dont évêque et chapitre répondent à l'injonction du Christ d'apporter de l'aide aux pauvres. Il serait intéressant notamment de vérifier la thèse soutenant que les clercs séculiers ont progressivement perdu le contrôle des institutions caritatives. Voici quelques questions à poser :

  • sur les aspects institutionnels : nos élites participent-elles à la fondation ? Où se fait cette fondation (dans le groupe cathédral) ? Font-elles des dons ? Qui a la tutelle de ces établissements ? (= qui nomme les administrateurs ? qui vérifie les comptes ?) Qui a la juridiction sur ces établissements ? Pourquoi les pouvoirs laïcs reprennent-ils ces institutions à partir du XIVe siècle ? (s'agit-il d'une dynamique propre à ces pouvoirs ou d'une conséquence de la détérioration de la situation des hôpitaux ?).
  • sur les rapports spirituels entre les évêques/chanoines et les institutions caritatives : ces élites recherchent-elles la prière des pauvres et des malades ? (voir les legs, obituaires, etc.) Ont-elles laissé des textes traitant des devoirs caritatifs du clergé ? En somme, évêques et chanoines s'inscrivent-ils dans une pastorale de la charité ? Considèrent-ils ces œuvres d'assistance comme une légitimation de leur place dans la société ?

Pour commander le volume.

Contenu du volume :

  • 308 pages.
  • 787 notices prosopographiques.
  • 22 biographies d'évêques.

Ce volume contient en outre une carte du diocèse, et un catalogue de 202 clercs exclus du corpus. Dans ce volume, à défaut de notice particulière, on trouvera un catalogue détaillé des individus que, pour diverses raisons, les lecteurs pourraient s'attendre à retrouver dans cette population et qui en ont été sciemment exclus. Ainsi apparaissent d'autant plus clairement les principes du recensement.

« C'est en exploitant des sources dispersées qu'il a réussi à mettre en oeuvre une belle étude qui, malgré les difficultés, remplit les exigences du plan de travail et répond aux attentes des chercheurs, avides de données prosopographiques fondées. » (C. Van den Bergen-Pantens in Scriptorium, 2001 (1), p. 66*-67*, 157)

  • Note liminaire, par Hélène Millet, directeur du programme
  • Extrait du volume : "les exclus de Besançon", page 235.

 

 

Diocèse de Besançon : note liminaire, par Hélène Millet

Avec le « Diocèse de Besançon », la collection des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ s’enrichit d’un volume qui est, à la fois, conçu sur le même modèle que les précédents et différent à bien des égards.

Ce constat est d’abord rassurant. Il signifie que les règles de traitement et de rédaction de l’information qui ont progressivement été testées et formulées au sein du groupe de recherche sont suffisamment souples pour ne pas avoir à être modifiées à chaque variation institutionnelle ou documentaire d’un peu d’importance. Avec le chapitre de Besançon, nous pénétrons en effet dans un monde canonial régi par la cooptation, où, d’ordinaire, il est question de réception dans la communauté et non de collation. Un monde, en outre, où la possibilité de passer d’une prébende à une autre (jugée mieux située ou plus lucrative) a généré des stratégies de mobilité bénéficiale inconnues dans les diocèses avec lesquels a débuté la collection. Bien qu’initialement non prévue pour répondre à une telle situation, la structure des informations n’a pas eu à être révisée, si bien qu’il n’a pas non plus été nécessaire de modifier la présentation des notices issues de la base de données.

Le lecteur ne sera donc pas désorienté. Toutes les conventions qui, nous l’espérons, lui sont désormais devenues familières sont restées en usage. Ce qui est un incontestable avantage pour l’utilisateur n’est cependant pas forcé­ment ressenti comme tel au moment de la collecte des données. Pour le chercheur, il serait tellement plus simple de suivre le mouvement naturel de ses sources ! Mais, outre la facilité de consultation, c’est aussi la rationalité de l’ensemble de l’entreprise qui requiert la fixité des principes présidant à la construction des bases de données. La parution d’un volume n’enrichit pas seulement les connaissances à l’échelon du diocèse ; elle marque aussi une notable progression au niveau de la France entière, et même un peu au delà. Quiconque a déjà eu recours aux tables diocésaines que contient chaque livre sait combien poreuses sont les frontières entre les provinces ecclésiastiques et a fortiori entre les évêchés. Notre collection a beau ne comporter que quatre numéros, on commence à voir se dessiner les contours d’une population canoniale dont on pressent chaque jour un peu mieux l’importance à l’éche­lon du royaume de France, des principautés limitrophes, et même, surtout en matière culturelle, de la chrétienté occidentale.

C’est pourquoi, le chantier du CDRom cumulatif est d’ores et déjà à l’étude. Sa réalisation suppose bien évidemment une bonne harmonisation des efforts et la compatibilité de travaux individuels, entrepris simultanément depuis presque une dizaine d’années. Elle suppose aussi que soient retravail­lées les notices des individus présents dans plusieurs diocèses, afin qu’elles ne se présentent pas comme une suite de membra disjecta. Tout cela revient à exiger des auteurs beaucoup de dévouement ainsi qu’une discipline qui n’est certes pas sans mérite mais pour laquelle ils doivent être remerciés.

A ceux de nos lecteurs qui nous aimeraient moins succincts, je répondrai seulement que nous comprenons parfaitement leurs attentes, mais que, même en doublant la dimension des notices, nous ne parviendrions pas à satisfaire tous les désirs. Le rythme de parution des volumes s’en trouverait considéra­blement allongé, ce qui ne serait pas sans répercussion sur la dynamique de l’ensemble du projet. Tels qu’ils sont, les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ représen­tent déjà un défi puisque le programme est irréalisable à l’échelle d’une vie humaine : il faut compter 65 ans de labeur ininterrompu si deux volumes paraissent chaque année… On ne peut alourdir davantage le cahier des charges sans risquer de faire s’envoler les bonnes volontés. Rappelons que chaque collaborateur est d’abord un bénévole qui n’est poussé par aucune obligation professionnelle. Henri Hours, l’auteur du présent volume, a la responsabilité d’un dépôt d’archives départementales. Lorsqu’il proposa de prendre en charge le diocèse de Besançon, à titre de loisir, il était en poste à Lons-le-Saunier ; puis il a été muté à Clermont-Ferrand. Heureusement, il avait alors quasiment achevé le dépouillement des registres de délibérations capitulaires. Difficiles à lire, ils ont fourni une matière jusque-là restée parfaitement inédite. Ce livre est d’abord riche de leur contenu. Le copieux appendice des “ exclus ” qui clôt le volume répond d’ailleurs au désir de ne pas laisser échapper une partie des informations qu’ont livrées ces registres, alors que, manifestement, les individus concernés étaient toujours restés aux portes de l’institution canoniale bisontine.

Cette importante annexe constitue une originalité et, tout comme les petites notices introductives qui ont jusqu’ici illustré, dans les autres volumes de la collection, certains aspects de la vie ou de la culture canoniale, elle apporte un complément d’informations utile et distrayant. En la consultant, le lecteur comprendra mieux la difficulté du travail de recensement qui est à la base de chacun des volumes. Ce que nous voulons d’abord réaliser, c’est en effet : circonscrire la population des notables diocésains, dire qui était chanoine de tel chapitre et qui ne l’était pas, repérer quels étaient les assis­tants de l’évêque. Pour cela, nous devons évidemment identifier les individus. Ainsi, les notices que nous dressons pour eux n’ont pas d’autre ambition que de donner des éléments d’identification. Mais lorsque nous les connaissons davantage, nous ne gardons pas ce savoir pour nous. En revanche, nous ne prétendons nullement avoir épuisé le sujet et remercions par avance les lecteurs qui nous font part d’informations supplémentaires.

Pour nous donner une meilleure chance d’atteindre nos objectifs, nous avons exclu de notre champ d’action les collégiales, quelle que soit leur importance. Elles n’apparaissent donc que fort peu dans nos livres, au détour d’une notice ou, un peu plus systématiquement, dans le cadre du diocèse étudié. Au niveau des sources, le partage est aisé à effectuer. Au niveau des individus, il est évident que les populations se chevauchent largement. Comme, de surcroît, la méthode est la même qui permettrait de les repérer, plusieurs chercheurs travaillant sur les collégiales ont rejoint notre équipe, où ils forment désormais un petit groupe déterminé à faire avancer le sujet. Audaces fortuna juvat !

Orléans, le 28 octobre 1999, Hélène Millet, directeur du programme.

 

Extrait du volume concernant le diocèse de Besançon

Les exclus de Besançon (page 235)

Personnages cités comme chanoines, mais que l'on a cru devoir écarter pour les raisons expliquées [personnages tirés des dépouillements des registres de délibération capitulaires, mais qui sont sans doute restés aux portes de l'institution capitulaire bisontine, cf p. VIII].

  • Bénéficiaires d'expectatives dont on n'a pas la preuve qu'ils aient effectivement été pourvus d'une prébende.
  • Chanoines reçus et installés par le chapitre sans que l'on ait la preuve qu'il ont par la suite obtenu une prébende.
  • Personnes qui ont été mentionnées comme chanoines de Besançon par divers érudits et paraissent devoir ne pas être retenues.

... de PRATO

chanoine prébendé de Saint-Vit 1442r 07 04- ....

G 179, f° 132 ; aucune mention ultérieure : réception sans suite.

 

Amicus POURSAT

chanoine .... 1437 ....

c. Diocèse Besançon Vercel

g. Testament 1437

Connu seulement par G 531 f° 310, (inventaire du XVIIIe s.), et n'est pas mentionné dans les délibérations capitulaires.

Andreas ANGLICI

chanoine 1432r 10 20- ....

archidiacre Salins 1432r 10 20- ....

G 178, f° 255 ; aucune trace d'attribution d'une prébende ; un autre est nommé archidiacre de Salins en décembre 1433.

Andreas POUTHIER

réception sans prébende 1496 03 29 ; est restée sans suite.

b. Diacre.

c. Diocèse Cambrai.

G 189, f° 69.

Annetus CARPETI

présente une grâce expectative 1430 ; est restée sans suite.

f. Maître.

G 178, f° 206 v°.

(...)

 
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Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 16 janvier 2004

 

Informations générales

Le volume 7 sur Angers (F. Comte, J.-M. Matz) est paru. Il faisait partie du dossier d’habilitation, présenté avec succès, par Jean-Michel Matz.

Les nouvelles procédures d’édition des notices :

Elles sont désormais bien avancées et ont été prévues de manière à permettre la poursuite de la saisie des données sous DBase et 4D. Ceux qui travaillent en 4D devront communiquer un fichier enregistré en TXT. Il sera désormais possible de travailler en ACCESS. Demander un replica de la structure à Hélène Millet (disponible début mars).

La rapidité d’exécution des procédures permettra de répondre à de fréquentes demandes d’édition. Celles-ci ainsi que la transmission des résultats pourront s’effectuer par courrier électronique.

A la faveur de ce changement, quelques champs ont été allongés. Le « Petit Guide » devra être mis en révision.

Deux colloques sont à signaler : l’un qui se tiendra du 4 au 8 octobre à Rome sur « Le clergé du Portugal dans une dimension européenne », l’autre à Tournai les 19 et 20 mars 2004 sur le thème « De Pise à Trente. La réforme de l’Eglise en gestation ». Le programme de ce dernier se trouve sur le site des Fasti.

Antoni Rougeaux, étudiant en maîtrise, a pour sujet de reprendre les travaux d’année post-doctorale réalisés par Philippe Maurice sur le diocèse de Tours. Il a complété, au format Access, la base de données sur les chanoines de Tours, et a établi une liste alphabétique et par diocèse des divers chanoines qu’il a rencontrés. Ces listes ont circulé dans l’assemblée.

Amandine Le Roux poursuit ses travaux sur les collecteurs pontificaux, notamment au XVe siècle, elle en a établi une liste alphabétique, et une liste par diocèse qui ont été distribuées et vont alimenter la « Boîte ».En retour, ils attendent naturellement des renseignements sur ces individus.

Les notices de Mende sont mises en circulation pour un contrôle rapide par chacun avant l’édition du volume qui devrait avoir lieu dans le 1er trimestre de l’année 2004.

Un nouvel Ingénieur d'études arrive au LAMOP en la personne de Willy Morice, affecté spécialement à « l'Opération Charles VI », laquelle va donc pouvoir reprendre. Une passerelle sera prévue entre celle-ci et les Fasti.

Le bureau de Willy Morice est la salle G 687 de la Sorbonne (téléphone: 01 40 46 31 73); c’est dans cette salle qu’est située la bibliothèque des Fasti et qu’on peut consulter le cédérom Ut per litteras apostolicas. Elle sera donc plus facilement accessible.

Une « Boîte » électronique va entrer en service. Elle doublera la « Boîte » papier sans la remplacer totalement.C’est Jean-François Cauche qui gérera cette nouvelle forme de la « Boîte ». Tous les collaborateurs sont donc invités à lui envoyer un courriel, en précisant clairement leur nom, leur prénom, leur adresse électronique et le diocèse sur lequel ils travaillent. La solution envisagée pour l’instant est la suivante : chaque personne trouvant des informations utiles enverra un courriel à Jean-François Cauche (chaque courriel devant concerner un diocèse, il faudra découper les informations par autant de fichiers qu’il y aura de diocèses concernés), tandis qu’une copie conforme sera envoyée à Irmine Martin pour archive. Le point sera fait sur cette Boîte informatisée au mois de juin.

Sur le site, une liste rappelant les noms de toutes les personnes ayant travaillé sur un diocèse depuis la création du programme est en ligne. Le site va comporter de nouvelles pages, une pour chacun des diocèses dont les volumes sont parus. Elles seront gérées par les auteurs qui pourront notamment y signaler les corrections à apporter aux notices publiées. La bibliographie canoniale est d’ores et déjà en ligne. Le site reçoit environ 15 000 visites par an.

Début février, un spécialiste de l’histoire de la musique au XVème siècle, Alejandro Enrique Planchart, professeur émérite à l’université de Santa Barbara, a fait parvenir des compléments fort riches pour les notices des musiciens des chapitres d’Amiens Besançon et Rouen. D’autres vont arriver pour Reims et une intéressante collaboration s’annonce pour Cambrai.

Laurent Vallière a mis à notre disposition son portable pour accéder au fichier Lesellier, riche désormais de 16 000 fiches. Les candidats à une bourse de l’EFR peuvent demander à y travailler.

I. Les suppliques de la Pénitencerie, par Monique MAILLARD

Monique Maillard vient d’éditer Les suppliques de la Pénitencerie apostolique pour les diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai (1410-1411). (A.S.V. Penitenzieria Ap., Reg. Matrim. et Div., 1), Bruxelles-Rome, 2003 (Analecta Vaticano-Belgica, 34). Son travail « complète » en quelque sorte le « Repertorium Poenitentiariae Germanicum », dont les volumes paraissent à un rythme soutenu depuis 1996.

Apparue dans la deuxième moitié du XIIe siècle, la Pénitencerie est l’un des quatre grands offices de l’administration pontificale. Elle est tout à la fois un tribunal et, depuis le milieu du XIIIe siècle environ, un office bureaucratique. Son travail s’appuie sur le droit canon. Elle est compétente pour toutes les questions dépendant du for interne, sacramentel et non sacramentel ; elle trouve dans l’Audience (Rote) son correspondant pour le for externe. Agissant en mandataire du pape, le cardinal pénitencier, appelé « grand pénitencier », entend les confessions et peut donc absoudre, concéder des dispenses, accorder des « licences » spéciales et des « déclarations » d’innocence. Il est compétent en de nombreuses matières, bien au-delà des « cas réservés » : illégitimité et autres irrégularités, empêchements matrimoniaux, faits de violence physique, de simonie, falsifications de lettres pontificales, agressions contre les pèlerins, vœux de pèlerinage, rapports avec les juifs et les musulmans…

La publication de Monique Maillard vise le tout premier registre de la série (délaissé jusqu’ici par l’Institut historique allemand de Rome), soit la période d’avril 1410 à mai 1411 (Alexandre V et Jean XXIII). Les suppliques sont adressées obligatoirement au pape, mais leur signature revient au cardinal pénitencier. Trois remarques importantes : l’enregistrement des suppliques n’était pas systématique ; ce « premier registre » ne représente sans doute qu’une faible partie de la production des deux pontificats ; ce registre ne regarde pas le for interne sacramentel, en d’autres termes il ne fournit aucune information relative au secret de la confession. On trouvera dans le volume ici présenté 156 suppliques relatives aux diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai. On notera que les diocèses français sont peu représentés (Paris, Chartres…), au contraire des allemands et des italiens. Ce sont les questions relatives aux carrières ecclésiastiques qui reçoivent ici la meilleure part. Les requêtes de clercs de naissance illégitime, désireux de ne pas être écartés d’une promotion aux ordres majeurs et de la possession de deux ou plusieurs bénéfices compatibles, remplissent à peu près les 2/3 du volume. Les impétrants qui s’adressent à la Pénitencerie, plutôt qu’à la Chancellerie, ont reçu les ordres mineurs et obtenu un bénéfice sans cure de l’autorité ordinaire ; ils demandent la promotion aux ordres majeurs et l’obtention d’un autre bénéfice, de préférence avec la « cura animarum ». Si aucun chanoine de chapitre cathédral n’apparaît dans ces 156 suppliques, il s’en trouve probablement « en devenir »…

II. Du monde de Besançon à celui de Clermont : deux chapitres, deux fonds d’archives, par Henri HOURS

Henri Hours compare les sources - et leur répartition chronologique - des deux diocèses en sa charge (Besancon volume 4 des Fasti, Clermont-Ferrand).

Besançon comprend deux chapitres jusqu’en 1253 (22 et 20 prébendes) puis 45 prébendes (1253-1387 dont neuf dignités) et 42 ensuite. Clermont a 40 prébendes (1207, 1216, 1280, 1438), 36 prébendes à partir de 1438 (dont quatre dignités). Les archives sont classées et inventoriées pour Besançon, après avoir été épurées méthodiquement à la Révolution de la quasi-totalité des titres féodaux et seigneuriaux).

Pour Clermont, le classement est imparfait, avec d’importantes disparitions avant la Révolution. Dans les deux diocèse, les documents comptables ont tous disparu, il ne reste que quelques épaves. Les délibérations capitulaires à Besançon couvrent les années 1412-1448 et 1452-1500 tandis qu’à Clermont ne subsiste qu’une épave. Si les testaments canoniaux sont rarissimes, il en subsiste à Clermont une belle série pour la seconde moitié du XIIIe siècle ; les quelques registres de notaires qui subsistent pour les années 1345-1375 ne contiennent aucun testament (ils étaient enregistrés à part). Le chapitre de Besançon étant dans la sphère d’influence des ducs de Bourgogne, les archives ducales devraient livrer de précieux renseignements sur la carrière (non bénéficiale, surtout) d’un certain nombre de chanoines bisontins. Celui de Clermont se trouvait au XIIIe siècle et jusqu’en 1350 dans l’orbite royale, et à partir de 1375 dans celle du duc de Berry : leurs archives devront être prospectées pour mettre en lumière les recommandations royales/ducales et les liens avec le milieu des officiers royaux et ducaux.

Point commun : les bibliothèques canoniales sont pratiquement absentes de sources, à l’exception de celle du clermontois Roger Benoîton éditée par Anne-Marie Chagny. Le quartier canonial de Besançon se situe infra septa capituli (l’enceinte gallo-romaine), mais la notion de maison canoniale ou quartier canonial est absente des deux cités. Clermont offre pour le XIIIe siècle une belle série de sceaux de chanoines sceaux canoniaux (une vingtaine) et de seings manuels. Enfin les fresques de la cathédrale de Clermont offre une belle galerie de chanoines donateurs en prière, certains représentés avec l’aumusse. Dans les années 1325, M. Hours s’aperçoit qu’il a trop de chanoines de Clermont pour le nombre de prébende car les registres pontificaux ne se préoccupent pas de savoir si les chanoines sont prébendés ou non (si les autres sources contemporaines le permettent, les mentions des registres pontificaux doivent donc être soumises à une critique très attentive) ; le même phénomène ne se produit pas pour le chapitre de Besançon, qui est beaucoup moins présent dans les registres pontificaux. Il pose le problème des entrées, des sorties et des retours de chanoines au chapitre de Clermont : a-t-on le droit de considérer qu’un chanoine mentionné en 1300 puis seulement en 1330, a bien été chanoine du même chapitre entre ces deux dates ? Les prébendes clermontoises ne paraissent pas avoir bénéficié de revenus propres (sous réserve de l’identification de ce que les sources – terriers surtout - appellent « pans » ou « petits pans » de tel ou tel chanoine).

III. Les 120 témoins de Jean Simon, évêque à la fin du XVème siècle, par Véronique JULEROT

Cette communication relate un conflit survenu entre deux compétiteurs pour le siège épiscopal de Paris en 1492, Gérard Gobaille et Jean Simon. Elle est l'occasion de mieux cerner les réseaux d'alliance ou de sociabilité qui pouvaient exister dans nos communautés canoniales.

Gérard Gobaille a été élu de justesse le 8 août 1492 par le chapitre de Notre-Dame au bout de 6 scrutins. C'est un avocat au Châtelet, originaire de Soissons, qui est surtout lié au groupe des officiers royaux de Soissons et Laon et commence à l'être au Parlement de Paris. Dès le lendemain, le chanoine de Paris Jean Simon, conseiller du roi au Parlement de Paris, s'oppose à l'élection en chapitre. Un procès en confirmation s'ouvre alors devant l'archevêque de Sens, qui mène une enquête sur la personnalité de l'élu.

C’est donc à une recherche de témoignages sur son concurrent que se livre Jean Simon en janvier 1493. Il a entre temps été pourvu de l'évêché de Paris par le pape (le 29 octobre 1492). Trois campagnes de collecte de témoignages sont menées, dont une à Sens de juin à août 1493, condensée dans un volume de 690 pages et présentant les dépositions de 120 témoins.

Ces témoignages, transcrits en latin à l'exception des injures et des blasphèmes, donnent de larges informations sur l'identité de chaque témoin, dont la solidité des relations sociales et professionnelles garantit la validité de son témoignage.

Grâce à ces indications, la sociologie des témoins peut être retracée. Ce sont d'abord des hommes : seules deux femmes témoignent, l'une appartenant à la famille de Jean Simon, l'autre qui se plaint de l'emprisonnement de son fils dans les prisons du chapitre par Gérard Gobaille. Les points communs des 118 hommes sont l'âge (beaucoup entre 40 et 50 ans), l'origine parisienne (80 sur 118, mais aussi une vingtaine de Soissonnais : Gobaille et Simon appartiennent au chapitre de la cathédrale), les études juridiques (un bon tiers de civilistes ou de canonistes) et l'appartenance au monde clérical. On compte notamment 5 évêques et 41 chanoines, surtout bénéficiés à Paris, et aussi à Soissons. 90 % déclarent résider dans le siège de leur canonicat.

Ces témoins appartiennent tous au parti de Jean Simon. Ils déclarent, pour une grande majorité, bien connaître celui-ci, par le biais des études, de la carrière judiciaire ou bien depuis l'enfance. Le fait d'être chanoine de Notre-Dame ne signifie pourtant pas qu'on a une connaissance meilleure d'un de ses voisins de stalle ! En retour, moins de témoins connaissent Gérard Gobaille. Certains l'ont rencontré quand il est arrivé à Notre-Dame de Paris, d'autres sont en procès avec lui. Pour autant, le fait de connaître Jean Simon n'implique pas un soutien à celui-ci : sur ses 19 collègues chanoines témoins, la moitié n'a pas voté pour lui lors de l'élection, mais pour un autre conseiller au Parlement : l'existence d'un parti parlementaire au chapitre de Notre-Dame de Paris est ainsi mise en évidence, mais pas celle d'un parti pro-Simon.

Ces 120 témoins constituent une machine de guerre contre Gobaille. Des irréguralités pendant le scrutin, des pressions diverses sont mises en évidence. Par témoins interposés, Simon et Gobaille se renvoient à la face diverses injures. Aucune haine directe contre Gobaille ne peut être décelée (les témoins ont juré d'être impartiaux) mais le registre révèle des attitudes peu canoniques. Dans l'ensemble cependant, pas de tableau manichéen des deux candidats à l'évêché parisien. En effet, les témoignages, de manière directe ou non, laissent percevoir des attitudes semblables du côté de Simon aussi. Si l'élu apparaît peu conforme à l'idéal réformateur du prélat, il est donc loin d'être le seul mais il appartient pleinement à cette société cléricale toujours en quête de bénéfices, et à cette société judiciarisée de la fin du Moyen Age.

Cette étude permet de montrer l'existence de réseaux solides mais dont certains semblent quand même avoir été constitués pour la circonstance. On peut distinguer cinq groupes de témoins : les chanoines de Notre-Dame de Paris, ceux de Soissons, le personnel judiciaire, les adversaires de Gobaille en justice et aussi les voisins.

Aucune sentence n'est connue. On sait que Gobaille meurt deux ans après et que Jean Simon, pourvu de l'évêché, parvient à se faire élire par le chapitre en novembre 1494.

IV. Le point sur la recherche pour les diocèses bourguignons à l’Université de Dijon

Introduction, par Vincent TABBAGH

Les sept diocèses qui s’étendent sur le territoire de la Bourgogne actuelle présentent une situation contrastée quant à la conservation des sources sur les chanoines. Le diocèse de Sens est pourvu d’une esquisse de notice institutionnelle (présentée sur le site des Fasti). Les petits diocèses de Mâcon et Chalon ne sont guère documentés ; il semble que le diocèse de Chalon constitue une annexe pour le duc de Bourgogne qui y plaçait ses hommes. Nevers n’a conservé que peu de sources suite aux bombardements de la 2e guerre mondiale. Le fonds du chapitre d’Autun, dont Jacques Madignier étudie l’histoire du XIe au XIVe siècle, présente peu de sources sur la fin du Moyen Age, possède des archives riches mais mal classées, et surtout sans la moindre délibération capitulaire. Les archives de la collégiale de Beaune permettraient de combler une partie des lacunes. Les chapitres les mieux lotis sont encore ceux d’Auxerre et de Sens, pour lesquels les fonds d’archives assez riches montrent l’intégration dans l’orbite parisienne.

Lectures canoniales dans le diocèse de Langres, par Jean-Vincent JOURD’HEUIL

Le diocèse de Langres, qui n’a pas encore fait l’objet d’une notice institutionnelle, dispose de sources remarquables sur un gros chapitre de 48 puis 46 chanoines (après 1440). Celles-ci permettent d’étudier la bibliothèque du chapitre et les bibliothèques langrois des chanoines langrois du XIIIe au XVe siècle. Cette étude se limite aux seuls chanoines ayant résidé à Langres et y étant morts, afin de ne pas comptabiliser des personnes qui n’ont fait que passer.

La présence de livres est attestée par une série de 125 testaments ou codicilles s’échelonnant de 1222 à 1510, quelques exécutions testamentaires, des inventaires après décès et deux inventaires de biens. En particulier, il n’existe aucun registre d’une librairie, ni de registre de prêt, ni même de catalogue des livres liturgiques déposés au Trésor.

La bibliothèque du chapitre semble avoir été constituée très tôt. L’archidiacre Gui s’occupe de 9 volumes au tournant de l’an mil, tandis que des manuscrits langrois ont servi à Hugues de Breteuil pour rédiger son traité contre Béranger de Tours.

Du XIIe siècle au XVe siècle, des mentions de dons suggèrent un accroissement rapide mais ponctuel du nombre des volumes de la bibliothèque du chapitre. L’enrichissement des fonds provient aussi des achats de livres, semble-t-il assez rares. Enfin, des livres ont dû être donnés en gage au chapitre.

A l’inverse, les sorties de livres sont assez nombreuses sans qu’on puisse précisément en mesurer l’ampleur. Des livres ont été vendus, comme des objets liturgiques d’ailleurs, pour payer les travaux de la cathédrale. Souvent, les acheteurs sont les chanoines.

En fait, si les dons de chanoines permettent un accroissement de la bibliothèque, peu sont faits à l’occasion de la mort du chanoine, à Langres comme ailleurs. Et ce sont alors les inventaires qui livrent, de façon fortuite, les plus belles mentions de bibliothèques privées, comme celle de Jean de Saffres mort en 1365. Celui-ci, neveu d’un homonyme doyen, resté chanoine plus de 40 ans, devient sur le tard sacristain donc chargé des livres liturgiques. Son inventaire après décès évoque la richesse de son mobilier, mais dénombre surtout 145 volumes, dont un bon tiers est constitué de romans des XIIe et XIIIe siècles. On trouve aussi dans cette très riche bibliothèque des livres d’histoire, du droit et des auteurs antiques. Si des psautiers et un missel sont mentionnés, aucune Bible n’apparaît. Pourtant son testament, pas plus que ceux de ses oncles, ne mentionnaient le moindre livre.

Ces belles collections personnelles de livres ne vont pas forcément enrichir la bibliothèque capitulaire à la mort de leur possesseur. Ainsi, au XIVe siècle, le doyen Jacques d’Audeloncourt (mort en 1359), professeur en lois, disperse sa soixantaine de volumes sans en donner un seul à son chapitre, privilégiant l’abbaye de Clairvaux dont un de ses parents était abbé. Il restitue aussi les ouvrages empruntés parfois fort loin.

A part quelques brillantes exceptions, une grande majorité des chanoines de Langres n’a pas pu ou voulu réunir de bibliothèque privée, ce qui est surprenant pour des ecclésiastiques ayant accompli plusieurs années d’études universitaires. Au XIIIe siècle, la seule bibliothèque privée est celle d’un official qui détient 5 volumes. Entre 1359 et 1500, une dizaine de chanoines résidents seulement ont détenu au moins quelques livres. Les chanoines possèdent essentiellement des livres de droit, très peu de livres à caractère religieux, et à la fin du XVe siècle, peu d’ouvrages humanistes. Les livres les plus répandus sont des missels et des bréviaires, mais ceux-ci sont rarement légués à la cathédrale : ce sont les neveux ou la paroisse natale du chanoine qui profitent de ces livres très courants.

Les évêques, eux, ont pu constituer de brillantes collections, comme Jean I d’Amboise pour qui l’on connaît 147 volumes. Celui-ci les lègue au chapitre à sa mort, ne souhaitant pas constituer une bibliothèque épiscopale ni en faire profiter son neveu ni la collégiale épiscopale de Mussy.

Ainsi, le livre n’est pas l’objet le plus courant dans les testaments de chanoines langrois. Seul les missels et bréviaires sont répandues, mais ils circulent davantage dans la famille ou l’entourage du chanoine qu’ils ne l’accompagnent à sa stalle. L’imprimerie apparaît timidement à Langres. Ainsi donc, à l’exception de la bibliothèque de Jean de Saffres, le livre occupe une place modeste à l’Eglise de Langres.

Le parcours canonial des promus aux sièges bourguignons, par Delphine LANNAUD

Entre la fin du XIVe siècle et le début du XVIe siècle, 57 évêques peuvent être dénombrés dans les sept diocèses bourguignons (Bethléem, évêché in partibus établi à Clamecy, étant exclu) et 54 font l’objet de la communication (3 réguliers sont exclus du sujet). Des difficultés surgissent lorsqu’il s’agit de reconstituer la carrière canoniale de ces personnages. Cette carrière est d’autant plus longue que la plupart des évêques bourguignons n’accède à l’épiscopat que vers 30 ou 40 ans. Leur carrière est souvent faite de canonicats, même si, vers la fin du XVe siècle, certains réussissent à tenir des abbayes ou des prieurés en commende.

Les premiers canonicats obtenus le sont indifféremment dans une cathédrale ou une collégiale. Ces premiers bénéfices sont souvent détenus près du lieu de naissance de ces futurs évêques, ce qui montre l’attachement à la région d’origine tout autant que l’appui de la famille dans le début de la carrière. Les canonicats sont souvent attribués très tôt, parfois dès 10 ans comme pour Jean Rolin que son père essaie de placer comme chanoine de Provins à cet âge.

La suite de la carrière montre un attachement au même diocèse ou se poursuit dans un diocèse voisin. Les influences familiales sont encore perceptibles. En retour, les nouveaux chanoines peuvent constituer un réseau autour d’eux. Le cumul est important, il est rendu nécessaire par la faiblesse des revenus des canonicats, hormis ceux de Beaune, et il est facilité par la densité du réseau de plus en plus serré des collégiales bourguignonnes (nombreuses fondations aux XIVe et XVe siècles).

Un tiers des évêques ont des carrières canoniales particulières, marquées par le cumul ou la succession de prébendes dispersées et de dignités importantes, hors du cadre bourguignon. En général, ce sont des individus dont le rayonnement s’étend sur le royaume de France, des gens de cour que l’on retrouve souvent comme évêques de Nevers et Auxerre. La protection royale dont ils jouissent permet de cumuler davantage. Des agents ducaux se construisent eux aussi une carrière canoniale d’ampleur géographique plus large, du fait de l’étendue des possessions bourguignonnes. Jean de Saulx comme Jean de Thoisy possèdent des bénéfices dans les terres de par-delà comme de par-deçà.

La promotion à l’épiscopat peut, dans certains cas, avoir été facilitée par la possession d’un canonicat, et encore plus d’une dignité, dans le chapitre correspondant. C’est assez net à Mâcon : sur 11 évêques, 3 ont été doyens et 6 chanoines. A Autun, l’entrée au chapitre constitue parfois une étape avant l’épiscopat. Ailleurs, à Langres, à Nevers ou à Auxerre, la volonté royale s’impose davantage que l’appartenance préalable au chapitre du lieu.

Note : Les interventions de Jean-Pierre Brelaud et Jacques Madignier ont été reportées à la prochaine séance.

Compte rendu rédigé par Delphine Lannaud, Jean-Pierre Brelaud et Jean-Vincent Jourd’heuil, puis relu par les différents intervenants.

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Contenu du volume :

  • 392 pages.
  • 695 notices prosopographiques.
  • 16 biographies d'évêques.

Ce volume, consacré au diocèse d'Angers, contient en outre une carte du diocèse, une étude sur le trésor (livres et reliques) de la cathédrale, une présentation de la cathédrale comportant des études détaillées sur les autels, le cycle peint de l'abside (entièrement reproduit sous forme de relevés), les vitraux commandités ou rénovés par les évêques ou le chapitre. Le livre contient également une étude du quartier canonial Saint-Maurice accompagnée d'un plan pour le début du XVe siècle.

  • Note liminaire, par Hélène Millet, directeur du programme
  • Extrait du volume : "La cité, quartier canonial Saint-Maurice", pages 97-100.
 

Diocèse d'Angers : note liminaire, par Hélène Millet

Voici que paraît enfin un livre dont la sortie était déjà annoncée en 1999. Que celui qui n’a jamais connu de retard dans ses entreprises lance le premier quolibet ! Pour ma part, je tiens au contraire à saluer la constance des deux auteurs, à remercier Jean-Michel Matz, le plus rapide des deux, pour sa patience et son sens du bien commun, et à savourer avec François Comte la satisfaction d’avoir surmonté les obstacles et le découragement.

Commencée en un temps où les logiciels coûtaient cher et où les chercheurs n’avaient pas encore un ordinateur portable en guise de porte-plume, la base de données destinée à dresser les fastes du diocèse d’Angers a été réalisée avec les moyens du bord (le logiciel 4Dfirst, version simplifiée de 4D) et par des débutants en informatique. Quelques bons génies sont venus à leur aide, mais ils n’ont pu empêcher que surviennent à chaque pas ou presque des problèmes inattendus, encore multipliés, sur la fin de l’entreprise, par les transferts des données à Orléans, en vue de leur édition.

Dans nos procédures de travail, les communications avec la base centrale orléanaise sont en effet fondamentales. Les notices offertes aux lecteurs ne ressemblent que de très loin à ce que le chercheur peut lire sur son écran ou éditer par ses propres moyens. Cela est dû notamment au fait que les individus ont très souvent plusieurs raisons distinctes d’être enregistrés dans la base. Ainsi, un official devenu chanoine donne lieu à deux enregistrements. Sa notice biographique résulte donc de l’addition des renseignements contenus dans ces deux enregistrements. La procédure automatique au terme de laquelle on obtient une telle notice développe également les multiples abréviations qui doivent obligatoirement être utilisées. Celles-ci, jadis nécessaires pour économiser les octets, conservent toute leur utilité pour assurer une certaine homogénéité à la manière de présenter les informations.

À Orléans, Irmine Martin et moi-même devons donc assurer ce service que représente le tirage, à la demande, d’éditions provisoires du contenu des bases de données en cours d’élaboration. La dispersion des collaborateurs et la pauvreté de nos moyens financiers m’avaient fait prendre le parti d’accepter que soient utilisés tant les ordinateurs Mac que PC, avec des logiciels différents pour chaque gamme de matériel. Mais nous peinons parfois à résoudre les problèmes d’incompatibilité. Lorsque, pour un diocèse, la recherche est terminée, nous effectuons aussi le travail éditorial final, non seulement pour les notices prosopographiques issues de la base de données, mais aussi pour tous les éléments — indices, tables, chapitres préliminaires — qui composent un volume. Sans le soutien logistique de l’IRHT et les conseils éclairés de sa collègue Christine Melin, Irmine Martin n’aurait pu acquérir les compétences qui sont désormais les siennes et grâce auxquelles nous pouvons remettre à notre éditeur des livres « prêts à flasher ».

Cette façon artisanale de procéder explique, sans les excuser, les trop nombreuses imperfections qui émaillent nos ouvrages, mais elle nous permet d’intervenir jusqu’au dernier moment pour éliminer les menues incohérences d’un édifice complexe où toute modification entraîne des corrections en chaîne à effectuer. Les collaborateurs des Fasti Ecclesiae Gallicanae ne sont pas des auteurs libres de faire ce que bon leur semble ; la rude discipline à laquelle ils acceptent de se soumettre ne sera pleinement justifiée que lorsque paraîtra le CDRom cumulatif par lequel une collection de fascicules deviendra œuvre collective unique.

Ce moment, nous osons l’espérer, ne devrait pas être trop éloigné, car la refonte si nécessaire et attendue de notre chaîne de traitements informatiques est en cours. Pour ce faire, il fallait à la fois trouver un financement et un technicien rompu aux anciennes techniques de programmation. Ce petit miracle a pu s’opérer grâce à une contribution du LAMOP, laboratoire auquel je suis personnellement rattachée, et à la compréhensive participation de notre éditeur. Jean-Philippe Genet, directeur du LAMOP, et Christophe Lebbe, directeur éditorial de Brepols Publishers, ont ainsi droit à toute notre reconnaissance.

La parution du Diocèse d’Angers devrait donc clore une époque. Elle coïncide aussi avec l’ouverture du site Internet rénové par les soins de Jean-Nicolas Rondeau.

Est-ce dû à sa lente maturation ? Le Diocèse d’Angers est certainement celui des volumes de la collection qui comporte le plus grand nombre de chapitres introductifs, celui aussi qui fait la part la plus importante au service liturgique assuré par les chanoines à la cathédrale. Ces excursions préliminaires, certainement trop rapides au goût des spécialistes, veulent tirer parti de sources ou de vestiges ici plus considérables ou mieux étudiés qu’ailleurs. Parfois, malgré tout l’intérêt d’une découverte, il faut se contenter d’en signaler l’existence pour ne pas se laisser distraire du projet prosopographique primitif. Et, quel que soit l’intérêt intrinsèque du sujet abordé, il est toujours demandé aux collaborateurs de mettre l’accent sur l’apport singulier des individus à la tradition ou au patrimoine communs.

Angers a bénéficié d’une conjoncture exceptionnellement favorable. Pour exploiter ses richesses patrimoniales et archivistiques, plusieurs chercheurs ayant chacun les compétences voulues ont convergé sur le même terrain et au même moment. Les observations complémentaires ainsi réalisées sur la cathédrale, ses vitraux, ses fresques et son trésor permettent de mieux déchiffrer les correspondances symboliques qu’entretenaient les reliques avec les lieux et les temps liturgiques. Elles nous enseignent aussi que, quoique séparés de biens, évêque et chanoines unis dans la célébration de l’office divin et dans la fidélité aux rites inaugurés par leurs antiques et saints prédécesseurs. Ils étaient ensemble dépositaires du patrimoine historique et culturel de la cité, ensemble aussi chargés de le faire fructifier. A mieux éclairer les aspects collectifs de la mission assignée au clergé de la cathédrale, on affine aussi considérablement la compréhension des parcours individuels.

Il est en revanche une originalité de l’évêché que les chapitres préliminaires n’ont guère éclairée : sans pourtant être métropole, Angers pouvait alors se dire capitale. Plusieurs colloques ou manifestations récents ont porté sur les destinées internationales de la maison d’Anjou, et on lit dans les notices individuelles que la carrière de beaucoup de chanoines est passée par la cour ducale et/ou par l’université. Mais sur le personnel de ces institutions, il reste encore beaucoup à apprendre. La recherche en la matière devrait se trouver stimulée par la publication de ce volume.

Orléans, le 27 mai 2003, Hélène Millet, directeur du programme.

 

Extrait du volume concernant le diocèse d'Angers

La Cité, quartier canonial Saint-Maurice d'Angers (pages 97-100)

V. L’implantation des maisons canoniales dans le plan reconstitué du XVe siècle

On a vu que, depuis la fin du IXe siècle, des emplacements pour construire des maisons avaient été accordés au chapitre. Dès 1073, des maisons sont attribuées à un dignitaire. Mais seuls les trois archidiacres avaient une maison attachée à leur dignité. Même le doyen était soumis au régime de l’option jusqu’à ce qu’il reçoive au milieu du XVIe siècle la maison canoniale Sainte-Catherine proche de la porte de la Chartre, construite par Raoul de La Flèche (16) puis par le doyen Jean Dumas en 1541 (1-3 rue Saint-Évroult). Faute de maison affectée aux prébendes, dès qu’une se libère par le décès ou la démis­sion d’un chanoine, les autres peuvent opter pour sa maison en fonction de leur rang ou ancienneté contre un loyer qui n’est pas le même selon les maisons. Avant 1240, trois maisons canoniales, dont celle du maître-école, avaient été annexées par le couvent des Jacobins suite à l’intervention de l’évêque Guillaume de Beaumont (2). D’autres maisons avaient peut-être été détruites lors de la construction du château et des fossés. Il fallut donc procé­der à de nouvelles acquisitions ou susciter des dons. Ainsi Durand, évêque de Nantes, qui décéda à Angers en 1291, donna une maison près du château qui devint la maison canoniale de la Fosse. Ces maisons canoniales s’organisent principalement le long des rues qui bordent l’enceinte et les îlots qui enca­drent la cathédrale. Alors que l’évêque Rainon avait autorisé les chanoines à léguer les maisons à leurs parents, désormais toutes les maisons appartien­nent au chapitre, les chanoines n’en ont que l’usufruit et étaient obligés d’effectuer les réparations nécessaires. Cependant, en cas de reconstruction aux frais du chanoine, on lui en laissait l’usage sa vie durant tel Jean Guittier (416), archidiacre d’Outre-Maine, qui fit reconstruire la maison canoniale Saint-Barthélemy ou du Chapeau Rouge, rue Saint-Évroult. Sa maison de dignitaire près de la cathédrale est donc abandonnée et ne sert que pour l’exercice de sa juridiction d’archidiacre.

Vingt-et-une des vingt-huit maisons canoniales au début du XVe siècle sont situées près de la cathédrale dans un rayon de moins de 80 mètres. Les douze maisons d’officiers du bas-chœur et les quarante-trois maisons de chapelains sont plutôt concentrées au sud de la Cité à l’exception notable d’un îlot en arrière de la place de terre ou « placître » appartenant au fief de l’évêque. De même les deux tiers des maisons canoniales se situent dans la paroisse de Saint-Maurice, alors que les maisons de chapelains sont en majo­rité sur le territoire de la petite paroisse Saint-Aignan. Ce sont les chanoines, souvent à l’origine des fondations de chapellenies, qui installent les chapelains dans la Cité, comme par exemple Simon Bordier (505) qui donne en 1469 une maison nouvellement bâtie pour le chapelain de Notre-Dame des Mazeris, près de la porte Hugon. Ces demeures ont presque toutes un nom qui est connu au XVe siècle. La plupart portent le nom d’un saint et pour un tiers d’entre elles, il s’agit du nom d’une prébende. D’autres ont le nom de la paroisse principale dont le desservant est à la nomination d’un chanoine (ex. maison Sainte-Croix). Certaines chapellenies ont aussi pu donner leur nom à la maison canoniale de par leur proximité (Saint-Julien face à la maison de la chapelle portant cette dédicace) ou parce que la nomination du chapelain leur appartenait ou encore parce qu’elles avaient annexé une maison de chapelain (Saint-André). Quelques maisons portent le nom d’une caractéristique archi­tecturale (comme la Tourelle) ou d’une fonction (La Fonte, pour les cloches). D’autres rappellent un illustre prédécesseur (Pierre Abélard) ou peut-être un cardinal (Le Chapeau Rouge).

Louis de Farcy, habitant de la Cité (3 rue du Parvis Saint-Maurice), fut le premier à dresser un plan du quartier. L’étude des maisons canoniales devait former un important chapitre du dernier tome de sa Monographie de la cathédrale d’Angers. Mais ce plan, publié tel quel par l’abbé Houdebine, n’est qu’un brouillon truffé d’erreurs, parfois contradictoire avec le texte et comportant de nombreux blancs dans certains ilôts. C’est par l’étude régressi­ve, indispensable pour cette recherche, que nous avons pu localiser précisé­ment toutes les maisons de la Cité. Deux documents ont servi de fil direc­teur : les déclarations de 1675 et « le censier du Grand fief de Saint-Maurice en ville et dans les faubourgs » de 1767-1789 dressé par Thorode (Arch. dép. de Maine-et-Loire, G 402 et 407). Quoique moins précis que d’autres réalisés à la même époque, ces registres ont permis d’élaborer un premier plan. Pour chaque maison, les confronts sont donnés pour les quatre côtés. En partant des maisons bien connues, on peut suivre pas à pas les maisons décrites. Ce travail est déjà assez long d’exploitation car chaque document comprend une soixantaine de folios pour la Cité et ses abords immédiats. Les remembrances des fiefs inscrites dans le censier du XVIIIe siècle remontent parfois jusqu’au XVe siècle. On peut ainsi suivre les modifications intervenues. Le censier du fief de Saint-Maurice de 1415 (Arch. dép. de Maine-et-Loire, G 404) est moins précis car les confronts sont plus sommaires mais il nous donne toujours le nom de l’occupant ; ce qui permet de déterminer le statut de la maison. Toutes les demeures de la Cité ne sont pas décrites dans ce censier. Il y a des oublis, comme par exemple la maison canoniale Saint-Paul, ou des informations connues seulement par les confronts. Le chapitre cathédral n’est pas le seul seigneur de la Cité. Le fief du Roi par exemple n’est connu que par des documents de Saint-Maurice car le premier censier du roi est de 1544 (id., C 220). Lorsqu’il existait des « trous » dans le parcellaire, il a fallu recourir à des sources externes au chapitre cathédral que nous avons décou­vertes au cours de notre étude. Aucun travail d’ensemble n’a été consacré aux fiefs à Angers comme celui réalisé pour Tours. Les modifications ont touché tous les îlots entre le plan du XVIIIe siècle et celui du XVe siècle. Des parcelles ont dû être subdivisées, comme par exemple la maison de Cunaud et la maison de Saint-Maurille. Les éléments architecturaux tels qu’un pignon fossile nous ont aidés à trancher. Il en est de même pour la maison de la confrérie Saint-Julien, incluse par la suite comme dépendance de la grande maison canoniale voisine. En revanche des parcelles ont parfois été réunies comme par exemple une maison de la rue Saint-Aignan, ou la maison canonia­le Sainte-Catherine, qui atteint une taille plus raisonnable par la suite.

Enfin le XVe siècle, après les profondes interventions du XIIIe siècle, a été marqué par toute une série de modifications. C’est ainsi que l’on peut voir que les maisons repérées des six ou sept dignitaires sont toutes proches de la cathédrale mais sans organisation spécifique. Hormis les trois archidiacres dont on a déjà parlé, le doyen habite la maison Saint-Martin (jusqu’en 1412) puis celle de Sainte-Croix et enfin celle de Saint-Barthélemy à partir de 1415. Les cinq maisons qui forment le côté sud du parvis sont occupées par les mêmes dignitaires et officiers du chapitre qui permutent pendant quelques années à l’intérieur du même îlot : le chantre, le maître-école et le maître de la Psallette. L’une de ces maisons est celle de Saint-Maurice, partiellement reconstruite en 1487. Le pénitencier est le plus près de la cathédrale en occu­pant la maison canoniale Saint-Luc reconstruite par Geoffroy Robin (273) avant 1413. Enfin le trésorier Jean Hauchepié (175) occupe avant 1386 la maison canoniale Saint-Pierre face au palais épiscopal. Les plus anciennes maisons de cette Cité sont la maison Sainte-Croix (5, rue Saint-Aignan) qui remonte au milieu du XIIe siècle, la maison Saint-Michel (17 bis, montée Saint-Maurice) dont les baies à remplages gothiques doivent dater du début du XIVe siècle et qui a été reconstruite par le chanoine Jean Bonnet (171). Malgré d’importants remaniements d’autres maisons du XVe siècle subsistent, celle de Saint-Barthélemy (9-11, rue Saint-Évroult) déjà mentionnée, celle de Sainte-Marie (10, rue Donadieu de Puycharic) achevée en 1479 par Jean Chauveau (405) et celle de Saint-Paul dans la rue du même nom, cons­truite en 1490 par le chanoine René de la Barre (492). Elle possède encore son oratoire voûté comme d’autres maisons. Toujours au XVe siècle à la suite de la disparition des maisons de ville des religieux, il y eut des modifica­tions : l’archidiacre d’Outre-Loire vint s’installer à la place d’une maison des Filles-Dieu, la maison de Cunaud, alors détruite, devient celle du chanoine Jean Brocet (299) qui agrandit ainsi la maison canoniale Saint-Maurille que dut rebâtir André Bessonneau (99), et celle de Fontevraud (La Haute Mule) est devenue une maison de rapport.

De l’ensemble canonial au sud de la cathédrale décrit plus haut, plus grand-chose ne subsiste : une place devenue (inévitable?) parking a été aménagée à la suite des actes de vandalisme révolutionnaire. En 1791, après la démolition de l’église Sainte-Croix, une rue est ouverte à travers l’enceinte et la maison canoniale Saint-Jacques. Depuis le cimetière Sainte-Croix, déménagé de ses sépultures à la fin du XVIIIe siècle, une pente est créée pour rattraper la différence de niveaux avec la Cité et occasionne la destruction du cloître et des bâtiments qui le bordaient. En 1792, c’est autour de la salle du chapitre. Le Directoire autorise l’amputation de l’ancienne église paroissiale et l’Empire acheva le travail destructeur avec l’abattement du porche en 1807. Enfin, on élargit la montée Saint-Maurice en taillant dans les dépendances des maisons canoniales. Malgré les dernières démolitions dues aux bombar­dements de 1944, la plupart des maisons, dont beaucoup ont été rebâties à l’époque moderne, sont toujours là. La Cité, en marge des activités urbaines et malgré bien des aléas, a conservé son aspect résidentiel, héritage du quartier canonial.

(...)

 
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