Recherche Lexique canonial

J. Pycke, Documents nécrologiques de la Cathédrale de Tournai. 1076 obits de 1044 à 1562 datés et identifiés, Tournai, 2020 (Tournai. Art et Histoire. Instruments de travail 31). 

L’édition des Documents nécrologiques de la Cathédrale de Tournai. 1076 obits de 1044 à 1562 datés et identifiés,  est le fruit d’un travail de longue durée. La transcription du nécrologe et du riche obituaire n’en a été qu’une première étape. Il restait à identifier et à dater les 1076 obits des années 1044 à 1562. Le dépouillement systématique de tous les documents conservés dans les riches archives de la Cathédrale antérieurs à 1562 s’imposait. Non seulement une vingtaine d’ouvrages scientifiques préparatoires au projet « Obituaire » ont paru entre 1987 et 2019, mais surtout pas moins de 1056 dossiers biographiques de chanoines de Tournai, constitués au fur et à mesure des dépouillements, ont jeté les bases de cette « édition-prosopographie ». L’ouvrage en deux volumes, de 624 pages, forme le volume 31 de la collection Tournai – Art et Histoire. Instruments de travail. Il est préfacé par Jean-Loup Lemaitre, Auxiliaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

On peut se le procurer soit en volume papier, soit en fichier téléchargeable. Renseignements sur le site de diffusion : www.i6doc.com. l'édition universitaire en ligne.

Compte-rendude l’Assemblée générale

de l’Association des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ

26 mars 2021

 

Réunion tenue en visio-conférence en raison des conditions sanitaires.

Présents :

Christine Barralis, Paolo Buffo, Marco Cassioli, Paul Chaffenet, Hervé Chopin, Loes Diercken, Martin de Framont, Guillaume Frantwa, Jean-Vincent Jourd’heuil, Kristian eLemé-Hébuterne, Marjolaine Lemeillat, Elisabeth Lusset, Jacques Madignier, Monique Maillard-Luypaert, Anne Massoni, Janine Mathieu, Gabrielle Michaux, Pascal Montaubin, Thierry Pécout, Vincent Tabbagh, Laurent Vallière, Charles Vulliez.

Procurations :

Sofiane Abdi a donné procuration à Pascal Montaubin.
Véronique Julerot a donné procuration à Thierry Pécout.
Amandine Le Roux a donné procuration à Charles Vulliez.
Anne Lemonde a donné procuration à Thierry Pécout.

Excusés :

Fabrice Delivré, Sébastien Fray

Hommages à nos membres défunts

  •  M.-Y. Le Maresquier

  •  A.-M. Hayez

  •  J.-M. Matz (décédé quelques jours avant l’assemblée de 2020 qui avait dû être annulée)

    Préparation d’un ouvrage à la mémoire de J.-M. Matz, coordonné par Isabelle Mathieu : appel à collaboration, textes attendus pour cet été, sera édité aux PUR.
    Une page d’hommage et de présentation de sa bibliographie a été créée sur le site internet des Fasti. Elle sera complétée progressivement par la numérisation de ses travaux (au moins ses articles).

Rapport moral

L’association a été créée en 2019 mais la tenue de ses réunions a été perturbée par la pandémieen 2020. Il est émis l’idée, une fois que la pandémie sera passée, de revenir au rythme qui avait étécelui de origines, à savoir deux réunions scientifiques par an (par ex. une sur la base de données etla constitution des volumes, l’autre consacrée à une journée thématique) : cette proposition estsoumise à réflexion avec la perspective d’un débat et d’un vote à l’AG 2022.

La base de données se développe bien. Des champs ont été ajoutés suite aux débats des années précédentes.

La mise à jour des normes éditoriales pour les volumes papier est en cours et sera prochainement achevée.

Le volume de la revue Le Moyen Âge publiant les actes de la table ronde des Fasti Ecclesiae Gallicanae sur Les chapitres cathédraux et la mort est sorti en 2020.

Vote à l’unanimité.

Bilan financier

Comptes de l’année 2020 (en euros)

Recettes

Dépenses

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Brepols 2018   et

2019

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4304,98

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Frais bancaires

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42,00

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Cotisations 2020

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124,00

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Assurances 2019et

2020

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108,89

Cotisations   2020 avec          publication

annuelle

420,00

Frais postaux

10,80

 

 

Dépôt des statutsassociatifs              en préfecture

44,00

Total recettes

4848,98

Totaldépenses

205,69

SOLDE+4643,20

 

Avoirs del’association

31/12/2019

31/12/2020

 

2503,87

7147,16

 

Vote du bilan financier à l’unanimité. Quitus est donné au trésorier.

Cotisation 2021 fixée à 4 euros : votée à l’unanimité.

Les finances étant bonnes, il est proposé de créer une bourse de 500 € à destination de doctorants(à partir de la 2e année de thèse), pour soutenir les recherches sur les évêques et chapitrescathédraux. L’idée serait de lancer un appel à l’automne pour une réception des dossiers endécembre ; le bureau de l’association sert de jury et annonce les résultats en janvier, afin que l’argent soit dépensé au cours de l’année civile (les comptes de l’association se faisant par annéesciviles).

L’association dispose d’un stock de volumes de la collection des Fasti qui pose des problèmes de stockage. Il est donc proposé d’en offrir un à chaque généreux donateur qui fera un don d’au moins 40 €.

Volumes à paraître de la collection des Fasti

2019 : Narbonne
2020 : Clermont
2021 : Évreux
2021 : Mâcon
2022 : Troyes
2023 : Cambrai
2024 : Verdun
Ensuite diocèses provençaux
Mise en page par Martine Alet, possibilité de traiter deux volumes par an.

Base de données

Elle évolue doucement :

  • adaptation pour tenir compte des chapitres qui suivent des règles monastiques

  • révision de la liste des archidiaconés, pas encore intégrée dans la base

    Mise-à-jour des normes éditoriales pour les volumes papier, notamment sur les notes de bas de page

Programme des journées d’étude des Fasti

  • JE du 25 mars 2022 : « Les chanoines et la guerre (XIIIe-XVe siècle) », organisée par Sébastien Fray

  • JE de 2023 : « Chapitres, communautés de chanoines et modèle monastique » organisée par Thierry Pécout

  • JE de 2024 : « La table des chanoines » par Jacques Madignier

  • JE de 2025 : « Les chanoines et la justice » par Élisabeth Lusset Réfléchir aux perspectives de publication

En suspens :

Organisation du travail pour la fabrication des volumes : travail de relecture de la base et des tables assuré par Laurent Vallière et Jacques Madignier. Laurent Vallière va céder sa place, appel à un ou une volontaire pour lui succéder.

Informations diverses :

Publications pouvant intéresser les membres des Fasti

  • Autun. La grâce d’une cathédrale, Benoît RIVIERE, Sylvie BALCON-BERRY, Jacques MADIGNIER, Christian SAPIN et André STRASBERG dir., Paris, Editions Mengès-Place des victoires, 2020.
  • DORIN Rowan, « The Bishop as Lawmaker in Late Medieval Europe », Past & Present, 2021.
  • LANNAUD Delphine et PAVIOT Jacques (dir.), Jean Germain (v. 1396–1461). Évêque de Chalon. Chancelier de l’ordre de la Toison d’or. Actes de la journée d’étude, Chalon-sur-Saône, 27 octobre 2018, Chalon-sur-Saône (Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône) 2019.
  • LEME-HEBUTERNE Kristiane, Stalles en Provence. Les stalles médiévales de la cathédrale Notre- Dame d’Embrun, Valensole, Aurorae Libri, 2021.
  • Les chapitres cathédraux et la mort, Actes de la table ronde des Fasti ecclesie Gallicanae, revue Le Moyen Âge, 2018, sorti en 2020.

Annonces de manifestations à venir

  • 21-22 mai 2021 : colloque sur les stalles de la cathédrale d’Amiens (prévu en novembre mais reporté) organisé par K. Lemé
  • 10-11 juin 2021 : colloque sur La fabrique du clerc. Formation, vocation, profession dans les christianismes de 1300 à 1800, organisé par S. Simiz, M. Deschamp, J. Léonard, Université de Lorraine, en visioconférence.
  • 30 juin-1er juillet 2921 : Musique et vie musicale des cathédrales à Metz par Pierre Pascal, Université de Lorraine, en présentiel (Arsenal de Metz).

Les informations relatives aux parutions et aux manifestions scientifiques sont à transmettre à Jean- Vincent Jourd’heuil en vue de leur publication dans la Lettre des Fasti, Jean-vincent.jourdheuil@wanadoo.fr

Lexique canonial pris en charge par Yves Esquieu : travaille actuellement sur les officiers de l’évêque. Les entrées sur le mobilier des églises sont prêtes.

K. Lemé demande qu’on lui transmette tous les extraits de textes concernant les stalles (pour voir quels sont les termes employés).

Notice institutionnelle : présentation de la notice de Mâcon par Jacques Madignier

Th. Pécout propose qu’à l’avenir on diffuse les notices avant les réunions, pour nourrir la réflexion et rendre les débats encore plus fructueux, ce qui permettrait aussi de synthétiser davantage la présentation orale des notices.

 

 

 

Journée annuelle des Fasti, 31 mars 2023 : « Les chapitres cathédraux et le modèle régulier ».

 Appel à communications.

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«Horizontes cistercienses». Estudar e caracterizar um scriptorium medieval e a sua produção. Alcobaça. Identidades locais e uniformidade litúrgica em diálogo.

Ce programme est financé par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia. Il est mené par l’Instituto de Estudos Medievais de la Faculté de Sciences sociales et humaines de l’Universidade Nova de Lisboa, avec la collabroation du REQUIMTE (Faculdade de Ciência e Tecnologia, Universidade Nova de Lisboa) et du laboratoire  HERCULES (Universidade de Évora), en partenariat avec le Centro de Estudos de História Religiosa (Universidade Católica Portuguesa), la Biblioteca Nacional de Portugal et le monastère d’Alcobaça.

 

 

Claude de Saint-Marcel, homme d’Église et homme de cour.

Joëlle Chalancon - 1er décembre 2023

Vingt-deuxième doyen du collège de chanoines de Montbrison, Claude de Saint- Marcel († le 23 août 1509) mérite une attention particulière lors de cette année de commémoration des 800 ans de la fondation de l’église Notre-Dame. Issu d’une famille forézienne célèbre, les Raybe, ayant donné deux branches collatérales, les d’Urfé et les Saint- Marcel, Claude était le cadet et le fils héritier de cette dernière vers 1475. Destiné à la fonction ecclésiastique, il avait entrepris une carrière de juriste qui le fit remarquer aussi bien par l’Église que par le duc de Bourbon, Jean II, près duquel il devint son conseiller et chambellan. La biographie non exhaustive qui va être présentée reprend à part égale sa double fonction d’homme d’Église et d’homme de cour. Grâce à de nombreuses archives et à ses œuvres dont une partie est toujours visible en Forez, il est possible d’esquisser un parcours de vie illustrant la complexité étonnante de ces personnages agissant au plus près du pouvoir.

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Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 22 juin 2007

 

Nouvelles

Soutenance de thèse : Jacques Madignier , Le chapitre cathédral d'Autun du XIe siècle à la fin du XIVe siècle

Départ et arrivées : Janine Mathieu quitte la vie professionnelle et le Centre d'histoire pontificale d'Avignon. Elle a promis de se consacrer désormais au diocèse de Carcassonne ! Nous lui sommes tous très reconnaissants des copieuses informations qu'elle nous a si souvent transmises. C'est Laurent Vallière qui va la remplacer. Notre collaboration avec le Centre pontifical et Ut per litteras apostolicas passe désormais par le programme CORELPA.

Le CDD destiné à un informaticien dans le cadre de ce programme a permis le recrutement de Stéphane Raux pour 10 mois, à compter de novembre 2007.

Livres : Les cartulaires méridionaux , D. Le Blévec dir., Paris, 2006, peuvent être acquis auprès de Mme Martin (chèque à l'ordre de H. Millet) au prix de 28 €.

Les collaborateurs des Fasti peuvent se procurer les volumes de la collection à un tarif préférentiel. Se renseigner auprès de Madame Martin.

Bibliothèque : Willy Morice a pu reprendre ses fonctions. La salle G 687 (tél : 01 40 46 31 73) est à nouveau ouverte régulièrement. Sont entrés depuis peu dans la bibliothèque, grâce à André Vauchez, toute la collection des Pouillés et quelques volumes de l'Histoire littéraire de la France.

Colloques : Une troisième journée sur les évêques, organisée par le LAMOP, aura lieu à Paris le 2 février (programme et communications des journées précédentes consultables sur le site du LAMOP).

Un colloque : « Cathédrale et pèlerinage », organisé conjointement par le GDR et l'Université de Paris X Nanterre, se tiendra les 28-29 mars 2008 à Nanterre.

Les légats, un colloque du LAMOP en préparation pour février 2009.

 

Le projet européen

Le programme « Infrastructure » oblige à forcer la note technologique. Jacques Chiffoleau , porteur d'un projet sur le gouvernement central de l'Eglise, a également manifesté son intérêt pour ce programme. Nous devrons alors nous entendre, car il n'y aura sûrement pas la place pour deux projets aussi proches. Il faut continuer à explorer la sphère des contrats européens et à nouer des contacts avec des collègues étrangers.

 

Ateliers sur la base FEG

Ils ont suscité de nouvelles vocations. Mais les demandeurs d'accès ne se sont pas encore tous jetés à l'eau. Actuellement, 28 diocèses sont en travail sur le site. Cela veut aussi dire que 102 sont en attente !

Avant de vous lancer, vérifiez que vous disposez de la version 2007 du « Petit guide ».

 

Le chapitre de Maurienne (Gabrielle Michaux)

Le diocèse de Maurienne fait partie de la province de Vienne. Il est situé en terre d'Empire ; les comtes puis ducs de Savoie partagent le pouvoir sur cette vallée alpine avec l'évêque et le chapitre. Le diocèse compte 98 paroisses et le chapitre, séculier, 18 prébendes, qui sont désignées par un nom de lieu.

Les principales sources sont un obituaire, un inventaire du trésor et des statuts.

 

Le comte de Savoie a renoncé à son droit de régale en 1248. A partir de 1441, l'évêque n'a plus résidé. De l'officialité, on ne connaît que quelques noms d'officiaux.

Les dignitaires sont au nombre de trois : le doyen (disparu au XVe siècle), le sacristain et le chantre. Trois cas particuliers : l'église paroissiale Notre-Dame forme une prébende à partir de 1250 ; le prévôt de la collégiale d'Aiguebelle (la seule du diocèse, fondée en 1258) est chanoine ; un canonicat est créé en 1489 pour le duc de Savoie.

Entre 1245 et 1320, une princesse savoyarde étant devenue reine d'Angleterre, il y eut un recrutement anglais au chapitre et des savoyards sont partis en Angleterre (surtout Hereford).

Autour de la cathédrale Saint-Jean Baptiste , le quartier canonial est fermé, avec des maisons individuelles depuis le début du XIII e siècle.

 

Prélats et chanoines de Gascogne à l'époque du Grand Schisme (Hugues Labarthe)

La présentation était accompagnée de nombreuses cartes permettant de visualiser les limites diocésaines, les lignes de partage entre France et Angleterre ainsi que les principautés (Albret, Armagnac, Foix). Sur cette toile de fond, les obédiences sont venues se superposer, créant souvent des schismes épiscopaux.

Les sources ne sont pas homogènes. A Bayonne, on connaît 70% de l'effectif capitulaire grâce à un conflit sur la dîme du cidre. Le « livre rouge » d'Aire couvrant la période 1390-1420 a été retrouvé.

Les chapitres ont des profils institutionnels très différents les uns des autres. Beaucoup de chapitres sont OSA. Il peut y avoir de 10 (Aire, Dax) à 24 chanoines (Bordeaux), des prébendes ou des portions canoniales, beaucoup d'archidiacres (14 à Auch) ou pas du tout (Bayonne). Les revenus oscillent entre 30 et 200 lt.

Le schisme a parfois généré des conflits spectaculaires : 4 chanoines de Bayonne voulant rester avignonnais sont partis à St-Jean Pied-de-Port.

 

La base spécifique au chapitre de Meaux (Christine Barralis)

Meaux a fait l'objet d'un contrat spécifique de la Région Île de France : un PICRI (partenariat institution-citoyens pour la recherche et l'innnovation), intitulé « Meaux, une cathédrale au cœur de la ville ». Le LAMOP y est lié à la Société historique de Meaux et sa région pour 3 ans (2006-2009).

A partir du site des Fasti ont donc été greffés sur la base de données des modules complémentaires permettant de lier des individus à des ressources immobilières. Les immeubles sont décrits et localisés dans des fiches évolutives.

Faute de temps, l'exposé sur les travaux du groupe « Collégilaes » par Anne Massoni a été reporté à la prochaine réunion.

Compte rendu rédigé par Gaétan Pierrard et Hélène Millet

Pour commander le volume.

Contenu du volume :

  • 417 pages

 

 

La parution du quinzième volume de la collection Fasti Ecclesiae Gallicanae intervient un peu plus d’un an après celle du volume consacré à Châlons-en-Champagne. Il faut s’en réjouir, même si nous ne progressons qu’à pas mesurés, compte tenu du nombre de diocèses à couvrir par notre entreprise collective – et sans compter, pour l’instant, les nombreux diocèses qui n’ont toujours pas trouvé de responsable scientifique.

Jacques Madignier n’est pas un nouveau venu dans notre équipe. Élève de Vincent Tabbagh, docteur en histoire avec une thèse sur le chapitre cathédral d’Autun, il a déjà publié en 2010 le volume de la collection consacré à ce même diocèse – le premier dont notre équipe de direction actuelle, collégiale, m’a confié la responsabilité scientifique. Dans l’élaboration du présent volume, il a fait preuve des mêmes qualités de précision et de rigueur, appréciées autant par Laurent Vallière, responsable de la partie « base de données » que par moi-même. Il a pleinement conscience de la dimension collective du travail mené, et la longue liste des remerciements que contient son avant-propos en est une très belle preuve.

Avec ce quinzième volume, comme il l’explique dans cet avant-propos, les Fasti font leur deuxième percée dans les diocèses bourguignons de la province ecclésiastique de Lyon. Sous la plume du même auteur, elle révèle une expérience canoniale originale, très différente de la situation autunoise, avec une communauté de chanoines réduite à un peu plus d’une vingtaine de membres, d’où le nombre relativement limité des individus identifiés dans les sources – près de 450 chanoines et dignitaires seulement en trois siècles. Ce chapitre cathédral est marqué par un recrutement avant tout local, féodal ou citadin selon les cas, mais dans un milieu peu enclin à s’ouvrir aux influences extérieures. Certains évêques s’inscrivent en contrepoint, mais le diocèse de Chalon donne à la collection l’exemple d’un chapitre fort modeste et vient ainsi enrichir la palette des communautés étudiées et des ressorts diocésains envisagés. Les volumes qui sont en préparation – Auxerre pour la prochaine livraison – viendront encore la diversifier, pour le plus grand avantage de la communauté scientifique. Dans sa conception d’ensemble, ce volume se situe dans une grande continuité par rapport aux précédents et le lecteur désormais familiarisé retrouvera les notices, les tables et les indices habituels.

 

Les Fasti sont une collection, mais ils continuent d’abord à être une équipe de chercheurs, avec une direction collégiale assurée par Christine Barralis, Fabrice Delivré, Pascal Montaubin, Thierry Pécout, Laurent Vallière et moi-même. Riche d’une cinquantaine de collaborateurs régulièrement présents à nos réunions, tous vont connaître à partir de 2016 une nouveauté. Sous le poids de contraintes financières, mais aussi parce que la recherche et ceux qui la mènent savent modifier des usages, évoluer et s’adapter, de deux rencontres annuelles, l’équipe va passer à une journée par an, mais dont la nature évolue. Elle est appelée à prendre la forme d’une journée d’étude thématique destinée à la publication, sur des supports divers. C’est une belle opportunité pour accroître la visibilité des productions de l’équipe. La première, sur les chapitres cathédraux et la mort, a eu lieu le 18 mars 2016.

Comme la vie au quotidien, à commencer par celle des communautés canoniales auxquelles se consacrent les Fasti depuis maintenant un quart de siècle, l’existence d’une équipe de recherche est aussi marquée par de bien tristes évènements. Après la disparition de Pierre Desportes – auquel on doit le volume sur Reims et une partie de celui d’Amiens – qui avait tant donné pour la préparation du volume sur Chartres, diocèse malheureusement en panne pour le moment, l’équipe a été frappée par le décès de Benoît Brouns, qui s’occupait depuis longtemps du diocèse de Narbonne. Dans les années passées, deux demi-journées de nos rencontres avaient été consacrées à cet archidiocèse, preuve de la fécondité des recherches actuellement menées sur lui. En mémoire de sa rigueur scientifique, de sa modestie et de sa profonde humilité, nous avons décidé de mener à bien la publication posthume du volume consacré à Narbonne. Hélène Millet a bien voulu, de son propre élan, assurer la constitution d’une équipe et la coordonner en vue d’aboutir à cette production. La base des données prosopographiques et la notice institutionnelle étaient finalisées avant sa disparition. Elles lui doivent tout. Le reste du volume sera donc collectif, en son honneur. Il montrera, son heure venue, la capacité toujours manifestée par les Fasti de faire prévaloir la vigueur des intérêts collectifs.

Angers, le 31 mars 2016
Jean-Michel Matz

 

 
chalon
 

 

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 7 janvier 2005

 

Informations générales

Travaux d’ensemble

Le tome IX des Fasti concernant le diocèse de Sées est paru fin mars. C’est un volume de 193 pages. Le croisement entre les volumes des Fasti commence à être significatif :

Fabrication d’une base de données

L’année 2005 sera consacrée à la configuration d’une base de données. Son support reste à étudier (CD-Rom, base en ligne ?) Cette base de données facilitera l’harmonisation des différents volumes des Fasti en donnant des consignes de mises à jour, de corrections…

Question à l’équipe des Fasti

Quelle sera la participation des Fasti au séminaire de J. Verger et H. Millet, désormais pris en charge, alternativement, par les programmes du GDR Salvé sur la thématique « L’Église et les églises en Occident à la fin du Moyen Âge » ?

V. Tabbagh évoque les rapports entre l’église-mère et le reste du diocèse. D’autres sujets sont proposés concernant les synodes, les transports de reliques, les fêtes, les serments de fidélité.

Nouvelles

La perspective d’une réunion d’hiver à Avignon est annulée, l’EFR n’ayant pas donné suite à l’offre d’une manifestation commune à l’occasion de la publication du 2d CD Ut per litteras apostolicas et du CD de la base données cumulées des Fasti.

Une rencontre est organisée à Montpellier le 4 février sur le diocèse de Mende par le programme « L’Église et les fidèles du Midi » du GDR, avec la participation de Philippe Maurice et Hélène Millet.

Un colloque aura lieu à Albi les 31 mars-1er avril, sur les cités épiscopales.

Devant les difficultés d’organisation du stage de liturgie animé par Jean-Baptiste Lebigue, primiti­vement prévu à Orléans le 2 juillet prochain, il a été décidé de le repousser à l’hiver prochain, à Paris.

Christine Barralis a soutenu sa thèse : Le siège épiscopal de Meaux du XIIIe au XVIe siècle.

Distribution du programme du colloque Mabillon qui aura lieu à Poitiers le 21 janvier 2005.

La bibliothèque des Fasti, située en salle G 687 à la Sorbonne est facilement accessible depuis que Willy Morice y travaille en permanence. S’assurer néanmoins par prudence de son ouverture par téléphone : 01 40 46 31 73. Il est possible d’emprunter les livres.

Publications

I. Les entrées épiscopales dans la cité de l'évêque en France, fin XVe siècle, par Véronique Julerot

Dans la continuité de sa thèse sur les élections épiscopales en France à la fin du XVe siècle, V. J. étudie l’entrée épiscopale, primum ingressus, ultime étape pour l’évêque dans le processus de prise de possession de son siège. Ce n’est, en effet, qu’après l’élection et sa confirmation – ou la provision apostolique –, le sacre, le serment de fidélité prêté au roi, que l’évêque peut entrer dans sa cité et prendre possession solennelle de son église.

Contrairement à l’élection et au sacre, l’entrée n’obéit pas à des règles de droit canon, et contrairement au serment de fidélité, les ouvrages de droit ne la mentionnent pas. On retrouve cependant ce rituel dans d’autres sources dès le 13e siècle (cf. Guillaume Le Maire à Angers). On sait que l’entrée épiscopale existe depuis l’Antiquité tardive (M. McCormick), mais il n’est pas question de confondre le rituel du 15e siècle avec l’adventus antique, même si certains liens peuvent être décelés. Contrairement aux entrées royales qui ont bénéficié de travaux considérables (depuis B. Guenée, F. Lehoux, Les entrées royales françaises… 1968), l’intérêt pour les entrées épiscopales est plus diffus (articles du xixe siècle ou plus récents mais fondamentaux comme ceux de P. Demouy sur Reims, J. Théry sur Thérouanne, et notices des Fasti).

Les sources:

Les chroniques sont d’un maigre secours : le Petit Thalamus ne décrit que trois entrées pour sept évêques à Montpellier et le Bourgeois de Paris, sans doute chanoine de la cathédrale, donne beaucoup plus de détails sur les entrées royales que sur les entrées épiscopales. V. J. s’appuie principalement sur deux catégories de sources à conjuguer, partielles et partiales : des actes de la pratique : registres capitulaires et communaux ; et des sources judiciaires : conflits de juridiction, procès opposant deux candidats à un évêché.

V. J. nous présente dans un premier temps le squelette d’une entrée, puis tente une archéologie de ces entrées par une analyse structurale.

Le squelette d’une entrée:

Une entrée implique quelques préludes. L’élu, ou le pourvu reconnu, et le chapitre conviennent d’une date et préviennent les autres participants. Vient alors la préparation des lieux : le chœur de la cathédrale, la ville. Il n’y a pas de traces conservées d’organisation de spectacle. La veille de l’entrée, le prélat est reçu par une procession (conseil municipal, clergé) à l’extérieur de la ville et conduit jusqu’à un établissement régulier, le plus souvent bénédictin, sis extra muros : Saint-Ouen à Rouen, Saint-Victor à Paris, Saint-Sulpice à Bourges. Selon les textes, il mange et dort, ou prie pendant la nuit. Vient ensuite la cérémonie. Revêtu des habits pontificaux, l’évêque s’incline devant les reliques du monastère, offre quelque drap précieux, et prête serment de respecter les privilèges de l’établissement. Un cortège, constitué de tous les corps constitués de la cité, vient chercher l’évêque. À Paris, l’évêque sort de Saint-Victor accompagné des officiers municipaux pour rejoindre Sainte-Geneviève. La procession emmène le prélat par la porte Bordelle – ou « Saint-Marcel » – à Paris, celle du Grand-Pont à Rouen, celle de Saint-Sulpice à Bourges. À Rouen et Paris, les moines accompagnent le futur évêque jusqu’à la cathédrale tandis qu’à Bourges ils restent à l’extérieur des murs. L’évêque se rend à la cathédrale soit transporté par les vassaux qui lui ont fait hommage (Paris, Bourges), soit à pied (Rouen, où l’évêque est en outre déchaussé dans une église paroissiale avant de gagner la cathédrale). La procession qui accompagne l’évêque rencontre alors celle des chanoines. Des gestes liturgiques sont échangés. L’évêque prête serment de respecter les droits de l’Église. Alors seulement la porte de la cathédrale peut s’ouvrir. À Paris l’évêque sonne une clochette ; il est écrit que c’est en signe de possession. Tous vont à l’autel : don de draps d’or, répons, intronisation, installation dans la chaire. Messe. La cérémonie se clôt par un déjeuner, prandium solemnium (au sens de solennel ou traditionnel ?). Voilà présentée l’ossature d’un cérémonial, qui, dans les faits, se décline selon des spécificités propres à chaque diocèse.

Cette présentation d’ensemble est l’occasion pour V. J. de s’interroger, à propos de ce cérémonial sur les notions de temps, espace et acteurs. Le temps : En raison de la fréquence du choix du dimanche, V. J. s’interroge sur des liens avec le sacre de l’évêque (Cf. art. Pierre Batifol « La liturgie du sacre », 1927) : habits pontificaux, entrée sur deux jours, deux pôles : monastères/cathédrale. L’espace : le passage de la porte est toujours mentionné dans le récit. S’il n’a pas fait son entrée, les chanoines ne permettent à l’évêque de Paris d’entrer dans la ville que sous certaines conditions, et par certaines portes. Par la distinction entre l’extérieur et l’intérieur de la ville, la mémoire de l’adventus antique (Kantorowicz) saute ici aux yeux. La procession de l’entrée suit un trajet entre deux pôles religieux (monastère et cathédrale), avec des étapes à caractère religieux (églises, cimetière), et traverse deux portes, celle de la ville et celle de la cathédrale. À chacune d’elles, des acteurs différents livrent la personne de l’évêque. Ainsi, il s’agit plus d’une succession de réceptions plutôt que d’une unique entrée. Les acteurs : la foule (à l’entrée de Georges d’Amboise à Rouen, distribution d’indulgences). Les vassaux qui rendent hommage : le portage est un service dû pour un fief précis (pas de vassaux à Reims ou Rouen). Le rôle des moines met en exergue le clergé surtout masculin et surtout bénédictin. Pourquoi ? Exercice du droit de gîte (Simon de Cramaud à Reims), lieu de passage que constituent les terres du monastère (cf. P. Demouy), lieu où sont conservées les reliques des évêques fondateurs, où sont enterrés les premiers évêques. (À la mort de l’archevêque à Rouen les chanoines le rapportent aux moines : « vous nous l’avez baillé vivant ; nous vous le rendons mort »). Les chanoines quant à eux représentent l’Église locale à eux seuls (cf. Fasti Desportes pour les serments).

Le pouvoir de l’impétrant est soigneusement délimité par les serments exigés de sa personne, ce jour-là, par les moines et chanoines. Mais tous les présents sont autant de témoins du rite de possession de l’évêque. L’entrée est donc un rite performatif, où l’autorité de l’évêque est mise en place. Les chanoines peuvent être forcés à recevoir un évêque, tel Louis de Beaumont à Paris en 1472 – ils doivent alors patiemment supporter son entrée, puis son épiscopat. C’est un rite-mémoire, un mémorial à plusieurs strates. Il découle de l’adventus christianisé. De l’époque mérovingienne, il retient le rôle fondamental des moines. Des temps carolingiens, lorsque le chapitre gagne en indépendance, la place des chanoines et lorsque la féodalité s’est structurée, celle des vassaux. Mais de toutes les mentions de monuments de la Gaule antique, aucune ne se réfère à une entrée. On ne trouve pas une description complète du rituel avant les 13e et 14e siècles. Cette communication est donc aussi un appel pour le signalement de sources conservant la mémoire de ces entrées, notamment les actes devant notaires, gardant trace des serments.

Cette communication a suscité une discussion animée autour, notamment, d’H. Millet, F. Comte, V. Tabbagh, C. Barralis, D. Le Blévec, J. Madignier, P. Desportes, C. Vulliez, M. P. Subes et P. Montaubin.

 

II. Les participants français au concile de Constance, par Sophie Vallery-Radot

Le concile de Constance (1414-1418) occupe une place considérable dans l’histoire des assemblées de l’Église. Ses deux principaux objectifs : mettre un terme au Grand Schisme et mener la réforme de l’Église. Ce concile rassemblant des centaines de participants laïcs et ecclésiastiques permet le brassage, les échanges de tous ces participants. Pour faciliter son organisation et améliorer son efficacité, l’assemblée conciliaire est divisée en nations : italienne, allemande, anglaise, française et espagnole à partir de 1417. S. V.-R. s’intéresse à la nation française, un vocable comprenant les individus appartenant alors au royaume de France stricto sensu, et aux régions frontalières de Bourgogne, Lorraine, Provence, Savoie et Gascogne. L’histoire de la nation française, au sein même de l’assemblée conciliaire, est le reflet de la guerre civile qui sévit en France.

L’historiographie est considérable mais lacunaire et difficile d’accès. Il n’y a pas d’étude systématique sur les acteurs du concile hormis les principaux, Pierre d’Ailly et Jean Gerson. Il n’existe rien sur la nation française, ni sur les membres qui la composent. C’est en cela que réside l’intérêt de tenter de reconstituer la liste des participants au concile. Pour cela, nous disposons de listes contemporaines ou légèrement postérieures au concile, dispersées dans les différentes bibliothèques européennes. Dans la majorité de ces listes, le classement des participants au concile suit un ordre hiérarchique ce qui rend difficile l’identification des membres de cette nation, notamment dans le cas des procureurs, et en ce qui concerne les localisations.

S. V.-R. est finalement arrivée à identifier 285 individus quand une source (P. Glorieux, Le concile de Constance au jour le jour, Tournai, 1965) mentionne pour la seule nation française près de 400 participants dont 200 docteurs.

Cette recherche, tant sur la nation française à Constance que sur les individus qui la constituent, et sur leurs relations, attitudes et marges de manœuvre, intéresse au premier chef les membres des Fasti. C’est pourquoi, S.V.-R a préparé une liste des participants au concile pour l’équipe des Fasti en les classant par diocèse (liste envoyée sur demande).

En étudiant, à l’échelle de l’Église, l’implication d’individus que nous croisons dans les sources locales, S. V.-R. offre une problématique à la connaissance érudite. L’exercice de mise en relation de l’activité conciliaire avec les sources locales est forcément périlleux. Les membres des Fasti ont une belle occasion de prouver que la collaboration n’est pas un vain mot.

Signalez les sources et envoyez vos fiches biographiques à S. V.-R. par mail : s.vallery-radot@hotmail.fr

 

III. Les élections épiscopales devant la juridiction du concile de Bâle, par Émilie Rosenblieh

L’antagonisme entre les deux grandes traditions ecclésiologiques, conciliaire et pontificale, porté à son comble sous Eugène IV, touche, entre autres, aux désignations épiscopales. D’un coté, le concile se justifie par une tradition conciliaire ancienne, fort du 17e canon de Chalcédoine fondant sa juridiction, tandis que le pape défend la tradition de l’affirmation pontificale (causae maiores définies par Innocent III). En 1432, les Pères instaurent des tribunaux conciliaires, deux décrets de 1433 et 1436 tentent de réinstaurer la liberté de l’élection contre la volonté d’Eugène IV. L’attitude du roi de France Charles VII, protégeant le concile et négociant avec le pape, est pour le moins ambiguë.

Les sources. Aucun registre de procédure relatif aux causes épiscopales de France n’est conservé. E. R. a utilisé des sources conciliaires non judiciaires, tel le protocole de Pierre Brunet (nombreuses notations brèves et allusives sur les causes françaises), et les Gesta de Jean de Ségovie, qui couvrent le concile de Bâle jusqu’en 1442 (riches notices relatives à des procès). E. R. a également effectué des sondages dans les registres pontificaux et dans ceux du Parlement. Trouver des sources locales relatives à ce problème est plus ardu : celles de Paris n’offrent, par exemple, aucun intérêt pour Bâle.

Toutes les provisions pontificales concernant le royaume de France ne causent pas des conflits (cf Agen 1439). Mais dix-huit évêchés font recours devant le concile. Il est toujours difficile de reconstituer chacune des procédures et même de savoir si elles ont eu lieu. Cependant, sept sentences sont connues à propos d’Albi, Bayeux, Marseille, Saint-Pons, Sées, Sisteron, Tournai. En quoi la connaissance de telles causes nous disent l’attitude du roi de France vis-à-vis de la législation conciliaire ?

Eugène IV, défendant le système de la réserve générale, n’admet pas le principe des élections. Le concile de Bâle, en revanche, prétend protéger les élus. Dès août 1431, il reçoit un appel contre Jean de la Palu, nommé par le pape à l’évêché de Lausanne. L’assemblée conciliaire fonde sa position en créant deux décrets. Le premier, Sicut in construenda, s’inspire du Décret de Gratien et des Décrétales. Il s’inscrit dans la tradition de réforme contre la simonie. Le pape ne peut rien exiger en dehors du droit. Le second, du 22 mars 1436, est élaboré au cours d’une session sur la réforme in capite. Il décrète l’abolition de toute réserve générale ou spéciale. Le concile reconnaît cependant au pape le droit de déroger à ce décret sous certaines conditions. Le concile légifère sur l’élection et se réserve la connaissance des causes. Il suit deux procédures : dans le cas de la cause de l’évêché de Bayeux, les sentences sont rendues par la Rote conciliaire. Dans les autres cas, la décision revient à l’Assemblée elle-même. L’action conciliaire est généralement favorable aux élus, contrairement à la Rote romaine défendant le favori pontifical. Les élus appelants, reconnaissant l’autorité du concile de Bâle par leur simple appel, gagnent déjà un sacré avantage.

Les cas d’application de la juridiction contre l’intervention pontificale ne manquent pas. En mars 1439, sentence en faveur de R. Talon, élu de Sisteron, incorporé au concile dès 1433, et membre actif des ambassades. À Albi, encore, le concile donne droit à l’élu contre le favori pontifical. Jean de Ségovie associe cette sentence pro electo à un jugement en faveur de la réforme contre la désignation pontificale. Mais on compte également avec des sentences favorables aux provisions pontificales. Dans le cas de Sées : l’archevêque de Rouen, qui dit ignorer le décret conciliaire De electionibus, confirme Jean de Peyrusse pourvu par Eugène IV. D’après Jean de Ségovie le concile aurait donné raison, en 1438, à l’élu pontifical. Pour quelle raison le concile agit-il ainsi ? Il semble que là l’élément déterminant, soit l’intervention du roi. Ce qui semble certain, c’est que de nombreuses condamnations par contumace sanctionnent le simple fait d’ignorer le concile. Le seul fait d’être incorporé au concile pour suivre son procès est un avantage... même pour défendre un privilège pontifical. À Lausanne, Trêves, Utrecht, les sentences sont favorables aux candidats pontificaux.

Comment le concile justifie le mépris de ses propres décrets ? La question de l’application du décret De electionibus est au centre des négociations entre le concile et le pape : le pape devrait respecter le décret tandis que le concile pourrait s’en écarter pour des raisons particulières. Le concile tente d’imposer à l’Église sa souveraineté. Jean de Ségovie s’étonne du verdict favorable dans certaines affaires après la promulgation du décret De electionibus. Il emploie le terme de vexationes pour Sées et Trêves. Quel est son rapport à la juridiction conciliaire ? Il est un théologien, défend la juridiction conciliaire, qu’il assimile à la mission de paix assignée au concile par le pape.

Les décrets De electionibus sont reproduits dans le texte de la Pragmatique Sanction de 1438, in extenso pour le premier, sous une forme amendée pour le second : Sicut in construenda invitait les laïcs à ne pas faire ingérence dans les désignations, ni par des menaces, ni par les prières. Les prières sont désormais acceptées. On note, de la part du roi de France, de grandes réticences à l’égard de la juridiction conciliaire. Par l’ordonnance de Saint-Denis, en 1441, le roi rappelle que les décrets conciliaires ne peuvent être appliqués dans le royaume antérieurement à la promulgation de la Pragmatique Sanction. Et le projet de reconnaître les sentences du concile rendues avant 1438 n’aboutit sur aucune ordonnance. Ainsi, la Pragmatique Sanction est davantage conçue pour donner du poids aux Parlementaires sur les causes majeures, plutôt que pour reconnaître la juridiction conciliaire. En 1440, interdiction est faite d’invoquer toute sentence issue du concile. Le roi de France préfère traiter soit avec le Parlement soit avec le Pape. Il n’en a pas toujours été ainsi. Jean de Ségovie atteste l’existence des rapports entre le roi de France et le concile. Ainsi, le 18 mars 1435, deux lettres de Charles VII sont lues au concile, une en faveur d’un élu pontifical, l’autre en faveur d’un décret conciliaire où le roi de France tonne contre l’arbitraire pontifical.

Beaucoup de sentences du concile (Bayeux, Tournai, Saint-Pons) sont largement influencées par le roi de France. Mais il y a également des sentences contre l’avis du roi de France qui risquent de ne pas être exécutées. En effet, les sentences conciliaires n’ont d’impact que si elles sont soutenues par des forces sociales, royales notamment. À Albi, le sénéchal de Carcassonne met ses troupes au bénéfice du candidat du roi contre l’évêque élu soutenu par la cité d’Albi et le comte de Pardiac. Dans ces affaires, la personnalité du requérant et la puissance de son réseau de soutien, seraient deux facteurs décisifs. Quant au roi de France, il est très prudent vis-à-vis de la législation conciliaire, et tente de tirer parti du concile par l’exercice d’influences.

 

Une discussion animée a suivi avec J. N. Rondeau, P. Montaubin, V. Julerot et J. M. Matz sur des questions de droit et pour le signalement de sources locales.

 

IV. Informations et travail sur le cumul des bases de données : les notices des cardinaux

Quel que soit le support (CD ou mise en ligne) qui abritera la base de données résultant du cumul des informations publiées dans les 9 premiers volumes de la collection, sa réalisation sera la priorité pour l’année 2005, car les publications devraient connaître une certaine pause jusqu’en 2006. Il est encore trop tôt pour dire qui d’Auch, Autun, Avignon, Châlons-en-Champagne, Chartres, Clermont, Mâcon, Meaux, Poitiers, Riez, Sens, Strasbourg etc. sera prêt le premier : le concours est ouvert!

Le travail d’analyse et de programmation a déjà commencé avec l’aide de Stéphane Raux. On s’oriente vers une base de données relationnelle qui fournira les informations données dans chaque volume, après qu’elles aient été corrigées et mises à jour par chacun des auteurs. Pour les individus présents dans plusieurs diocèses, le lecteur pourra consulter non pas une notice synthétique mais chacune des notices éditées dans les volumes. Lorsque ces notices présenteront des problèmes de cohésion, voire des données contradictoires, il sera possible de donner des explications dans un fichier spécifique dénommé « arbitrage ». Ce cas de figure n’est pas purement hypothétique : les cardinaux, premiers concernés par le cumul des bénéfices, ont fourni l’occasion de faire des travaux pratiques.

Au commencement du programme, nous avions considéré que les cardinaux étaient des personnages bien connus, à propos desquels nous n’aurions que des informations complémentaires à donner. En fait, ce sont des personnages qu’on croit connaître et sur lesquels circulent des informations erronées. Comme leurs carrières dépassent très largement le cadre de nos enquêtes diocésaines, nous aurons recours autant qu’il sera possible à l’aide de nos collègues qui mènent, ou ont mené, sur eux des recherches spécifiques. Ainsi, pour les cardinaux de l’époque du Grand Schisme, Anne-Lise Rey-Courtel a accepté d’élaborer à notre intention des notices que nous pourrons réutiliser.

Voici quelques réflexions et consignes résultant de ce test sur les cardinaux.

  • Dans le volume sur Angers, 8,5% des individus renvoient à des individus déjà connus dans les autres volumes.
  • Dans le volume sur Mende, le chiffre est un peu inférieur puisqu’il est à 7 %.
    • Jacques Pycke, Sons, couleurs, odeurs, dans la cathédrale de Tournay au XVe siècle, coll. « Tournai Art et Histoire », 2004, 286 p. Il s’agit de l’édition et du commentaire de l’Ordinaire de la cathédrale.
    • Le Midi et le Grand Schisme d’Occident, Toulouse, 2004 (Cahiers de Fanjeaux n° 39).
    • Distribution des bons de souscription pour la thèse de Matthieu Desachy.
    • Chacun des auteurs a l’obligation de connaître et tenir compte des notices qui ont été publiées avant la sienne. S’il n’a pas rencontré lui-même les données fournies par un prédécesseur, il pourra lui faire crédit et les reprendre à son compte.
    • Contrairement à l’utilisateur de la base de données cumulées, le lecteur d’un livre ne dispose pas forcément de tous les livres de la collection. C’est pourquoi il n’est pas inutile de répéter les informations d’une notice à une autre.
    • Il est posé comme un principe qu’on donne des informations de plus en plus sûres. Si on donne une information qui est en contradiction avec celle d’une notice antérieure, ce doit être de propos délibéré, pour corriger ce que l’on considère être une erreur ou une approximation (cas des dates).
    • En vertu du principe énoncé au point précédent, une information qu’on aura omis de répéter sera considérée comme sujette à caution. Mais on ne manquera pas d’objecter qu’il ne sera pas toujours possible de reprendre toutes les informations, faute d’espace suffisant dans les champs. Dans le champ « cumul », une solution sera alors d’ajouter aux données incomplètes la mention « etc. ». Ou, de façon générale, on pourra mentionner dans le champ « biblio » : « Voir la (ou les) notice(s) Fasti antérieure(s) ». Saisir cette mention de façon à ce qu’elle soit éditée juste après les numéros correspondants du champ « Fasti ».
    • Lorsque la correction qu’on estime devoir apporter porte sur des informations pour lesquelles l’auteur précédent est a priori considéré comme plus fiable (car elles portent sur « son » diocèse), il est hautement conseillé de s’en entretenir avec lui.
    • L’auteur qui estimera avoir commis une erreur la corrigera. S’il le juge nécessaire, il pourra s’en expliquer dans le fichier « arbitrage ». Il rendra service aux autres auteurs en les avertissant de son erreur.
    • Ne pas hésiter à se concerter entre auteurs : reconnaître une erreur est un acte qui mérite la plus grande estime.