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Certaines entrées latines renvoient au Glossaire de Du Cange mis en ligne par l’École nationale des chartes. Il s’agit parfois de définitions de sens voisin ou générique, souvent liées à des contextes monastiques plutôt que canoniaux, mais qui donnent de précieuses pistes complémentaires.



  • Capiscol caput scolae, capiscolus, cabiscolis
    Nom donné au préchantre dans la France actuelle méridionale ; le plus souvent, les deux termes sont utilisés indifféremment comme à Avignon, Béziers, Carpentras, Narbonne, Nîmes, Toulouse, Valence, Viviers… L’usage des deux termes indique bien la double fonction de ce personnage : responsabilité du service du chœur, notamment du chant, et direction de la scola, donc l’enseignement des petits clercs.
    À Auch, il existait deux capiscols qui portaient aussi le nom de primiciers. À Vienne, un seul capiscol est connu en 1036 mais deux chantres le sont en 1125 et, en 1328, on trouve mentionnés, par ordre de préséance, le préchantre, le sous-chantre et le capiscol qui sont donc des charges distinctes. Les statuts de 1385 attribuent au capiscol les mêmes fonctions qui sont celles, à Arles, du préchantre : il se doit de « diriger le chœur, de corriger les défauts du chant liturgique », d’assurer chaque samedi et veilles de fête une répétition pour apprendre aux clercs du bas-chœur et aux clergeons « les répons par cœur », de punir « les clercs négligents ou rebelles ».

  • Cellérier cellerarius
    Collaborateur du doyen ou du prévôt, nommé par lui, il est chargé de l’administration matérielle de la communauté.
    Cet officier, indispensable dans l’organisation des monastères bénédictins, est rarement mentionné dans les chapitres méridionaux.
    À Auch, il administrait les récoltes, les plantations, les vignobles. À Maguelone, il doit régir les dépenses du prévôt ; il lui revient surtout la charge du réfectoire et du dortoir et doit fournir le vivre aux hôtes. L’office est épisodiquement signalé à Nîmes et Arles. Il existe aussi à Saint-Jean-de-Maurienne, à Mende. On remarque que dans tous ces cas, il s’agit de communautés régulières.
    Un cellérier est mentionné à Limoges au XIe siècle. Celui de Sens ne semble pas avoir de fonction effective à la fin du Moyen Âge.

  • Cerchier cercarius
    Officier qui, à Metz, est chargé de l’entretien et de la surveillance du cloître.

  • Chamarier camerarius
    À Lyon, dignitaire chargé de la police du cloître.

  • Chambrier ou camérier camerarius
    Responsable des dépenses du chapitre.
    À Autun, existent, à côté du trésorier, des chambriers chargés de s’occuper de la caisse du pain et du vin. Les chambriers d’Auxerre sont à la tête de chacune des « chambres », subdivisions du temporel du chapitre.
    Le chambrier de Besançon est un officier épiscopal, choisi parmi les chanoines, chargé de l’administration du temporel de l’archevêché pendant la vacance du siège.
    Le chambrier de Chartres est soit dignité soit office.

  • Chanoine canonicus
    Étymologiquement, ce qui est kanonikos est ce qui est conforme à la règle, les cleri canonici sont donc ceux qui vivent conformément à une règle, ou aux règles de l’Église, l’expression pourrait donc s’appliquer tant aux moines qu’aux chanoines. Le mot canonicus n’est apparu dans le langage ecclésiastique que vers 535 et n’a été couramment utilisé qu’au siècle suivant. Sous l’influence monastique, les clercs des cathédrale se sont constitués souvent en communautés vivant sous un même toit et mettant leurs biens en commun. La règle édictée au concile d’Aix-la-Chapelle en 816, reprenant en partie celle rédigée par l’évêque de Metz Chrodegang une soixantaine d’année plus tôt, a uniformisé les coutumes canoniales.

    Les chanoines doivent assurer la continuité de la prière dans la cathédrale par la récitation des heures, la célébration de la messe à l’autel majeur, ils doivent assurer l’aumône. Ils sont les conseillers de l’évêque qui prend ses décisions cum consensu canonicorum. Ils désignent leur nouvel évêque, tant que ce droit ne leur a pas été contesté, ils assurent la direction du diocèse pendant la vacance du siège. Les chanoines ont obligation d’assister aux réunions capitulaires : chapitres généraux une ou deux fois par an, chapitres ordinaires dont la périodicité est variable : quotidienne pour les chapitres réguliers, moindre dans les autres ; les réunions capitulaires ont lieu trois fois par semaine à Évreux au milieu du XVe siècle mais il était question de réunions quotidiennes en 1382.

    L’évêque recrute parmi les chanoines ses auxiliaires, comme le chancelier, le pénitencier, les archidiacres. Le nombre des chanoines d’un chapitre est extrêmement variable, en fonction des revenus disponibles, donc de l’étendue du diocèse. Les diocèses méridionaux, provençaux notamment, nombreux et donc de faible étendue, sont doté de chapitres à faible effectif : 6 chanoines seulement à Vence, très souvent 12, chiffre évidemment symbolique, comme à Agde, Béziers, Carpentras, Fréjus, Toulon. Cet effectif était porté à 15 à Mende, 16 à Rodez, 20 à Aix, Arles et Valence, 30 à Avignon. Il était exceptionnellement de 40 à Viviers, mais ramené à 20 au XIVe siècle. À l’opposé, quelques chapitres de la France du Nord pourraient être considérés comme pléthoriques, avec 49 chanoines à Orléans, 50 à Cambrai, une soixantaine à Auxerre, 72 à Reims, 80 à Chartres. Entre deux, des chapitres de la France du Nord ont un effectif de 30 à 45 chanoines comme ceux d’Angers, Besançon, Meaux, Sens, Tours.

    Le chapitre d’Évreux s’est constitué de façon originale et progressive. Il a d’abord existé un groupe de 8 chanoines, peut-être dès avant la conquête normande, ce sont les « chanoines de l’ancienne fondation » (canonici de antique fundationis) qui ont par la suite constitué un groupe à part au sein du chapitre cathédral. Par la suite des fondations successives de prébendes par de grands seigneurs ont porté l’effectif à 36 jusqu’en 1350, moment où 4 prébendes ont été supprimées.

    Le mode de désignation des nouveaux chanoines a été varié. Ils pouvaient être cooptés par le chapitre (Autun, Langres, Mâcon, Sens), nommés en commun par le chapitre et l’évêque selon des formules variables (Agen, Narbonne, Rodez) ou désignés par le seul évêque (Angers, Reims).

    Les chanoines étaient recrutés parmi les familles nobles ou bourgeoises mais quelques chapitres (Strasbourg, Toul) acceptaient uniquement les nobles. Être de naissance illégitime ou affecté de tares corporelles excluait normalement de la fonction canoniale.

  • Chantre cantor
    Équivalent du préchantre (les deux termes sont parfois utilisés concurremment ou successivement comme à Autun, Rodez), donc responsable de la liturgie et de la formation des chanoines et des clercs de la cathédrale. La fonction de chantre est attestée anciennement : à Angers au IXe siècle, à Arles dès 920, à Metz en 933, à Autun au Xe siècle, à la fin de ce siècle à Chalon, Langres et Limoges, à Rouen vers 1060. La fonction est au contraire connue tardivement en Maurienne : à partir de 1267. Dans ce chapitre, c’est lui qui donne les autorisations d'absence des heures canoniales, messes majeures et offices des défunts et distribue les pénalités et les sanctions aux fautifs ; il choisit les personnes qui doivent chanter, faire les lectures et les répons ; s'il ne semble pas s'occuper lui-même de l'école cathédrale, il interroge les clercs lors de leur entrée dans le chœur inférieur et les envoie s'instruire si besoin est. À Chalon, le chantre a la gouvernance des écoles, au demeurant très importantes, et dispose à ce titre d’une sorte de juridiction. Il a la gouvernance des écoles de la ville à Meaux À Évreux, le chantre Hunaud (1490-1508) est l’auteur du cérémonial de la cathédrale.
    Le chantre est le quatrième dans la hiérarchie des dignités à Angers, après le doyen, le grand archidiacre et le trésorier ; c’est le troisième à Besançon, après le doyen et le grand archidiacre. À Autun en 1197, il accède au second rang des dignités après une lutte longue et féroce avec le prévôt. Il est le second dignitaire à Agen après le grand archidiacre et aussi à Chartres. À Chalon, il devient également second dignitaire au milieu du XIIe siècle. À Coutances, il est le premier dignitaire du chapitre. En Maurienne, il le devient aussi après la disparition du doyen. Ce sont là deux cas exceptionnels. Le chantre de la cathédrale de Verdun est le dernier dignitaire jusqu’au XVe siècle, porte souvent le titre de « grand chantre » afin de le distinguer du sous-chantre, simple officier, mais aussi de celui qui a effectivement la charge du chant à l’office dans le chœur. Le chantre doit veiller à la discipline des chanoines dans le chœur et à la bonne organisation des cérémonies liturgiques dans la cathédrale ; cela apparaît encore au début du XVIe siècle. C’est lui qui installe les nouveaux chanoines ou autres clercs dans leurs stalles à la fin des cérémonies de réception. À Lyon et Narbonne, le chantre est au contraire une fonction subalterne puisqu’il est subordonné au maître de chœur ou au sous-chantre. À Cambrai et à Montauban, ce n’est qu’un officier. Il existe deux chantres à Vienne en 1125 ; on distingue, plus tard, parmi eux le préchantre et le sous-chantre, tous deux simples officiers.
    À Autun, le chantre, jusqu’en 1202, est appelé souvent precantor.

  • Chapelain capellanus
    Titulaire d’une chapellenie. Prêtre vivant des revenus d’une fondation qui constitue son bénéfice, chargé de célébrer la messe pour l’âme du fondateur ou de sa famille à un autel déterminé. C’est dans le courant du XIIe siècle que la fonction apparaît. À Angers, la première mention remonte à c. 1128-1142.
    Il existe à Lyon douze « chapelains perpétuels ». À Macon, quatre chapelains pour l’autel de la Croix administrent les sacrements à cet autel paroissial aux paroissiens et officiers de l’église.
    Les chapelains peuvent vivre dans leur maison individuelle, comme à Viviers, ou former une communauté menant une vie plus ou moins commune comme à Avignon où ils sont nourris au réfectoire et vivent habituellement dans la clôture. À Châlons-en-Champagne, les chapelains, au nombre d’une soixantaine, constituent la « Congrégation de l’œuvre ». À Macon, six chapelains de l’autel de sainte Catherine et saint Thomas, dits « catherins », vivent sous le même toit, avec des revenus séparés des biens de la mense cathédrale. À Agen, les chapelains (12 à l’époque moderne), titulaires probablement de chapellenies crées par des particuliers, ont été réunis, avant 1467, en un corps particulier de prébendiers ; à côté de ce corps existaient d’autres chapelains issus de fondations obituaires (il y en avait 35 en 1516). Les chapelains de Mende font partie des bénéficiers, à Narbonne, ils constituent le corps des bénéficiers ou conduchers. À Angers, quatre maîtres-chapelains (magistri capellani), connus dès 1103, assuraient le service du grand autel les jours où chanoines et prébendés n’y étaient pas tenus ; c’est l’équivalent des hebdomadiers. À Meaux, on distinguait les « petits chapelains » liés aux chapellenies fondées dans la cathédrale et les « grands chapelains » ou » vicaires de chœur », créés en 1236 pour seconder le chapitre dans la célébration du service divin au grand autel ; ils étaient d’abord au nombre de 8, effectif qui a vite été porté à 10. À Reims, à côté des anciens chapelains, furent créés en 1285 les « vicaires de la nouvelle congrégation », dépourvus de revenus affectés, dont le rôle était d’être présent au chœur chaque jour ; pour cela, ils devaient bien lire et chanter. À Autun, des « chapelains commensaux » sont des clercs qui, à partir du XIVe siècles sont attachés aux dignitaires et à l’évêque et vivent sous leur toit. À partir des statuts de 1402, chaque chanoine est tenu d’entretenir dans sa maison un chapelain.

  • Chapelle capella
    De capa, la cape. L’origine est la relique de la moitié de la cape de saint Martin, conservée à l’abbaye Saint-Martin de Tours et d’où Hugues Capet tire aussi son nom. Le terme, d’origine française, n’est pas utilisé dans les textes romains (entre le XIIe et le XIVe siècle) : pour les bâtiments, on utilise oratorium ou sacellum. Le terme capella est importé du français et désigne plutôt une personne morale.
    La chapelle devint le lieu de culte réservé d’un palais royal, d’un château, par extension, d’un palais épiscopal à l’usage exclusif de l’évêque, ou d’une demeure privée. Cette chapelle peut être intégrée à la demeure ou indépendante. Le terme désigne aussi l’ensemble des clercs chargés du sulte au palais royal, desservant la chapelle privée du pape, d’un évêque, d’un abbé, et aussi le groupe des chanteurs et musiciens.
    À partir du XIIIe siècle, c’est aussi un espace contenant un autel et constituant l’annexe d’une église : chapelles latérales, ou bien ouvertes sur le transept ou le déambulatoire. Ces chapelles sont de fondation et d’usage privés (familles, confréries, corporations), avec en général une fonction funéraire. Si le fondateur n’entretient pas la chapelle, il peut être dépossédé pour permettre une refondation.
    Ces lieux de culte n’ayant pas de statut paroissial, le terme s’applique aussi à d’autres lieux de culte en dehors des églises : chapelles d’hôpitaux, de cimetières, de couvents de religieuses, sanctuaires secondaires de monastères etc…
    A. Baud (dir.), Organiser l’espace sacré au Moyen Âge. Topographie, architecture et liturgie (Rhône-Alpes, Auvergne), DARA 40, Lyon, 2014.

     

  • Assemblée des chanoines de la cathédrale ou d’une collégiale. Lieu où se tient cette assemblée. Institution canoniale