Recherche Lexique canonial

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Contenu du volume :

  • 523 pages.
  • 718 notices prosopographiques.
  • 25 biographies d'évêques.

Ce volume comprend en outre une carte du diocèse, ainsi qu'une notice sur le quartier de la cathédrale, par Sandrine Lavaud.

  • Note liminaire, par Jean-Michel Matz et Vincent Tabbagh, directeur et ancien directeur du programme.
  • Extraits du volume : Saint-André, quartier cathédral de Bordeaux au moyen âge (par Sandrine Lavaud, extrait, pages 53-54) et notice biographique de l'archevêque Pey Berland (extrait, page 203).
 

Diocèse de Bordeaux : note liminaire, par Vincent Tabbagh et Jean-Michel Matz

Avec son treizième volume, la collection retrouve, après plusieurs diocèses de la France du Nord, une cité méridionale et une métropole qui vient prendre la suite de Rouen, Reims et Sens, en attendant bientôt Narbonne. La moisson est riche: 718 notices s'ajoutent aux 9202 déjà publiées, avec beaucoup de figures nouvelles, puisque seulement 32 Bordelais apparaissaient déjà dans un volume antérieur. Cette nouveauté touche particulièrement les archevêques dont aucun n'avait eu droit encore à une notice développée dans un précédent volume. Outre son relatif éloingnement géographique, qui explique en partie cette fraicheur, Bordeaux présente deux caractéristiques fortes par rapport aux diocèses recemment étudiés. D'abord, le poids d'une famille particulièrement influente et ramifiée, celle des Got, dominée par la figure de l'archevêque devenu pape sous le nom de Clément V, a permis la promotion institutionnelle de ce siège, face à Bourges notamment, d'autant plus que les redécoupages diocésains opérés par Jean XXII ont affaibli, en le morcelant, son jusque là puissant rival du nord, Poitiers. Cette situation explique le sort particulier qui a été réservé à la question de la primatie dans les notices des archevêques. Surtout, la seconde caractéristique de ce diocèse est son appartenance jusqu'au milieu du XVe siècle-soit pendant les cinq sixième de la période traitée-à un espace politique dominé par le roi d'Angleterre; elle implique des rapports particuliers entre le prince et l'élite ecclésiastique locale, l'héritage plantagenêt s'exerçant dans un espace restreint et fortement polarisé par la métropole, offrant des caractéristiques différentes de l'héritage capétien. Avignon et Londres ont marqué de leur influence la vie du diocèse de Bordeaux davantage que les diocèses étudiés jusqu'ici dans les Fasti, Agen excepté. Voilà un élément d'intérêt manifeste.

Dans sa conception d'ensemble, le volume se situe dans une grande continuité par rapport aux précédents et le lecteur désormais familiarisé retrouvera les notices, tables et indices habituels. Il présente cependant trois nouveautés. Pour répondre aux critiques toujours bienvenues des recenseurs, les références ont été-dans la mesure du possible bien sur-développées et présentées avec davantage d'ampleur. Afin de rendre plus aisées de futures recherches sur les reseaux familiaux, l'auteur à multiplié les indications concernant les parents des chanoines. Enfin, une table chronologique des chanoines, confectionnée par Hugues Labarthe, figure à la fin du volume puisqu'il n'y avait pas de raison que ceux-ci soient moins bien traités, et donc moins disponibles à la connaissance érudite que les archevêques ou les dignitaires du chapitre.

En revanche, Bordeaux ne bénéficiant pas d'une documentation particulièrement dense, les sources n'ont pas permis de nourrir dans la première partie ces chapitres particuliers sur les livres, les trésors, les dispositifs et décors de l'église cathédrale qui ont pu enrichir d'autres volumes de la collection. Mais une attention particulière a été posée, dans la notice institutionnelle, à la construction spaciale du diocèse, dans la ligne d'une historiographie en plein renouvellement sur ces questions de territoires et d'espaces. La même préocupation pour la construction et l'organisation du quartier canonial dans le processus de la fabrique urbaine se retrouve dans la notice rédigée par Sandrine Lavaud, collègue de Françoise Lainé à l'université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3. L'essentiel du volume est toutefois à mettre à l'actif de Françoise Lainé, membre de l'équipe des Fasti depuis de très longues années. La progression de son travail minutieux a été ralenti par le poids croissant des obligations diverses qui pèsent toujours plus lourdement sur les universitaires et entravent la recherche scientifique. Il faut donc saluer sa persévérance, d'autant qu'elle a malgré tout trouvé le temps de donner une ampleur inhabituelle aux notices des archevêques-celles de la période du Grand Schisme étant toutefois dues à Hugues Labarthe.

Les notes liminaires des volumes précédents ont en général permis à Hélène Millet de présenter les évolutions du groupe, de préciser les modalités de fabrication des volumes et d'annoncer les diocèses en voie de progression ou d'achévement. En ce qui concerne les premières, l'équipe des Fasti est désormais le pivot du Groupe de Recherche Européen (GDRE) " Aux fondements de la modernité étatique: l'héritage des clercs médiévaux ". Pour ce qui est de la fabrication de ce volume, elle s'inscrit dans la continuité du volume d'Autun: la mise en page des chapitres préliminaires a été réalisée par Giliane Thibault du CERHIO-Angers (UMR 6258) et les auteurs de la présente notice liminaire ont supervisé, pour l'un ces chapitres préliminaires et pour l'autre l'ensemble des données prosopographiques. Pour ce qui regarde la vie de l'équipe des Fasti, et plus particulièrement les prochains volumes à paraître, nous avons préféré ne pas faire de paris sur l'avenir. Ils ont parfois été démentis et des diocèses annoncés comme imminents attendent toujours leur achévement. Dans le même temps, des diocèses parvienent à maturité et d'autres sont mis en chantier, notamment par de jeunes chercheurs. L'avenir est donc assuré.

 

Angers-Rouen, le 20 juin 2012

 

Jean-Michel Matz et Vincent Tabbagh, directeur et ancien directeur du programme.

 

Extrait du volume concernant le diocèse de Bordeaux

Saint-André, quartier cathédral de Bordeaux au moyen âge (extrait, par Sandrine Lavaud)

La Sauvetat Sent Andreu

(...)Quelles qu'en soient ses origines, la juridiction capitulaire se traduit par un pouvoir de direction générale de la sauveté et par un pouvoir de contrôle et de police sur toutes les activités. Là encore, les textes du moyen âge renseignent mal sur l'exercice de cette juridiction. Les prérogatives immunistes sont d'abord judiciaires, le chapitre exerçant la pleine justice sur les clercs et les laïcs. C'est également une zone franche pour le commerce des denrées qui échappent à la fiscalité municipale ou royale. Les habitants sont aussi soustraits aux devoirs militaires et ne participent pas à la défense de la ville. Mais on ne sait, en revanche, si le chapitre réclamait des droits seigneuriaux spécifiques aux habitants à l'égal de ceux qu'exigeait son homologue de Saint-Seurin qui prélevait une poule à Noël, des droits sur la vente de vin au détail et exigeait caution. Les nombreuses mentions de "gélines" associées au cens versé par les maisons de la sauveté Saint-André pourraient suggérer un prélèvement identique. Ce sont principalement les textes de l'époque moderne qui informent sur les modes d'administration du chapitre; celui-ci délibère alors in communi sur les mesures à prendre et en délègue ensuite l'application à des officiers laîcs. Le premier d'entre eux est le juge de la sauveté, nommé pour un an et renouvelé parfois à vie. Il est assisté d'auxiliaires: prévôt, greffiers et sergents. Ensemble, ils doivent rendre la justice et assurer la police dans la sauveté. Ils ne disposent pas d'un bâtiment spécifique et officient dans la cloître du chapitre. La manifestation la plus voyante et la plus classique de la juridiction capitulaire reste le pilori et le carcan installés sur la place saint-André.

Ce pouvoir de ban est doublé d'une assise foncière. Le chapitre se veut, en effet, l'unique seigneur foncier de la sauveté et il est vrai qu'il n'a guère de concurrents, le principal étant l'archevêque qui détient notamment des possessions (15 tenures) dans la rue Saint-André (des Trois-Conils), ainsi qu'aux limites de la sauveté: rue de Saugars (rue de Cheverus) non loin du puits Saint-Gemme et près de l'enceinte (subtus muro). Les droits fonciers du chapitre peuvent être scindés en deux entités: d'une part un noyau, issu de la mense canoniale, sous la directe du chapitre et composé des maisons canoniales et des bâtiments communs; d'autre part, des tenures accensées: le recensement effectué en a comptabilisé 132 mouvantes de Saint-André-auxquelles il faudrait ajouter les 25 relevant de l'archevêque soit un total de 157 tenures-situées dans la sauveté ou à sa périphérie immédiate. Ce nombre n'a qu'une valeur d'échantillon dû au hasard des sources disponibles, mais il conforte la vision d'une assise foncière du chapitre importante au regard de la faible superficie concernée; il dit aussi que les chanoines ont eu recours au faire-valoir indirect pour une large part de leurs possessions au sein même de la sauveté. C'est là un mode de gestion du temporel commun aux autres seigneurs ecclésiastiques de Bordeaux qui n'ont conservé que des réserves très réduites. Les chanoines de Saint-André n'y dérogent pas, même pour ce qui constitue le coeur même de leur seigneurie. Ces droits fonciers sont étroitement mêlés aux droits banaux et procèdent du même dominium exercé par le chapitre cathédral sur et à partir de la sauveté. Il a fait de celle-ci un territoire réservé où il entend être le seul maître, même au détriment de son supérieur, l'archevêque de Bordeaux.

La délimitation de la sauveté Saint-André a été conflictuelle dès la période médiévale, mais les querelles se sont accrues à l'époque moderne, suscitant une intervention royale dans les années 1760-1761, aboutissant à un bornage officiel le 1er avril 1761 (fig.9).

 

Notice biographique de l'archevêque Pey Berland, (extrait)

Pey Berland (12 août 1430-24 septembre 1456), (n°239)

1-En recoupant une bulle de Jean XXIII en 1412, des éléments de son testament de 1456-1457 et des bribes qui subsistent de l'enquête canonique de 1464, on peut avoir une idée des origines et de la jeunesse de Petrus Berlandi. Déjà prêtre vers 1406 et secrétaire du cardinal Uguccione (576), Pey Berland a dû naître avant 1380. Son père possédait des tenures de belle ampleur sur la seigneurie de Sainte-Croix en Médoc, dans les paroisses de Soussans, Margaux, Moulis et Avesan, celle-ci étant la résidence de la famille et le lieu de naissance du futur archevêque. Il était fils unique, aux dires de son dernier secrétaire Léonardus de Segoniis, né vers 1416, entré au service de l'archevêque vers vingt ans et devenu son secrétaire vers 1437. Ce témoin n'a connu ni le père ni la mère de Pey Berland, ni son parrain ni sa marraine, mais se souvient que l'archevêque a fait exhumer la dépouille de sa mère du cimetière de Moulis pour la faire enterrer dans l'église. Dans son testament, Pey Berland cite un consanguineus qui est son homonyme et surnommé "Forthin", ce proche parent est principalis in domo paternali (sua). Ce détail suggère une communauté familiale complexe.

2-D'après son testament, il a reçu ses premiers rudiments d'instruction de maître Raymond de Bruges, un notaire du voisinage; il évoque aussi le souvenir de l'épouse de cet homme. Entre l'apprentissage de la lecture et de l'écriture dans une bourgade du Médoc et l'université de Toulouse, où Pey Berland conquiert le grade modeste de bachelier en décret, il y a un vide qu'il serait imprudent de remplir automatiquement par l'école cathédrale. Pey Berland a gardé le goût des livres: son testament évoque ceux qu'il a copié de sa main. Plus tard, le chapitre fit faire des recherches à Toulouse pour en savoir plus sur la période de ses études, mais en vain. Fils d'une famille sans lustre mais aisée, Pey Berland n'a pas été poussé vers le clergé comme un cadet réduit aux seconds rôles, il a dû choisir de devenir ecclésiastique et il a eu les moyens de faire des études; aucun document ne fait allusion à des bienfaiteurs ni à un séjour dans un collège. Son parcours initial est étonnamment proche de celui de Nicolau de Gibran (140), d'une bonne dizaine d'années son cadet: ce fils de notaire bordelais est allé étudier à Toulouse d'où il est revenu bachelier en droit canon.

diocèse de bordeaux

 

 

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 23 janvier 2009

 

Informations diverses

N.B. : La prochaine réunion de l'équipe des Fasti aura lieu le vendredi 26 juin 2009.

Nous accueillons parmi nous deux nouveaux participants : Mickaël George, qui fait un master 2 sur les institutions du chapitre de Verdun (fin du XIIe s.-XVIe s.), sous la direction de V. Tabbagh, et Mathieu Glaz, qui travaille sur le chapitre de Saint-Brieuc, dans le cadre d'un master 2 sur l'entourage des évêques de Saint-Brieuc, sous la direction d’Yves Coativy.

La refonte de la base de données FEG entamée par Stéphane Raux n'a pu être achevée avant la fin de son CDD. Il ne peut plus maintenant y travailler que sporadiquement, si bien que la migration des données vers le nouveau support technique est reportée pour l'instant.

La base FEG compte désormais plus de 12 000 notices. Notre entreprise sera présentée au congrès du CTHS qui se tiendra à Bordeaux du 20 au 25 avril 2009, sur le thème "Célèbres ou obscurs. Hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire".

Le projet européen déposé par le groupe des Fasti dans le cadre des financements E-Content Plus a été classé 4e, mais seulement 3 projets ont été retenus. Nous allons donc nous réorienter pour l'instant vers la création d'un GDRE (groupement de recherche européen, financé par le CNRS), afin de consolider nos liens avec nos partenaires étrangers, dans l'objectif de monter à terme un nouveau projet européen.

La bibliothèque des Fasti conservée en salle G 687 de la Sorbonne s'est accrue de plusieurs volumes. En particulier, la collection des Analecta vaticano-belgica est désormais presque complète. Si vous souhaitez consulter ces volumes, prenez contact avec Willy Morice, qui vous indiquera quand la salle est accessible (01 40 46 31 73 ; Willy.Morice@univ-paris1.fr), mail.

Le 28 mars 2009 aura lieu à Meaux une table ronde organisée par C. Barralis et le groupe PICRI "Meaux, une cathédrale au cœur de la ville", sur l'histoire du chapitre cathédral de l'an mil à la Révolution.

Du 3 au 5 juillet se tiendra à Beauvais un colloque organisé par le groupe collégiales sur "La collégiale dans la ville (province de Reims)".

Le colloque de Fanjeaux 2009 aura Jean XXII pour objet d'étude.

Amandine Leroux se propose de mettre à disposition de qui en a besoin les notices des collecteurs ordinaires qu’elle a étudiés. La contacter à l'adresse suivante : amandine.le.roux@free.fr, mail.

M. et Mme Hayez nous informent que l'analyse des lettres communes de Grégoire XI est terminée, mais qu'elles ne seront pas publiées et qu'elles sont difficilement consultables pour l'instant. A.-M. Hayez s'intéresse en ce moment aux fonctionnaires pontificaux de la période d'Avignon jusqu'en 1378. Les comptes qu'elle dépouille donnent rarement la liste de leurs bénéfices mais, si on a un chanoine dont on sait qu'il a été fonctionnaire pontifical, il ne faut pas hésiter à la contacter pour qu'elle nous donne les informations dont elle dispose concernant ce personnage : hayez@wanadoo.fr, mail.

Informations sur quelques diocèses :

  • V. Tabbagh a presque fini de rentrer les chanoines de Sens dans la base.
  • J. Mathieu commence le travail sur Carcassonne.
  • J. Madignier aura fini de rentrer les chanoines d'Autun au mois d'avril.
  • S. Guilbert a presque terminé de rentrer les fiches des chanoines de Châlons-en-Champagne.

Ouvrages et articles ayant circulé pendant la réunion:

  • Le Ciel sur cette terre. Dévotions, Église et religion au Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Michelle Fournié, dir. Sophie Cassagnes-Brouquet et Agnès Dubreil-Arcin, Toulouse, CNRS-Université Toulouse le Mirail [coll. Méridiennes], 2008, 389 p.
  • Un article de B. Brouns sur Bernard de Fargues (archevêque de Narbonne, 1311-1341) dans le Bulletin de la Commission archéologique et littéraire de Narbonne, t. 50 (2000 à 2003).
  • Le guide de visite du château de Capestang, demeure des archevêques de Narbonne.

 

Présentation du Corpus philippicum (Xavier Hélary)

Il s'agit d'un corpus initié en 1938 par Robert Fawtier et visant à rassembler l'analyse de tous les actes de l'administration royale produits sous Philippe le Bel (actes du roi lui-même + actes de ses agents + actes reçus par eux). Placé sous la direction d’Élisabeth Lalou, il est aujourd'hui déposé à l'IRHT à Orléans (section de diplomatique) et forme une masse documentaire considérable, largement manuscrite, composée de plusieurs ensembles :

un catalogue des actes émis par Philippe le Bel ou en son nom : environ 6 000 fiches.

un catalogue des actes émis et reçus par les officiers du roi (y compris les gardes des sceaux dans les circonscriptions locales) : plusieurs milliers de fiches.

Pour ces deux premiers catalogues, le corpus tend à l'exhaustivité.

-la Gallia Philippica : ensemble de notices biographiques concernant les personnages importants du règne, conservées sur fiches.

-les Enquêtes ont pratiquement toutes été transcrites, ce qui représente un corpus d'environ 4 000 pages dactylographiées.

-les Comptes : ont été publiés.

Travaux actuels sur le corpus :

-le travail porte essentiellement sur l'informatisation du corpus, qui a bénéficié d'un financement par l'ANR.

-l'an dernier a été publié par E. Lalou l'Itinéraire de Philippe le Bel, qui contient l'analyse des actes du roi. Ces actes devraient prochainement être mis en ligne.

-les 4 000 pages des Enquêtes ont été numérisées et le travail d'indexation en XML a commencé. L'équipe travaille parallèlement à l'édition des testaments royaux et souhaiterait également mettre en ligne les notices de la Gallia Philippica.

Pour consulter ce corpus, il faut aller à Orléans, et prendre auparavant contact avec Xavier Hélary ou Élisabeth Lalou, afin qu'ils soient présents pour expliquer comment consulter le fichier, qui n'est pas d'un maniement très facile, du fait d'un classement un peu complexe (elisabeth.lalou@univ-rouen.fr,mail; xhelary@hotmail.com, mail).

Il a enfin été rappelé qu'E. Lalou s'était servi de ce corpus pour rédiger son article sur les chanoines à la cour de Philippe de Bel publié dans l'ouvrage I canonici al servizio dello stato in Europa, secoli XIII-XVI, dir. H. Millet, Modène, F. C. Panini, 1992.

 

Le trésor de la cathédrale de Sens (Lydwine Saulnier-Pernuit)

Charlemagne figurait parmi les premiers donateurs de ce Trésor, qui était extrèmement important au Moyen Âge. Il nous est connu aujourd'hui par quelques inventaires, celui de 1192 exposé au Trésor lui-même et les autres conservés aux archives départementales de l'Yonne, ceux de 1446, 1464 et un autre daté de la fin du XVe siècle. Les objets qui y sont répertoriés sont répartis en plusieurs catégories : les vêtements liturgiques et tissus ; les reliques et leurs contenants ; les objets d'orfèvrerie : calices, reliures d'orfèvrerie, patènes… ; les bâtons de pré-chantre, etc. Ces inventaires étaient constitués avec grand soin : le travail d'inventaire durait plusieurs jours, était rédigé en double exemplaire, en présence des responsables du chapitre. Plusieurs documents offrent des renseignements sur la vie de ce Trésor au Moyen Âge. Nous savons ainsi qu'il arrivait que les reliques soient envoyées en tournée pour des quêtes, comme en 1446. Plusieurs archevêques ont fait des dons au Trésor, notamment des pièces d'orfèvrerie, qui ont parfois été revendues par la suite (par exemple pour contribuer au paiement de la rançon de François Ier). Même si beaucoup d'objets ont disparu, nous avons des indications permettant de connaître leur forme, leur nature, voire même leur origine : il subsiste de nombreux authentiques de reliques et les inventaires décrivent précisément les objets. Ainsi, ces derniers mentionnent souvent les motifs décoratifs des tissus. De même, pour les pièces d'orfèvrerie, ils signalent leur composition, parfois leur forme et des précisions sur leurs décorations. Tous ces objets n'étaient pas conservés dans un lieu unique : 12 châsses furent placées dans le chœur dans la seconde moitié du XIIIe siècle et certaines pièces (calices, etc.) étaient conservées dans des chapelles. Mais l'essentiel du Trésor est gardé dans un bâtiment spécifique, « le Trésor », qui se présentait comme une excroissance architecturale de la cathédrale. Ce bâtiment existe toujours, bien que sa structure ait été un peu modifiée : la construction actuelle date du XVIIIe s. Le Trésor ancien se trouvait à peu près au même emplacement et s'étendait déjà sur deux niveaux. Dans le « Trésor d'en Bas » étaient placés les objets utilisés au quotidien et dans le « Trésor d'en Haut » étaient conservés les éléments les plus précieux et les plus rares, utilisés seulement lors des grandes fêtes. Un grand soin était évidemment apporté à la protection de ces objets : les documents mentionnent deux portes soigneusement fermées et la présence d'une personne qui dormait sur place (c'était au départ un chanoine, remplacé ensuite par un clerc). Il ne reste aujourd'hui qu'une partie du Trésor médiéval, notamment la Grande Châsse, couverte de plaques d'ivoires et déjà mentionnée dans les inventaires du XVe s., ainsi que les fragments de la vraie croix donnés par Charlemagne en 809.

 

Le diocèse d’Autun: notice institutionnelle (Jacques Madignier)

1. Le diocèse

L’organisation épiscopale du diocèse d’Autun date du IIIe s. Ses limites correspondaient à peu près au territoire de la cité des Éduens ; il dut céder par la suite quelques contrées périphériques pour la création des diocèses de Chalon-sur-Saône, Nevers et Mâcon. L’évêque d’Autun conservait cependant le titre d’episcopus Aeduensium. La division complète en archidiaconés date du dernier tiers du XIIe s. (Autun, Beaune, Avallon et Flavigny, nom des anciens pagi). Chaque archidiaconé est divisé en ministeria, très inégalement répartis. Le diocèse accueillait un puissant réseau d’abbayes (3 féminines, 10 masculines) bénédictines (ex. Vézelay), cisterciennes (ex. Fontenay) ; quelques rares regroupaient des chanoines réguliers (ex. Gigny). En outre, entre 1200 et 1500, 17 collégiales étaient en activité, dont l’apparition s’échelonne de l’an Mil au XVe s.

2. Le siège épiscopal

La première ecclesia eduensis fut bâtie au Ve s. sur la terrasse NE de la ville haute et, dès la période paléochrétienne, Autun accueillait sans doute un puissant groupe épiscopal. La cathédrale Saint-Nazaire fut ruinée par les incursions sarrasines et normandes. Dans la seconde moitié du XIIIe s., un vaste projet de reconstruction en « art nouveau » fut élaboré, mais la cathédrale resta inachevée en raison des difficultés du siècle suivant. On continua cependant d’aller y chercher en procession, tous les dimanches, l’eau bénite. Pendant des siècles, Saint-Nazaire resta pour tous l’ecclesia mater d’Autun ; elle fut rasée au XIXe s. L’actuelle cathédrale Saint-Lazare n’en était pas une au départ : les ducs de Bourgogne avaient décidé de construire ce sanctuaire à partir de 1122 pour en faire une église de pèlerinage, abritant les reliques du saint (y sont installées en 1146). En 1195, le légat Mélior, constatant l’état de détérioration de Saint-Nazaire, prit l’initiative de transformer le sanctuaire en « seconde cathédrale ». De la Toussaint à Pâques, les chanoines devaient dire les heures à Saint-Nazaire, et de la veille de Pâques à la veille de la Toussaint, à Saint-Lazare. La lointaine origine de la dignité des prélats d’Autun (premiers pasteurs de la nation éduenne) les plaçait au second rang de la hiérarchie de la province lyonnaise, et leur donnait le devoir d’administrer l’archevêché en cas de vacance du siège. Depuis le VIe s., ils avaient le privilège de porter le pallium. Dans leur diocèse, ils étaient collateurs de plusieurs dignités du chapitre cathédral, ainsi que de canonicats de plusieurs collégiales. Durant tout le Moyen Âge, les évêques s’impliquèrent dans la vie de leur cité. Comtes de Saulieu, ils détenaient plusieurs baronnies. Au début du XIVe s., leurs revenus étaient taxés à la hauteur de 2000 livres dijonnaises.

3. L’officialité

Les premières mentions d’un official datent du début du XIIIe s. À la suite de conflits d’intérêts entre l’évêque et les chanoines, un traité fut passé en 1319, délimitant nettement les compétences de l’official sur la communauté canoniale. À partir de la seconde moitié du XIIIe s., apparurent les officialités des archidiaconés. Les officiaux furent choisis avec soin par les évêques, recrutés pour leurs compétences juridiques et leur expérience, le plus souvent au sein du chapitre, puis au XIVe s., au sein des universités, étant donné le savoir requis en droits canonique et civil.

4. Le chapitre

On trouve mention du collège de clercs (ecclesia eduensis) entourant l’évêque dès le VIIe s. Après l’adoption de la règle d’Aix de 816, l’évêque Jonas dota en 858 (sur ses fonds personnels) l’Église d’Autun d’un patrimoine foncier susceptible d’entretenir une quarantaine de frères, ce qui fixa pour la suite le nombre de chanoines. Ses successeurs obtinrent pour elle l’immunité pour ses biens puis en matière religieuse, et exercèrent sa protection. Dès le IXe s., les chanoines avaient reçu confirmation du pape de son droit d’élire l’évêque. Au long des siècles suivants, les différends avec l’évêque expliquent plusieurs accords entre les prélats et la communauté qui est désignée comme capitulum dès le second tiers du XIIe s. En dehors du cloître, le chapitre exerçait son autorité sur un certain nombre d’institutions religieuses du diocèse. Les réunions régulières se tenaient dans la salle capitulaire, quotidiennes ou hebdomadaires (samedi, parfois lundi ou vendredi), annuelles (au nombre de deux au XIIIe s. ) Le temporel, fruit des donations épiscopales dès le IXe s. ou de legs laïques, s’ancra d’abord dans la ville haute d’Autun, mais aussi dans des exploitations rurales, dont des vignobles. À partir du XIIe s., l’augmentation du patrimoine dépendit de la seule activité des chanoines : acquisitions, rituels d’inhumation en échange de fondations… Une enquête très détaillée de 1290, organisée par le doyen Clérambaud de Châteauneuf, décrit avec détails le fonctionnement économique du chapitre.

5. Les dignitaires

Le chapitre comptait 10 dignitaires ; leur hiérarchie a évolué entre le IXe et le XIIIe s. pour s’établir ainsi : doyen, chantre, prévôts de Sussey et de Bligny, archidiacres d’Autun, Beaune, Avallon et Flavigny, abbés de Saint-Étienne et de Saint-Pierre l’Étrier. Les offices rattachés au chapitre étaient tenus par des chanoines puis, à partir du XIVe s., plusieurs furent remplis par de simples clercs : le sénéchal (toujours membre du chapitre ), les terriers qui gèrent le patrimoine, le sous chantre (charge dédoublée au XIVe s.). Ni théologal ni pénitencier, malgré les prescriptions de Latran IV, avant le XVIes.

6. Les chanoines

Les chanoines étaient 38, élus par la communauté réunie en chapitre, pour la plupart issus de lignages aristocratiques féodaux de la cité ou des campagnes de l’Auxois, de la côte ou du plateau bourguignon. La collation pontificale au XIVe s. élargit le bassin de recrutement. Puis, Au XVe s., quand les chanoines eurent retrouvé leur droit de collation, le chapitre fut peuplé de nombreux bourgeois ou nobles issus du service du duc de Bourgogne. La division en prébendes individuelles date sans doute du dernier tiers du XIIe s. lorsque les clercs abandonnèrent la vie commune. Plusieurs systèmes se succédèrent et, finalement, en 1362, le chapitre adopta une organisation semblable à celles d’autres chapitres (5 classes de prébendes selon leurs revenus, les plus lucratives étant attribuées selon l’âge, l’ancienneté et la hiérarchie dans les ordres sacrés). Les prébendes semblent d’un revenu modeste ( au début du XIVe s, elles sont taxées à hauteur de 20 livres dijonnaises). Le doyen et le chantre avaient double prébende. En dehors de ces gros fruits, les petits fruits (nombreuses distributions en grains ou en argent) étaient si importants qu’ils étaient taxés à une valeur double de celle des prébendes. Comme ailleurs, les chanoines cumulaient parfois des bénéfices, et la résidence était assouplie par des dispenses pontificales. Leurs vêtements restèrent d’une grande banalité, suivant la règle de Chrodegang, et ce jusqu’au XIVe s., période au cours de laquelle de nouveaux vêtements apparurent : le surplis recouvrit la tunique, l’aumusse de drap ou de velours garni de soie ou de fourrure vint remplacer le chaperon. Ces nouveautés furent portées à Autun par les clercs qui faisaient carrière à la cour de Bourgogne.

7. Les autres desservants et serviteurs

Certains clercs du bas étaient prébendiers, d’autres non, mais pouvaient détenir des bénéfices ne dépendant pas du chapitre. Dans les stalles hautes aux côtés des chanoines : le vicaire de chœur (en réalité vicaire du doyen, en l’absence duquel il conduisait l’office) et le prieur de Saint-Racho ; dans les stalles moyennes : les curés des églises paroissiales du cloître, les chapelains (une trentaine à la fin du XIVe s.), les chapelains commensaux (attachés au service des chanoines), les clercs de chœur appelés dès le XVe s. les choraux (si la place manquait dans les stalles moyennes, ils siégeaient sur des tabourets appelés stalles basses), les enfants de chœur. À tous ces hommes s’ajoutaient tous ceux qui géraient le temporel de la communauté, clercs ou laïcs, hommes ou femmes.

Questions et remarques :

  • Parmi les serviteurs, qui sont les « pédissettes » ? Ce sont des domestiques si proches des chanoines qu’un dignitaire a demandé à être enterré avec sa pédissette…
  • Pas de sacriste ; aucune trace de qui s’occupe du matériel liturgique. Il existait un coffre de l’évêque où étaient rangés les livres . Il est question du trésor qui doit essentiellement regrouper des livres, mais aucun inventaire n’a été retrouvé. Hélène Millet pense que c’est le chantre qui s’occupait des livres, Jacques Madignier que c’était un simple clerc.
  • École cathédrale ? Il est question d’écolâtres au XIe s. puis aucune trace d’un enseignement avant un chapelain au XIVe s.
  • Commensalité ? Est considérée comme un privilège à Autun ; la raison n’en est pas le faible nombre de maisons qui pousserait les chanoines à loger d’autres clercs, puisqu’au XVe s. il y a trop de maisons.
  • Il ne reste aucune délibération capitulaire, seulement quelques résumés du XVe s., et des archives non classées.
  • Saint-Nazaire et Saint-Lazare : les offices doivent être célébrés dans les deux églises en même temps.
  • Il n’existe au Moyen Âge qu’une seule cathédrale : Saint-Nazaire, définitivement fermée par Jean Rolin au XVe s. Il y a des voyages de reliques entre les deux (tête et bras de saint Lazare vont à Saint-Nazaire, sont vénérés, puis reviennent). Lors des Rameaux, les reliques de saint Lazare ne bougent pas, uniquement celles de saint Nazaire.
  • Saint-Lazare a, par la suite, été appelée "cathédrale", mais Jacques Madignier ne sait pas à partir de quand. Saint-Lazare n’est pas orientée, certainement en raison de la déclivité du terrain et du manque de place.

Le cloître canonial d’Autun

1. Aspect général et limites

C’est au plus tard au début du IVe s. que le siège de l’autorité épiscopale s’établit à l’intérieur du rempart gallo-romain. Le quartier ecclésiastique se concentra dans la partie NE de l’éperon, où furent construit la maison épiscopale, l’église mère, un baptistère, une église dédiée à Notre-Dame, une autre à la Sainte-Croix. Au VIe s. la cathédrale était dédiée à saint Nazaire et à saint Celse. Ce premier quartier disparut brutalement en 731, lors du sac de la ville par les Sarrasins. En un peu moins d’un siècle apparut un nouveau quartier qui allait déterminer l’organisation future de la ville haute : cathédrale Saint-Nazaire et bâtiments claustraux. Ce monasterium avait des dimensions réduites (pas plus de 50 m dans l’une ou l’autre dimension). Dans la première moitié du XIIe s., la rapide construction de Saint-Lazare (1124 à 1146) bouleversa l’aspect du quartier. Elle fut utilisée comme cathédrale à partir 1195.

2. Les bâtiments collectifs

Les bâtiments claustraux, au sud de l’ecclesia mater, étaient organisés autour de deux cours, dont l’une était le cloître proprement dit qui jouxtait Saint-Nazaire. Au XIIIe s., tout était encore en place, même si la vie collective avait été abandonnée. Mais les petites assemblées capitulaires se déroulaient désormais dans la partie droite du porche de Saint-Lazare, appelée pour cela capitellum.

3. Les maisons canoniales

Leur existence a suivi l’abandon de la vie collective à la fin du XIIe s. Les modes d’occupation étaient souples et empiriques, passant entre diverses mains cléricales ou laïques. Des artisans occupaient même certaines maisons. Au début du XIVe s., le chapitre contrôlait un ensemble immobilier de 20 à 30 maisons (le terme de domus canonicalis apparaît pour la première fois dans un extrait de compte de 1435/39), qu’il attribuait au chanoine moyennant un cens, dans les 20 jours suivant sa réception. À partir de 1483, pour éviter le délabrement du parc immobilier, les chanoines doivent acheter une maison dans le cloître et y résider. À leur mort, elle est revendue au profit du chapitre. Aucune maison n’est réservée aux dignitaires mais, à partir du XIIIe s., à des fondations pieuses.

4. Les cimetières du cloître

À partir du XIIIe s., le quartier de la cathédrale fut transformé en zone cimitériale, essentiellement au profit de Saint-Lazare, qui emporta la mise sur le monasterium. Ainsi, les chanoines longtemps restés fidèles aux sanctuaires du monasterium, envahirent le porche de Saint-Lazare à partir de la fin du XIIIe s. L’église elle-même devint à partir du XIIIe s. la nécropole épiscopale (de 1245 à 1500, 10 évêques sur 12 y furent inhumés). Les laïcs vivant dans le cloître pouvaient être enterrés sur la place du Terreau.

Questions et remarques:

  • Dernière mention du dortoir : XIIe s.
  • Le fait que des maisons du cloître soient allouées à des laïcs est anormal mais courant ; en revanche, que des artisans et notamment des bouchers y soient installés est original ; c’est normalement interdit.
  • Jacques Madignier précise qu’il y avait même un marché sur la place du Terreau, une foire, à l’intérieur du cloître donc. Une particularité autunoise peut expliquer cela, c’est que depuis la construction de St-Lazare, une rue publique traverse le cloître, alors que les terrains sont privés et appartiennent au chapitre. On a ainsi un cloître fermé traversé par une voie publique, et donc une situation complexe. À la fin du XVe s. les foires ont quitté le cloître et sont descendues dans la ville basse.
 

Les transferts épiscopaux (Vincent Tabbagh et Véronique Julerot)

Plusieurs tables rondes travaux ont eu lieu récemment sur ce sujet.

  • Vincent Tabbagh explique que les transferts épiscopaux sont rares au XIIIe s., que leur nombre augment au XIVe s. en raison de l’importance croissante de l’autorité pontificale, mais qu’au XVe s. (v. 1420-v. 1470), les prélats sont plus stables qu’au siècle précédent, en raion du retour à l'élection et du renouveau de l'image de l'évêque-époux de son Église. À la fin du XVe s. cependant, les épiscopats sont de plus courte durée et l’on en revient à davantage de transferts.
  • Véronique Julerot, dans son étude sur les désignations épiscopales sous Charles VIII, a trouvé 19 cas de transfert (15 par provision apostolique, 4 par postulation au cours d’une élection capitulaire), soit 19,5% de toutes les provisions ou élections recensées (97), concernant 21,1% des 90 candidats. À l’issue des conflits entre élus et pourvus, 8 candidats transférés (6 par provision apostolique, 2 par postulation) restent détenteurs de leur siège. Cela représente 22,8% des candidats vainqueurs. Il est clair que le transfert ne constitue pas la solution miracle pour avoir un siège, mais il occupe une bonne place aux côtés des autres modes de désignation. Remarquons qu’ils sont trois fois plus nombreux à avoir été transférés directement par volonté pontificale que par volonté canoniale. Le nombre de cas n’est cependant pas assez élevé pour permettre une conclusion définitive.
 

Atelier sur la base FEG

Problème d'utilisation de renseignements donnés par des notices non encore publiées :

Lorsque l'on utilise une notice biographique faite par un collègue et qui est disponible en interne dans la base de données, mais qui n'a pas encore été publiée dans un volume papier, il faut indiquer dans le champ "Bibliographie" la référence suivante : « Auteur du volume, Fasti du diocèse X, en cours » (sans indiquer de numéro de personnage). On peut éventuellement rajouter la référence bibliographique d'où provient l'information concernant son propre diocèse à propos de ce personnage, mais seulement si l'on s'est arrangé avec l'auteur de la fiche originelle pour avoir l'information précise, et s'il a donné son accord. Ne rien mettre dans le champ "Fasti".

Le champ "Cumul" :

  • Il ne faut pas y mettre deux qualités ensemble. Si l'on a 2 qualités, il faut faire 2 fiches cumuls différentes.
  • il faut indiquer les cumuls dans les collégiales de son propre diocèse. Il n'est pas obligatoire d'indiquer les canonicats dans des collégiales d'autres diocèses.
  • Le champ "Lieu" de la page Cumuls est à remplir ainsi : « Ville, dédicace de l'église » (par ex. : « Provins, St-Jacques ». Il n'est pas utile d'indiquer le nom de la ville s'il s'agit de la cité épiscopale.
  • A priori, on n'indique pas les chapellenies dans le champ Cumuls.

Comment indiquer la division des portions/terres ? (lorsque les chanoines n'ont pas un prébende mais une terre attribuée).

Il faut indiquer entre parenthèses « division des terres » après l'indication de la source dans le champ "Source". Lorsque cela correspond à une fin de canonicat, l'indiquer aussi dans le champ "Entrée/Sortie".

Permutation :

à indiquer dans le champ "Entrée/Sortie", pas dans le champ "Collation" (dans ce dernier champ, indiquer seulement l'autorité qui a autorisé la permutation : Ordinaire, pape).

Rappel sur les abréviations :

on peut créer des abréviations propres à un diocèse, mais elles doivent être validées, avant utilisation, par le responsable de la base de données (pour éviter les doublons).

 

Glanes de chanoines électeurs (Véronique Julerot)

Véronique Julerot a fait circulé une liste de tous les chanoines et évêques mentionnés dans les articles qu'elle a publiés, avec les références de ces articles. Cette liste et ces références se trouvent en pièce jointe.

Ce compte rendu a été établi par Christine Barralis et Véronique Julerot.

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 11 janvier 2008

 

Nouvelles

Le volume sur Poitiers paraîtra au printemps.

6 nouvelles abréviations sont utilisables dans la base FEG :

elles doivent être "collées" aux dates :

  • map = mort après
  • nap = né après
  • mav = mort avant
  • nav = né avant
  • mca = mort circa
  • nca = né circa

Que mettre dans la page "Informations du diocèse" ? Il faut indiquer les différences existant entre la base FEG et le volume papier. Par exemple, pour "Sources", vous devez cocher Oui ou Non : cela revient à dire si, oui ou non, la liste des sources (indiquée dans le volume papier) est disponible sur la base FEG.

"En-têtes de listes chronologiques" = si vous ne souhaitez pas reprendre les chapeaux de présentation insérés dans les volumes précédents pour chacune de ces listes, vous pouvez saisir un texte personnalisé.

Dans la future base Brepolis de consultation payante, on pourra étendre les recherches à la parenté. Il n’y aura pas identité entre elle et l’actuelle base FEG.

Deux thèses ont été soutenues avec succès :

  • Delphine Lannaud, Les évêques des diocèses bourguignons à la fin du Moyen Age (1415-1515).
  • Marie-Laure Jalabert : Autour du Livre vert : idéal et réalités de la seigneurie des archevêques de Narbonne, de Gilles Aycelin à Pierre de La Jugie (1290-1375).

Entrée de 3 livres dans la bibliothèque :

  • Carreiras eclesiasticas no Occidente Cristao
  • Fasti Ecclesiae Scotticanae
  • Kristiane Lemé : Les stalles de la cathédrale d’Amiens

 

Projet européen

Il existe plusieurs programmes européens dans lesquels les « Fasti Ecclesiae Gallicanae »pourraient s’intégrer. Le premier objectif que l’équipe s’était fixé, consistait à postuler dans le programme Infrastructure. Mais les chances de sélection étaient très minces ; on a donc choisi de se tourner vers un autre projet intitulé eContenplus, géré à Luxembourg-Ville.

L’appel d’offres de ce dernier est attendu pour juin 2008, avec dépôt de dossier en octobre. Une réunion a eu lieu en septembre à Paris avec les futurs partenaires, portugais, hongrois et croate ainsi que notre éditeur, Brepols. Il est apparu nécessaire de ne pas se contenter de présenter un projet centré sur la prosopographie, mais d’inclure d’autres corpus documentaires fondés sur les textes et les images, voire le son. Notons que notre logiciel a été demandé par les équipes hongroise et croate. Dans le but de le transmettre avec plus de sécurité et de le protéger, Stéphane Raux a repris l’écriture du code source et un dossier de déclaration d’invention a été déposé en vue d’obtenir une licence Cecill.

Le désir de travailler ensemble, même en cas de rejet du projet européen, a conduit à explorer la voie des GDRE, Groupe de Recherche Européen.

 

Notice institutionnelle du diocèse de Strasbourg, par Benoît Jordan

(N.B. : ce qui suit n'est pas un compte-rendu mais la copie du document diffusé par B. Jordan lors de la réunion).

Historiographie

Sources

Le fonds du grand chapitre est divisé en deux parties, conservées l’une aux Archives de la Ville et de la Communauté Urbaine de Strasbourg, l’autre aux Archives départementales du Bas-Rhin. D’une manière générale, les décisions du chapitre n’ont pas fait l’objet de transcriptions avant la fin du XVe siècle. Il n’y a pas de série constituée avant 1521 ; un seul registre est antérieur à cette date. On ne dispose pas non plus de listes de présence pour le Moyen Age.

AVCUS
  • 117 Z 1 : acta capituli ecclesie argentinensis (1452-1463). Selon Ph. Lorentz, ce registre consignant les faits marquants de la vie capitulaire peut être considéré comme « l’ébauche d’un registre de délibérations capitulaires » : audition de comptes, réception de chanoines ou de chapelains, copies d’attestation d’hérédité…
  • 117 Z 76 : cartulaire du chapitre. (XIIIe-XVe s.). Les actes concernant des biens à Strasbourg ont été publiés dans l’Urkundenbuch. Le plus ancien acte transcrit date de 1281 ; la majorité des actes est du XIVe s.
  • 117 Z 82 : liber missivarum variarum (1466-1481). Le secrétaire se réfère aux décisions capitulaires.
  • 117 Z 164 : actes isolés antérieurs à 1500.
  • 117 Z 194 : liber presentationum beneficiorum sive prebendarum curie thesaurarii ecclesie argentinensis (1426-1521).
  • 117 Z 196 : liber investiturarum (1470-1511).
  • 117 Z 198 : pièces isolées relatives à des fondations et des bénéfices (six pièces antérieures à 1500, dont une invitation faite à Etienne, comte palatin, nommé chanoine, à venir prêter serment - 1456).
  • 117 Z 213-216 : pièces isolées concernant les propriétés, les fondations, les bénéfices.
  • 117 435-437 : Küchenbücher (libri coquinae), ou listes de distribution (1451). Le 117 Z 436 (1451) donne une liste des membres du chapitre ainsi qu’une esquisse d’arbre généalogique de Henri de Henneberg, avec cette particularité d’indiquer uniquement les femmes à partir de la deuxième génération. Le 117 Z 437 donne la liste des dignités avec les nominations à différentes prébendes ou fonctions réservées aux titulaires de chaque dignité.
ADBR
  • G 2733 : cartulaire dressé en 1347 sur ordre du doyen Jean de Lichtenberg. La seconde partie de ce cartulaire a disparu, mais a fait l’objet d’une table dressée en 1787 (par J. J. Oberlin), conservée à la BNF, ms lat. 10934.
  • G 3463-3466 : Antiqua registratura : transcription intégrale d’actes anciens, réalisée au XVIe s.
  • G 3467 : liber coquinae (XIVe s.).
BNUS

Ms 5213 : liber coquinae (1418) avec liste des distributions en argent et en nature ; texte des serments que les nouveaux chanoines et dignitaires doivent prêter ; liste des bénéfices à la collation de l’évêque et des dignitaires ; liste des cours domaniales.

 

Bibliothèque humaniste de Sélestat

Ms 91 : Manuscrit de Melk. Ce manuscrit écrit vers 1224-1227 tient son nom de l’abbaye autrichienne qui le possédait avant son rachat par la bibliothèque humaniste de Sélestat au début du XXe siècle. Il a été publié en plusieurs articles dans le Urkundenbuch der Stadt Straßburg, t. IV/1. Il se compose d’un obituaire (dressé vers 1228 et complété jusque vers 1270) et d’un censier et registre de distributions pour la même époque. Y ont été ajoutées des actes divers, sans ordre, statuts capitulaires, fondations pieuses, transfert de cours claustrales, sur une période allant jusqu’au XVe s. Aussi porte-t-il le nom de liber regulae.

 

Folios Analyse (référence dans USS, IV/1)
54 Trois décisions du chapitre sur les fêtes à célébrer à la Sainte-Marguerite, à la Saint-Henri (empereur), et sur l’administration des prébendes vacantes (40).
54 Attribution de revenus au curé de Molsheim par l’évêque Berchtold – 1233 (45).
93-94 Etat des revenus en nature et en argent, au profit des chanoines (26).
94-95 Commutationes vel concambia quarundam oblationum, que selgerete nuncupantur, breviter statuimus annotare, ne anime fidelium in anniversariis earum debitis vigiliarum et missarum officiis privarentur et ne portarius negligentia vel alii canonici ejus arguerentur (27).
95-97 Descriptio quorundam arealium infra civitatem sitorum ad oblations, que vocantur Selgerete, pertinentium (25).
97 Descriptio arealeum et domorum infra civitatem partim ad communes usus fratrum partim ad cenam pertinencium, que ex parte inter arealea superius scripta descripsimus, que iterum propter specialem pertinentiam describemus (29).
98-99 Item descriptio allodiorum extra civitatem sitorum ad communes usus ad cenam pertinencium (30).
99 Hic continentur feoda, de quibus olim dabantur servicia, sed modo dantur denarii, qui dicuntur dienstphenninge (31).
99-100 Annotations sur des revenus en argent et en nature dus par des particuliers (32).
100-102 Nota. Hec sunt bona, que sita sunt extra civitatem, de quibus dantur denarii frumentum et vinum, que pertinent ad selgerete et portarius debet dividere fratribus (33).
102 Annotations sur les distributions en nature à effectuer pour l’entretien du réfectoire par le pincerna et le cellérier (34).
102-103 Annotations sur les distributions que doit faire le portier (35).
104-105 Hic continentur qui habent arealea de Selgerete intra civitatem sita et dant censum debitum (28).

Les actes émanant du chapitre ou reçus par lui ne donnent que rarement le nom des individus qui le composaient. Bien souvent, la mention des membres est globale, seul le nom d’un ou de deux dignitaires étant précisé. En revanche, un certain nombre d’actes conservés dans des fonds divers ont été publiés dans le Urkundenbuch der Stadt Straßburg, pour la période antérieure à 1400 ; ils intéressent des chanoines à titre individuel. Les Regesten der Bischöfe von Straßburg dont le tome II porte sur la période 1202-1305, contiennent un certain nombre d’analyses intéressant le chapitre.

 

Bibliographie

Le sujet a été étudié dans ses grandes lignes à travers trois thèses :

  • Adam VETULANI, Le grand chapitre de Strasbourg des origines à la fin du XIIIe siècle, Strasbourg, 1927, X-108 p. (collection d’études sur l’histoire du droit et des institutions de l’Alsace, t. II).
  • Jean ROTT, Histoire du chapitre cathédral de Strasbourg au XIVe et au XVe siècle, dactyl., 1932, thèse d’école des Chartes.
  • Philippe LORENTZ, Les chanoines de la cathédrale de Strasbourg aux XVe et XVIe siècles, dactyl. 1988, thèse d’école des Chartes, la seule qui se place dans la perspective prosopographique.

Dans un article paru en 1970 (Archives de l’Eglise d’Alsace), René Levresse publie plusieurs listes de chanoines entre le XIe et la fin du XVIe siècle. Le même auteur a rapidement étudié les custodes de la cathédrale au XIIIe siècle : « Les custodes de la cathédrale de Strasbourg au XIIIe siècle » (AEA, 1985, p. 19-24).

  • Urkundenbuch der Stadt Straßburg (avant 1400), 7 t.
  • Regesten der Bischöfe von Straßburg, ed. Alfred Hessel und Manfred Krebs, Innsbruck, 1924-1928 (t. II : 1202-1305).
  • LEVRESSE, René, « les suffragants de Strasbourg », AEA, 1974, p. 13-19.
  • RAPP, Francis, Réformes et réformation à Strasbourg, Paris, 1974.
  • RAPP, Francis, « les évêques auxiliaires à la fin du Moyen-Âge dans les diocèses de Constance, Bâle, Strasbourg et Spire », ds Les prélats, l’Eglise et la Société, XIe-XVe siècle. Hommage à Bernard Guillemain, Bordeaux, 1994, p. 109-117.
  • LEVRESSE, René-Pierre, « Les origines de l'officialité épiscopale de Strasbourg, au XIIIe siècle », AEA, 1986, p. 1-54.
  • - Id., «L'évolution historique de l'officialité de Strasbourg, (XIIe-XVIe siècle), la rançon du succès », AEA, 1988, p. 67-86.
  • - Id., « Les causes internes de la ruine de l'officialité », AEA, 1992, p. 79-149.
  • - Id. « L'officialité épiscopale de Strasbourg : son organisation », AEA, 1993, p. 117-179.
  • WERCKMEISTER, Jean, « les capitulations des évêques de Strasbourg du XIIIe au milieu du XVe siècle », AEA, 1974, p. 21-45.
  • JORDAN, Benoît, « Le Bruderhof, les cours capitulaires et les chanoines de la cathédrale au Moyen Age », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, t. XXV, 2000, p. 165-177.

 

Géographie et histoire du diocèse

Le diocèse de Strasbourg s’étend sur une bonne partie de la Basse-Alsace, mais laisse le nord de la forêt de Haguenau, au-delà de la rivière du Seltzbach, au diocèse de Spire. Il possède une enclave dans le diocèse de Bâle qui couvre la Haute-Alsace : la région de Lautenbach, dans la vallée de Guebwiller, relève de sa juridiction. A partir du VIIe siècle, des localités sur la rive droite du Rhin, formant l’Ortenau, dépendent de l’évêque de Strasbourg. Du côté occidental, les limites avec les diocèses de Metz et de Toul ont connu des variations importantes, notamment à l’époque carolingienne : l’autorité du prélat messin s’étend alors jusqu’à Neuwiller-lès-Saverne. Plus tard, les limites varient dans la haute vallée de la Bruche et en Alsace bossue. C’est ainsi que le diocèse est voisin des diocèses de Spire, de Metz, de Bâle, de Constance. Il faut également rappeler que l’évêque, en tant que prince territorial, est propriétaire de la région de Rouffach, depuis Soultz jusqu’à Eguisheim, son voisin bâlois en étant le supérieur au spirituel. Enfin, le siège de Strasbourg est suffragant de l’archevêché de Mayence, dont l’autorité est théorique.

L’évêché de Strasbourg

Un siège épiscopal existe à Strasbourg (Argentoratum) au IVe siècle La ville reste jusqu’au XIIIe sous l’autorité seigneuriale de l’évêque. En 1262, au terme d’une guerre ouverte, les troupes de l’évêque Walther de Geroldseck sont battues à Hausbergen et la ville, par un accord scellé l’année suivante, se voit reconnaître une totale autonomie. Strasbourg est désormais ville de l’Empire. L’évêque n’apparaît plus qu’épisodiquement dans les murs de la ville. Cela se manifeste par l’absence de palais épiscopal. Le Fronhof (sur la place au sud de la cathédrale) apparaît au XIVe siècle comme un centre administratif plus que comme une résidence : l’évêque Jean de Dirpheim loue un hôtel comme résidence, le futur Luxhof. Les prélats résident plus volontiers à Saverne, à Molsheim ou au château du Haut-Barr.

La cathédrale

Une première cathédrale existait peut-être à l’époque mérovingienne. Le poète Ermold le Noir, exilé en Alsace par Louis le Pieux, donne dans un long poème une description d’un édifice en bois, sans doute celui qui est détruit en 1002 lorsque le duc de Souabe Hermann attaque la ville et l’incendie pendant la guerre liée à l’élection de l’empereur Henri II. L’évêque Werhinari ou Werner, membre de la famille appelée plus tard de Habsbourg, commence en 1015 la reconstruction d’un édifice aux dimensions exceptionnelles. Des travaux de consolidation de la tour nord du massif occidental ont permis, dans les années 1912-1925, d’identifier les fondations de 1015 : la cathédrale de Werhinari avait les dimensions de l’édifice actuel.

Cette cathédrale est reconstruite à partir des années 1160. Vers 1240, le chœur et le transept sont achevés. C’est à ce moment que l’art gothique fait irruption dans le monument avec les tympans du croisillon sud et le pilier des anges. La construction de la nef, entre les années 1240 et 1275 consacrent l’épanouissement du style gothique rayonnant. Entre 1277 et les années 1390, on élève en plusieurs étapes le massif occidental jusqu’à la plate-forme. La construction de la tour octogonale et de la flèche intervient entre 1399 et 1439.

 

Les collégiales

Les collégiales existant dans le diocèse recrutent leurs membres dans un milieu socialement différent de celui du chapitre cathédral. On les donne ici pour mémoire  :

À Strasbourg :

  • Saint-Thomas
  • Saint-Pierre-le-Vieux (déplacé de Honau à Rhinau, puis à Strasbourg en 1398)
  • Saint-Pierre-le-Jeune
  • L’oratoire de la Toussaint, plus modeste (fondé en 1327)

Hors de Strasbourg :

  • Saint-Adelphe à Neuwiller-lès-Saverne
  • Saint-Léonard à Boersch, dont le chef est le prévôt de la cathédrale
  • Saint-Florent de Niederhaslach
  • Saint-Arbogast de Surbourg

Un corps ecclésiastique, bien que n’étant pas défini comme un chapitre, intéresse de près les chanoines : le grand chœur, établi à la cathédrale, dont les membres dotés de prébendes sont chargés d’assumer un office délaissé par les chanoines. Une confraternitas est signalée à la fin du XIIIe siècle. En 1364, le grand chœur compte 64 membres qui obtiennent en 1414 le droit de porter l’aumusse et le bonnet en peau d’écureuil à l’instar des chapitres de Saint-Thomas, Saint-Pierre-le-Vieux et Saint-Pierre-le-Jeune. A la tête de cette institution figure le roi du chœur, une dignité qui aurait été créée par l’empereur Henri II en 1012. En 1437, le corps des prébendiers se dote de sept députés, chargés de représenter leur communauté auprès des chanoines qui conservent le contrôle de leur gestion. Jamais le grand chœur n’obtiendra une totale autonomie de la part des chanoines pour qui ses membres, malgré leurs qualités personnelles, restent de simples vicaires – voire de simples serviteurs. Les prébendiers fonctionnent d’une manière identique à celle d’un chapitre, avec répartition des revenus, tenue de comptes, biens communs et siège administratif (le Gürtlerhof).

L’organisation diocésaine

L’évêque s’entoure d’administrateurs qui forment son gouvernement au spirituel et au temporel. La part que les chanoines prennent à ce gouvernement entre 1250 et 1500 se résume le plus souvent à un exercice de contrôle et à des prétentions parfois assouvies, parfois agitées sans résultat. Notons que l’archevêque de Mayence n’intervient pas ou très peu dans le diocèse de Strasbourg. Il fait un essai d’imitions en 1300, mais il échoue face à un soulèvement de l’ensemble du diocèse.

 

Les suffragants

Les suffragants, évêques in partibus, ne sont jamais issus du chapitre cathédral, sauf une exception, en 1297. Avant 1450, on ne trouve guère que des religieux avec une prédominance pour les Mendiants, Dominicains ou Franciscains. Il faut dire que le couvent des Prêcheurs de Strasbourg est particulièrement brillant au long du Moyen Age, avec notamment la figure d’Albert le Grand.

La curia, le vicarius in spiritualibus ou vicarius in pontificalibus

La curia est dirigée par l’official, office cité à partir de 1230. Là encore, les chanoines en sont absents. Mais l’importance acquise progressivement par cet organe de gouvernement explique qu’en 1299, le chapitre tente de le placer sous leur contrôle. A cette date, l’évêque Frédéric de Lichtenberg, avant d’être élu, doit s’engager à nommer official un chanoine. A partir de 1346, l’évêque choisit un clerc hors du chapitre cathédral. Quant à la fonction notariale de l’officialité, incarnée par le sigillifer, elle passe progressivement sous le contrôle du gouvernement de la ville de Strasbourg : à la fin du XIVe siècle, le garde-scel peut être considéré comme un employé de la ville.

Les archidiacres

La première mention d’archidiacres figure dans un acte de 1109. Cette fonction a pu trouver son origine – ou bien être amalgamée – dans celle des Chorepiscopi, sortes d’évêques suffragants chargés d’administrer au spirituel un secteur déterminé du diocèse, voire même de seconder directement l’évêque titulaire. Les archidiaconats sont cités pour la première fois dans un acte de 1107. Au nombre de sept, ils sont détenus par des chanoines qui se partagent ainsi la juridiction épiscopale.

  • Infra Sornam et Matram : entre la Zorn et la Moder, archiprêtrés de Haut- et Bas-Haguenau (incorporé au doyenné en 1415)
  • Infra Rhenum et Matram : entre le Rhin et la Moder (incorporé au doyenné en 1415)
  • Ville de Strasbourg et sa banlieue, dit de Saint-Laurent (rattaché à l’office du trésorier)
  • Ultra Rhenum : Outre-Rhin, archiprêtrés de l’Ortenau : Lahr, Ottersweier, Offenburg
  • Per Marchiam : entre la Zorn et la Bruche, archiprêtrés de Bettbur et Molsheim
  • Entre l’Ill et le Rhin : doyennés de Benfeld et de Valf – ou Ill et Andlau (rattaché à la prévôté)
  • Archidiaconat cathédral : archiprêtrés d’Obernai et de Sélestat.

Alors que la fonction d’archidiacre reste active dans le diocèse de Bâle, il semble qu’elle soit réduite, pour le diocèse de Strasbourg au XVe siècle, à un complément de revenus au profit des chanoines.

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 28 juin 2002

 

Informations générales

Le programme des Fasti Ecclesiae Gallicanae se poursuit désormais dans le cadre d’un nouveau GDR, intitulé SALVE (= Sources Acteurs et Lieux de la Vie religieuse à l’Epoque médiévale) et placé sous la direction d’Hélène Millet. Créé sous le code GDR 2513, il comporte sept autres programmes :

  • Sanctuaires et pèlerinages (C. Vincent)
  • PREALP (D. Rigaux)
  • L’Eglise et les fidèles du Midi (M. Fournié et D. Le Blévec)
  • Actes des évêques (M. Parisse)
  • Archives de la papauté (F. Bougard)
  • Réguliers et réseaux (A. Dubreucq)

Deux entreprises du programme « Archives de la papauté » placées sous l’égide de l’EFR nous intéressent au premier chef :

  • l’informatisation des lettres pontificales. Une étape considérable vient d’être franchie avec la publication du premier CD-Rom Ut per litteras apostolicas. Janine Mathieu est d’ores et déjà au travail pour préparer les suivants.
  • l’informatisation du fichier Lesellier. Son propriétaire, la communauté de Saint-Louis-des-Français a demandé à l’EFR d’en être le maître d’œuvre et celle-ci a passé contrat avec l’IRHT et le GDR pour la conception d’une application sous ACCESS et la saisie des données. Marie-Elisabeth Boutroue (IRHT), Laurent Vallière et Hélène Millet ont uni leurs efforts pour la mise au point de l’application ; elle sera opérationnelle à l’automne. Le chantier est donc ouvert à tous ceux qui le souhaitent. Un système de rémunération par vacation ou par bourse de l’EFR est prévu. Ne manquez pas de vous signaler si vous êtes intéressés.

A l’étranger aussi, les Fastes font recette. Nos collègues portugais ont obtenu le financement d’un programme de recherche sur trois ans. Ils l’ont exposé lors d’une session au Medieval International Congress de Leeds où ont été conviées Diana Greenway (pour les Fasti Ecclesiae Anglicanae) et Hélène Millet. Le numéro de 2003 des Quaderni di Storia religiosa portera sur Capitoli e canonici nel medioev,o avec un article pour rendre compte de l’état de la recherche en France.

Sont en cours de préparation pour une parution à l’automne les volumes sur Rodez (Matthieu Desachy) et Mende (Philippe Maurice). Ils ont donc doublé Angers pour lequel François Comte ne parvient pas à combler son retard. Sées est aussi candidat à une publication prochaine.

Les convocations aux prochaines réunions seront désormais envoyées, sauf impossibilité, par courrier électronique. Merci de signaler votre adresse à Mme Martin.

Il serait bon que de nouvelles bonnes volontés se manifestent pour aider aux divers travaux d’intérêt général : classement des livres de la bibliothèque, gestion de la « Boîte », rédaction des comptes rendus etc.

Diocèse et chapitre de Maguelone.

Daniel Le Blévec a résumé la journée d’étude qui s’est tenue le 13 décembre dernier aux archives départementales de Montpellier. Les communications ont permis une synthèse large, fondement de nombreux travaux futurs, même si bien des interrogations demeurent au sujet de cet évêché situé dans la partie orientale de l’actuel Hérault et dont l’existence fut relativement courte, puisque attesté pour la première fois en 589, il disparut de la carte en 1536, avec le transfert de son siège à Montpellier.

Les contraintes du milieu insulaire ainsi que la proximité de la ville de Montpellier ont largement marqué son histoire. L’université montpelliéraine a ainsi permis l’utilisation de personnel de bonne formation, y compris au plus haut niveau, mais il faut constater que la tutelle de l’évêque y a toujours fait l’objet d’une grande résistance. Plus localement, les liens constants entretenus avec le consulat, à partir du XIVe siècle, ont entraîné la présence de documents importants aux archives municipales, alors que le fonds de la cathédrale n’a pas encore été exploité systématiquement.

La position du diocèse en a fait un enjeu pour la royauté comme pour la papauté ainsi que l’a montré le cas de l’évêque Jean de Montlaur (1160-1190) qui paraît avoir privilégié les liens avec les Capétiens plutôt qu’avec le pape. Cette attitude lui fit d’ailleurs perdre un appui précieux dans le rude et long conflit qui l’opposa au prévôt du chapitre et aux chanoines.

Les chanoines de Maguelone constituaient un chapitre augustin, dont l’étude des Lettres Communes permet d’estimer la relative richesse, avec pas moins d’une trentaine de prieurés cures. Pour la connaissance de la vie quotidienne de la communauté, il faut souligner l’intérêt exceptionnel de statuts rédigés sous l’évêque Jean de Vissec, canoniste mort en 1334. D’une grande ampleur, ils comprennent 107 chapitres et peuvent être rapprochés de ceux de Saint-Victor de Marseille, même s’ils sont beaucoup plus détaillés. On s’interroge encore sur les motivations exactes de leur rédaction.

Un colloque sur la montagne

Michelle Fournié nous a rapidement informés du déroulement du colloque international Religion et Montagne en Europe de l’Antiquité à nos jours, qui s’est déroulé du 30 mai au 2 juin à Tarbes. Les actes de cette réunion axée sur la montagne sacrée et sa topographie ainsi que sur les rapports entre clergé et fidèles, devraient permettre de mieux cerner les éventuelles spécificités montagnardes.

Notice institutionnelle du chapitre d’Évreux

Annick Gossé-Kischinewski a fait part de l’état de ses recherches sur le diocèse d’Évreux qui comptait en 1370 473 paroisses. Des zones d’ombre subsistent, dues en grande partie à des travaux antérieurs incomplets voire erronés et à des incendies ravageurs. Tout ceci explique les difficultés actuelles (combien au juste le chapitre comptait de prébendes ? quel était le montant de la taxatio ? comment étaient les maisons canoniales ?), ainsi que la persistance de notions quasi légendaires faisant la part belle à Rollon. Mme Gossé-Kischinewski a largement déblayé le terrain mais apprécierait toute aide lui permettant d’avancer dans ses recherches.

L’Helvetia Sacra : quel regard sur les chapitres cathédraux suisses ?

Bernard Adenmatten nous a présenté l’Helvetia Sacra, entreprise née au début des années 1960 mais encore peu connue en France. L’Helvetia Sacra traite de l’ensemble des établissements ecclésiastiques helvétiques sans se limiter aux seules institutions diocésaines. L’accent y est mis sur les notices biographiques qui représentent à peu près les deux tiers des ouvrages, le principe retenu étant d’accorder à chaque individu autant de notices qu’il a rempli de fonctions. Ces notices ne concernent pas les simples bénéficiers. Cette volonté parfois discutée a permis à cette collection de se développer rapidement, malgré des contraintes telle que la nécessité de toujours user de la langue officielle des lieux concernés. Le premier volume parut en 1972, le dernier est prévu pour 2007, après l’évocation de 12 diocèses.

Contrairement à ceux des Fasti, les volumes de la collection couvrent une période extrêmement longue, puisqu’il s’agit d’aller des origines à nos jours. Ce choix s’explique par le rôle encore très important que joua l’Église dans les terres d’Empire après le Moyen Âge.

La collection se caractérise par une grande attention portée aux archives dont les fonds bénéficient de descriptions détaillées. La dispersion des archives est telle qu’on ne peut négliger les archives se trouvant à Turin, Annecy, Innsbruck ou Vienne. L’entreprise déborde donc largement du cadre de la Suisse.

Chronique de la finition d’un fascicule

Les problèmes que rencontrent les auteurs des Fasti aux derniers stades de leur travail ont été évoqués par Matthieu Desachy, à propos de son volume consacré au diocèse de Rodez. Il a insisté sur l’importance des tirages papier qui permettent les relectures et peuvent éventuellement être les bienvenus lors de difficultés informatiques. Il ne faut pas négliger non plus l’intérêt qu’il y a à parler de ses « cumulards » aux spécialistes des diocèses concernés, l’utilité de penser à faire une carte facilement lisible sans s’y pendre au dernier moment, et la nécessité de savoir s’arrêter en faisant abstraction d’éventuelles découvertes postérieures. Concernant le diocèse de Rodez en particulier, Matthieu Desachy a évoqué également la question de la graphie des patronymes, question aiguë pour le Midi. A ce sujet, il n’est pas inutile de rappeler que, quelle que soit la solution envisagée sur ce point, il est nécessaire de s’y tenir de façon cohérente et d’en avertir clairement le lecteur.

Les représentations picturales des chanoines

Faire la connaissance de visu d’un chanoine de Laon, telle a été l’expérience à laquelle nous avons été conviés par Inès Villela-Petit, grâce à son identification en tant que commanditaire d’un retable conservé au musée municipal de cette ville. Sur un panneau issu d’un triptyque qui devait surmonter initialement l’autel de la chapelle de la Madeleine est représenté le donateur, un chanoine portant une chape taillée dans un précieux brocart et une aumusse de petit gris. Il tient un bâton cantoral en forme de tau orné de pierres précieuses. Par une datation plus précise de ce retable, l’examen de ses dimensions et l’étude des registres capitulaires, Inès Villela-Petit est parvenue à identifier le chantre Pierre de Wissant, peint alors qu’il était âgé d’environ 70 ans, vers 1410.

De telles représentations de chanoines sont nombreuses, surtout au XVe siècle marqué par l’accroissement des commandes. Le chanoine, surtout à partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, y est caractérisé par la présence de l’aumusse, généralement portée repliée sur le bras gauche. Le chantre est représenté avec son bâton cantoral dont la forme n’était pas encore fixée au XIIIe siècle. Il pouvait être alors soit fleuronné, soit fini par un pommeau ou par un tau. Par la suite, le tau l’emporta sans toutefois éliminer des formes plus recherchées. Les portraits collectifs ne sont pas toujours exempts de signes permettant d’identifier quelques chanoines, comme la représentation de clefs pour désigner un trésorier. Mais ils avaient pour objet d’évoquer l’unité du chapitre, alors que les portraits individuels étaient là comme offrande et hommage du chanoine à son église.

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Contenu du volume :

  • pages approx. 450 p., 156 x 234 mm

 

 

La période actuelle est marquée par bien des incertitudes, mais le rythme de nos activités ne faiblit pas et on le doit à l’implication des membres des Fasti Ecclesiae Gallicanae. Le 25 mars 2022, nous avons pu tenir notre journée annuelle, désormais placée au Campus Condorcet (Aubervilliers), dans des conditions normales. Nous avons rendu hommage à notre regretté collègue Charles Vulliez, décédé en 2021. Le thème abordé lors de la journée portait sur « Les chanoines et la violence », sous la direction de Sébastien Fray. Les communications proposées seront publiées. La journée fut aussi l’occasion d’une présentation du programme et de la base Aposcripta par Julien Théry. L’affaire, soutenue par l’IRHT, un partenaire historique des Fasti, concerne les lettres pontificales et envisage leur recension aussi exhaustive que possible, tout particulièrement à partir des fonds locaux. C’est là que l’équipe des Fasti, au fur et à mesure de l’avancée de chaque volume et des dépouillements qui lui sont nécessaires, peut apporter une précieuse collaboration. Il conviendra de cultiver le lien entre les deux équipes. Par ailleurs, la collection sœur des Fasti Ecclesie Portugaliensis commence à se mettre en place, grâce aux bons offices de Loes Diercken pour les Éditions Brepols et de nos collègues des universités d’Evora et de Lisbonne, notamment. Notre propre collection est en bonne voie, avec un programme de parution à long terme : Cambrai prévu pour 2023 (Monique Maillard-Luypaert), Verdun pour 2024 (Michaël George), Beauvais pour 2025 (Sofiane Abdi), Aix- en-Provence (Noël Coulet) qui pourra sans doute s’insérer dans cette triade, puis viendront les tomes d’Aoste (Paolo Buffo), Orléans (Amandine Le Roux et Paul Chaffenet, dans la continuité du travail accompli par Charles Vulliez et en hommage à son œuvre scientifique), Le Puy (Sébastien Fray), qui se profilent entre 2026 et 2028. Quant à la base de données, elle évolue progressivement. Une page de ressources en ligne est désormais accessible à partir de notre site internet, l’essentiel restant réservé aux membres de l’équipe et constituant une plate-forme d’échanges d’informations, de sources, de documents inédits. On doit ces évolutions à Ahmad Fliti. Grâce aux fonds de notre association, une aide aux doctorants a été mise en place cette année 2022 et un appel à candidatures lancé. Espérons qu’elle pourra accompagner les recherches portant sur nos chapitres cathédraux, malgré sa modestie. Enfin, le volume d’hommages à Jean-Michel Matz, auquel participent plusieurs membres des Fasti et qui est dirigé par notre collègue Isabelle Mathieu de l’université d’Angers, est désormais achevé et il sera bientôt présenté à un éditeur. Outre sa propre collection de monographies, les Fasti induisent tout un faisceau de travaux d’édition – on songe à la collection des « Documents nécrologiques » de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et à ses obituaires de chapitres cathédraux, par exemple – et de publications diverses, de manifestations scientifiques de toute échelle, de collaborations internationales. Dans l’année 2023, les nouveaux locaux du CERCOR pourront accueillir une bibliothèque des Fasti que nous espérons voir dotée d’un catalogage et de réper- toires de ressources efficaces. Elle aura été accrue du don de la bibliothèque de Charles Vulliez grâce à l’amabilité de ses héritiers et aux bons soins de Michel Sot. Enfin, l’organisation à Saint-Étienne du congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, en mai 2024, sera aussi l’occasion de mettre en valeur l’activité des Fasti. Plus que jamais, notre équipe se prolonge en école, même si la question de l’avenir reste en suspens, tant les études médiévales en général souffrent du contexte de contraction des dépenses et de disparition des emplois publics et peinent à attirer des doctorants et de jeunes chercheurs.

Ce volume consacré au diocèse de Troyes est le fait de Sandrine Legendre, également spécialiste du chapitre cathédral de Besançon au XVe siècle. En dépit de ses activités professionnelles très prenantes et de ses lourdes charges d’enseignement, cette docteure en histoire du Moyen Âge a su mener à son terme son travail et l’on ne peut que joindre notre admiration à nos remerciements. Il s’agit du troisième tome concernant la province ecclésiastique de Sens, déjà éclairée par deux parutions, que l’on doit à Vincent Tabbagh, pour le diocèse métropolitain et celui d’Auxerre. Le présent ouvrage propose les notices de dix-neuf évêques de Troyes et « de plus de sept cent cinquante auxiliaires, dignitaires et chanoines du chapitre cathédral », ainsi qu’une étude du quartier de la cathédrale, autour des grand et petit cloîtres. La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, dont la reconstruction s’échelonne du XIIIe siècle à la fin du XVIe siècle, la maison épiscopale et les bâtiments annexes sont l’objet de développements de synthèse recourant également à des fonds inédits. L’auteure fournit aussi une notice sur la bibliothèque capitulaire. En outre, ce tome dresse un catalogue détaillé d’une trentaine de sceaux du chapitre Saint-Pierre et de l’officialité, grâce à la contribution d’Arnaud Baudin. Il s’agit d’un premier corpus établi à partir d’inventaires disponibles, qui offrira un indispensable outil aux recherches à venir. Quand les sources l’autorisent, on ne peut qu’encourager ce type de chapitre pour les ouvrages à paraître dans notre collection.

L’important diocèse de Troyes, placé au cœur d’une région riche de ses échanges économiques, de sa proximité avec le domaine capétien, a généré un milieu clérical original. Son chapitre cathédral est un puissant propriétaire urbain. Urbain IV est issu de la cité champenoise. Ses évêques, au début de la période issus de la noblesse champenoise tel Garnier de Traînel, gravitent dans l’entourage comtal puis dans celui du roi, particulièrement à compter de Jean de Nanteuil et du bénédictin Guichard, proche de la reine Jeanne de Navarre. On dénombre des gradués, en théologie comme Hervé, en droit avec Jean d’Auxois. Plusieurs d’entre eux sont de proches collaborateurs de la monarchie et mènent de riches carrières bénéficiales. Les grands commis de l’État royal sont fréquents à partir du XIVe siècle : Guillaume Méchin est conseiller, tout en ayant ses entrées à la curie de Jean XXII, Jean d’Aubigny œuvre à la Chambre des comptes, Pierre d’Arcis au Parlement, Étienne de Givry semble un proche de Guillaume de Dormans. Le prêcheur Pierre de Villiers exerce comme confesseur de Charles V. On ne s’étonne pas non plus de voir passer sur le siège de Troyes, ville si active dans les échanges, un fils de changeur tel Jean Braque, voire de surprendre Guichard tremper dans des affaires de malversations financières aux contours également politiques. Les prélats se préoccupent des établissements réguliers de leur diocèse, notamment ceux des moniales, ainsi que des hôpitaux, dans une région où les réseaux monastiques sont fort denses. Ils sont attentifs au culte des reliques, en acquièrent de prestigieuses, tout en bataillant au sujet de celle du suaire face à la collégiale Notre-Dame de Lirey au milieu du xive siècle. Mais les évêques de Troyes sont aussi accaparés par de récurrentes difficultés qui grèvent les ressources de l’Église locale et leur cassette personnelle. Le chantier de reconstruction de la cathédrale et son financement les occupent durant toute la période. Henri de Poitiers, tout comme Louis Raguier, pâtissent de l’exposition de leur diocèse aux conflits de la guerre de Cent Ans, ils s’investissent eux-mêmes dans la mise en défense et les opérations militaires.

Le clergé cathédral de Troyes présente un faciès spécifique, qui le rapproche évidemment des sièges voisins du domaine royal, comme Sens ou Auxerre. Mais la situation du diocèse, auprès des zones de divers conflits au XVe siècle, place ses prélats et ses dignitaires dans une situation politique délicate, non exempte de louvoiements et de subtils équilibres. Des familles s’enracinent tardivement sur le siège épiscopal, tels les Raguier, où colonisent le chapitre. D’autres ont une envergure plus large dans l’Église, comme les Méchin. Troyes constitue un important pivot pour la connaissance du clergé des cathédrales et de la diversité de ses investissements, au cœur et à la proche périphérie du domaine royal.

 

À Rognac, le 9 juillet 2022                                                                                                       Thierry Pécout

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Contenu du volume :

  • 442 pages

 

 

Avec ce dix-septième volume sur le diocèse de Toul, les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ opèrent leur deuxième percée dans l’Est de la France d’aujourd’hui après Besançon (volume paru en 1999), sans pour autant tomber en terre totalement étrangère. Ce territoire se répartit en effet entre de nombreuses entités féodales, qu’elles soient principautés (comté puis duché de Bar, duché de Lorraine, comté de Vaudémont), grandes seigneuries, temporels épiscopaux ou abbatiaux, mais où l’influence française était déjà grandissante depuis l’installation du roi dans le comté de Champagne en 1285, qui obtient ensuite la suzeraineté sur une partie du Barrois occidental appelée plus tard « Barrois Mouvant », avant que l’implantation des Angevins en Barrois justement et en Lorraine au xve siècle ne vienne servir les ambitions de la « grant monarchie de France » dans sa poussée hors de ses frontières. En conséquence, le chapitre cathédral de Toul n’est pas si étranger aux terrains déjà fréquentés par certains des volumes précédents de notre collection qui ont traité de diocèses plus ou moins voisins. D’ailleurs, le caractère universel – « mondialisé » dirait-on aujourd’hui – des carrières ecclésiastiques du Moyen Âge ne s’embarrassait guère des frontières politiques d’alors, même si la communauté canoniale touloise montre un recrutement avant tout local, avec seulement une centaine d’individus extérieurs à la Lorraine, pour moitié venus de l’Empire et pour l’autre de France ou de la péninsule italienne. Mais la pauvreté relative des sources locales, soulignée par les auteurs de ce volume, laisse dans un quasi anonymat nombre de chanoines par qui, avec une documentation plus abondante, ces conclusions auraient peut-être dû être nuancées.

Les sept cents membres environ répertoriés dans le chapitre de la cathédrale de Toul viennent abonder la base cumulative des évêques, dignitaires et chanoines – elle compte désormais près de 18 000 individus ! – que les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ s’attachent à constituer et à enrichir chaque jour, en dépit des difficultés de l’entreprise. Celle-ci ne manque pas de nourrir depuis ses débuts les remarques attentives des recenseurs, bienveillantes dans le meilleur des cas, auxquelles nous essayons de répondre tant que faire se peut tout en restant attachés aux principes de base qui nous guident dans ce long cheminement. L’introduction d’une table chronologique des chanoines depuis le volume sur le diocèse de Bordeaux est un exemple parmi d’autres de la manière dont nous essayons de satisfaire les attentes de certains lecteurs telles qu’elles s’expriment dans les recensions. L’architecture et l’ampleur prise par les notices des évêques – afin de remédier aux lacunes de l’historiographie jusqu’à la plus récente et aux multiples erreurs véhiculées par les érudits locaux depuis parfois l’Ancien Régime – et le caractère foisonnant des références archivistiques et bibliographiques qui viennent les étayer est un autre exemple de la volonté de l’équipe des Fasti d’amender ses pratiques pour enrichir notre savoir sur le monde des desservants de tout statut des cathédrales de la France dans ses frontières actuelles.

Dès les premiers volumes de la collection parus, des critiques récurrentes ont pu s’exprimer librement pour en optimiser les apports : sources et bibliographie malheureusement données en vrac sans référence précise à tel item, sécheresse des notices (issues d’une base informatisée), cumul des bénéfices livré selon un ordre aléatoire. Une autre critique porte sur le choix de réserver un sort particulier aux bénéfices dits « mineurs » possédés dans le diocèse du chapitre traité par le volume ; ils sont pourtant le moyen d’apprécier l’ancrage local plus ou moins fort d’une carrière ecclésiastique – comme ils le seraient de nos jours pour les femmes et les hommes politiques s’ils étaient plus assidus dans leurs mandats que nos chanoines ne le furent dans leurs stalles…

Sans s’abriter derrière l’alibi facile des contraintes provenant de l’outil informatique, force est de reconnaître que le passage d’informations encodées à leur tirage papier a pour effet malencontreux de redistribuer certaines données et d’introduire par exemple dans le cumul des bénéfices un classement alphabétique des diocèses là où l’auteur les aura entrées selon l’ordre chrono­logique du déroulement d’une carrière. La critique est évidemment recevable, mais il ne faut pas non plus oublier que les dates retrouvées dans les sources ne sont souvent que des attestations à un moment donné dans un bénéfice qui peut être détenu depuis parfois longtemps et que la disparition d’un chanoine de la documentation conservée ne signifie pas forcément la résignation ou la permutation de sa prébende ou son décès. On a critiqué aussi la présence dans la base d’évêques n’ayant pas détenu auparavant de prébende ou de dignité dans le chapitre, mais l’épiscopat n’est-il pas la première dignité d’une église locale ? À ces critiques de méthode vient s’ajouter la mise en avant d’un paradoxe qui consisterait finalement, en apparence, à vouloir faire tenir dans un même livre deux entreprises différentes, en proposant le résultat d’une base de données sur la prosopographie des membres d’un chapitre cathédral assorti d’un ensemble de notices consacrées à la cathédrale en tant que bâtiment et à des sujets d’ailleurs variables d’un volume à l’autre (quartier canonial, bibliothèque et livres, trésor…), en fonction à chaque fois des sources disponibles, des études réalisées et des spécificités propres à chaque contexte local. La prosopographie reste évidemment le centre du projet des Fasti, mais l’idée de départ a toujours été de ne pas livrer une cargaison de notices sèches isolées de tout contexte humain et matériel. Il suffit de rappeler le rôle fondamental de ces hommes d’Église dans l’aménagement monumental des cathédrales qu’ils desservaient, dans la commande décorative qui les embellissait, dans la constitution des trésors et des bibliothèques qui les enrichissaient pour reconnaître que ces notices préliminaires, loin d’être inutiles ou superfétatoires, constituent un véritable supplément d’âme à la connaissance des hommes que la forme informatique réduit trop souvent à des informations brutes en style télégraphique.

La perfection n’ayant jamais été de ce monde, le regard critique est toujours le bienvenu et il ne manque pas d’enrichir une entreprise qui comme toute aventure scientifique a toujours quelque chose d’empirique dans sa démarche même si elle repose sur des présupposés mûrement réfléchis et appliqués avec rigueur par ses membres dans la durée. Le fonctionnement du projet a été ainsi voulu par sa fondatrice Hélène Millet et il est pleinement et totalement assumé par ses « héritiers », tout en laissant toujours une large part de liberté et d’initiative aux auteurs des différents volumes, sans lesquelles la recherche historique serait finalement bien ennuyeuse.

Depuis l’origine de la collection, les notes liminaires ont permis à leurs auteurs successifs de présenter avec plus ou moins de prolixité les évolutions de notre équipe, de souligner les changements intervenus dans les modalités de fabrication des volumes ou d’annoncer les diocèses en voie de progression ou d’achèvement. En l’état actuel, les prochains volumes, dans un ordre alphabétique tout aussi aléatoire que celui des bénéfices détenus par nos chanoines, devraient être ceux de Clermont, Le Mans et Narbonne, sous réserve d’un retard pris par l’un ou d’un surgissement inattendu d’un autre. Les notes liminaires sont aussi l’occasion de faire part d’événements qui témoignent de la vitalité de cette équipe de recherche « informelle » au sens où, bien qu’ayant une affiliation officielle, elle repose essentiellement sur l’investissement de chercheurs, institutionnels ou non, qui ont pour motivation principale de faire progresser son projet au prix de bien des abnégations. L’organisation de journées d’étude pour donner un contenu thématique à nos réunions annuelles et accroître la visibilité de nos travaux rencontre un réel succès. Les actes de la première, au printemps 2016, sur les chapitres cathédraux et la mort, sont en cours de publication dans un numéro spécial de la revue Le Moyen Âge, que nous remercions très sincèrement de son accueil. Après la séance tenue le 24 mars 2017 sur le thème « Évêques, chanoines et institutions charitables en France du XIe au XVe siècle » (avec des communi­cations sur la province de Reims, les chapitres de Paris et Maguelone, la France du Midi et l’Espagne), qui donnera également lieu à publication, la prochaine table ronde au printemps 2018 sera consacrée aux problèmes – tant heuristiques que méthodologiques – posés par les registres de délibérations ou de conclusions des chapitres cathédraux, une catégorie documentaire pourtant fondamentale pour nos recherches mais qui n’est certainement pas envisagée à sa juste valeur par l’historiographie tant les enjeux qu’elle soulève sont complexes.

Les notes liminaires sont encore l’occasion de remercier les Éditions Brepols de la fidélité dont elles font preuve dans leur soutien, assuré maintenant par Madame Loes Diercken ; elle a désormais remplacé avec la même efficacité Christophe Lebbe qui avait accompagné l’aventure des Fasti depuis ses débuts.

 

À Angers, le 31 mai 2017
Jean-Michel Matz

 

 
Toul

 

 

 

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Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 15 janvier 1999

Informations générales :

Suite aux aléas de l'informatique, nous n'avons pas de nouvelle parution de volume à annoncer cette fois-ci, mais le volume sur Besançon devrait normalement paraître pour la prochaine réunion, fixée au vendredi 2 juillet 1999. Le cumul des bases en vue de la confection d'un CD-ROM est quant à lui en cours de discussion avec la maison Brepols.

La caisse des monuments historiques met sur pied pour la fin de l'année 2001 une exposition sur les cathédrales (essentiellement sur l'architecture).

Un colloque d'histoire diocésaine sera organisé à l'automne 2000 par la Fundazione Ambroziana : Mme Millet participera à la réunion préparatoire et pourra donc nous apporter des détails ultérieurement sur son contenu.

Outils de travail, par Christine Barralis, Anne Hubert et Jean-Nicolas Rondeau

Le fichier bibliographique, recensant les ouvrages et articles susceptibles d'intéresser les collaborateurs est en fin de réalisation. Afin de pouvoir mettre à la disposition des collaborateurs un tirage actualisé lors de la prochaine réunion, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire parvenir les références bibliographiques dont vous disposez. Nous vous rappelons aussi qu'un certain nombre de ces ouvrages peuvent être empruntés au G.D.R. à Orléans ou en salle 317 à la Sorbonne. Il vous suffit pour cela de vous adresser à Mme Martin. Il est par ailleurs prévu de mettre au point une courte liste des ouvrages communs à tous les diocèses.

La base répertoriant les archidiaconés (avec leurs abréviations) a également été distribuées aux collaborateurs. Là encore, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous adresser vos compléments éventuels, en particulier s'il s'agit des diocèses bretons, sur lesquels nous n'avons que très peu d'informations.

Les batiments entourant la cathédrale d'Auch, par Françoise Merlet-Bagnéris (auteur d'une thèse d'histoire de l'art sur la cathédrale)

La cathédrale actuelle, qui date en majorité du XVIIe siècle, a été construite à partir du XIVe sur des plans de style gothique. Elle a remplacé une église romane (construite à partir de 1064 et dont l'autel majeur fut dédié en 1120) en empiétant d'ailleurs sur le cloître primitif.

On trouve au sud-est de l'église actuelle plusieurs bâtiments canoniaux, en particulier une petite salle en renfoncement de nos jours, que F. Merlet-Bagnéris a identifié comme une ancienne salle capitulaire. D'après sa reconstitution, elle faisait environ 10 m sur 5, ce qui en fait une salle d'assez grande dimension, si l'on considère qu'il n'y avait officiellement que 24 chanoines. On y trouve des peintures murales datant des XIIIe-XIVe siècles, d'interprétation difficile, représentant un roi couronné recevant des dignitaires et déposant des offrandes sur une table. Son architecture, d'esprit cistercien, peut être comparée à celle d'autres salles capitulaires du Gers et des diocèses dépendants d'Auch construites dans la première moitié du XIIIe siècle.

 

Il s'agirait en fait d'une construction due à Magneux Ier, archevêque d'Auch de 1226 à 1241, qui tenta de redonner vie à l'institution capitulaire, quasi-inexistante depuis la destruction de la cathédrale romane par le comte Bernard d'Armagnac dans les années 1170-1190, suite à un conflit avec l'archevêque (durant toute cette période, les actes ne mentionnent jamais plus de 2-3 chanoines). Magneux n'aurait donc pas reconstruit la cathédrale romane, mais seulement l'aîle est du cloître.

Les batiments capitulaires et le quartier de la cathédrale de Sées, par Jean-Pascal Foucher

Le chapitre de Sées ayant laissé peu de sources, les informations dont nous disposons sur les bâtiments capitulaires sont essentiellement d'ordre archéologiques. L'étude n'en est pas encore terminée, mais J-P. Foucher nous en a offert une première approche grâce à une "promenade" à travers le quartier de la cathédrale.

Il s'agit d'un chapitre O.S.A. depuis sa réforme en 1138 jusqu'en 1548. Il comprenait en 1143 36 chanoines et leur nombre est monté jusqu'à 40/45 aux XIVe-XVe siècles.

Dès le XVe siècle on trouve mention de maisons individuelles avec jardins clos (l'évêque proteste et demande la suppression des clôtures et des clés).

Les façades de la cathédrale, construite au XIIIe siècle, ont été très profondément transformées au cours des siècles pour renforcer le bâtiment menaçant de s'effondrer : la salle capitulaire attenant au transept a ainsi été détruite en 1860. La construction d'un palais épiscopal s'ajoutant à cela au XVIIe siècle, on ne peut plus aujourd'hui qu'émettre des hypothèses sur l'utilisation du sol au nord de la cathédrale au Moyen Age.

Aucune information ne subsiste sur des bâtiments du groupe cathédral avant le XIIe siècle : c'est à cet époque que fut construit le cloître, ainsi sans doute que les bâtiments le fermant. Les bâtiments plus au nord, qui ferment une 2e cour parallèle à l'église et au cloître (dénommée "cour du chapitre"), participent aussi très probablement d'un programme du XIIe siècle (aucune explication n'a encore pu être fournie pour l'existence de ces 2 cours). Au XIVe siècle, le quartier s'étendit vers l'ouest, avec la construction d'une rangée de bâtiments fermant une 3e cour, et parmi lesquels se trouvait la grange du chapitre. On trouve enfin au nord de cet ensemble des jardins rattachés à la cathédrale.

Plusieurs éléments du bâti font encore l'objet d'interrogations, entre autres :

  • la "chapelle canoniale", d'appellation abusive, qui ferme le cloître au nord : il ne reste plus aujourd'hui que l'ossature de ce bâtiment qui a été profondément transformé en 1950. La présence de grandes fenêtres au 1er étage fait plus penser à un réfectoire qu'à un dortoir, le RDC servant peut-être de réserve ou d'hôpital.
  • les portes : il en existe deux. Une touchant le coin NO de l'église, qui serait l'entrée principale du quartier canonial; et une autre, basse et voûtée, au nord, dont l'usage demeure inconnu.

Le décor peint de la salle capitulaire de Bayeux, par Vincent Juhel

La salle capitulaire est adossée à la tour nord de la cathédrale et était jusqu'en 1855 masquée de la rue par des maisons de rapport gérées par le chapitre. Elle fut construite à partir de 1160-70 et on y accédait par une chapelle de la cathédrale. Elle était prolongée par le grenier à sel, dépendance de service du chapitre qui servit aussi de chartrier. Elle est pavée de carreaux de céramique vernissée, avec une représentation de labyrinthe au centre.

Il subsiste sur le mur-pignon nord de la salle capitulaire une grande peinture, datant du premier quart du XVe siècle. Elle fut rafraichie en 1485 sur commande du chapitre, qui en profita pour y faire rajouter ses armes sur le couronnement. Elle fut ensuite restaurée à plusieurs reprises, mais, fait exceptionnel pour une fresque médiévale, n'a jamais été badigeonnée.

Elle représente une Vierge à l'enfant couronnée des armes du chapitre. La mère et l'enfant (qui est placé sur un trône) sont entourés de chaque côté par des anges thuriféraires portant des chappes dorées, puis plus loin par des clercs tonsurés tenant deux grands phylactères (un à droite, un à gauche). Ces phylactères donnent le détail des répons et places de chaque chanoine en fonction de la prébende tenue (une étude de ces textes a été publiée en 1917), avec un système de réponses de psaumes du côté gauche au côté droit (on trouve la même chose à Coutances : l'usage de la répartition du psautier entre les différentes membres du chapitre serait une coutume anglo-normande remontant aux environs de 1180). Aux pieds de la Vierge, sur fond de prairie, se trouvent 2 groupes de chanoines en prière, dont on peut remarquer la grande finesse des traits du visage.

Il a été remarqué qu'il est curieux de trouver le chant des psaumes dans la salle capitulaire, où a priori ne se déroule pas l'office.

Il faut noter que la cathédrale de Bayeux est placée sous l'invocation de la Vierge, que la Vierge à l'enfant se trouvait sur le sceau du chapitre déjà au XIVe siècle, et que cette fresque se rapproche de celle qui fut réalisée dans le chœur de ladite cathédrale à la mi-XIVe. V. Juhel souhaiterait d'ailleurs que nous lui fassions d'éventuelles découvertes d'autres fresques dans des salles capitulaires, afin de pouvoir faire des comparaisons.

Les élections épiscopales : l'exemple de Paris en 1492, par Véronique Julerot

L'élection ne désigne en fait qu'une étape dans la procédure de choix d'un nouvel évêque, comme V. Julerot nous l'a montré à propos de l'élection de l'évêque de Paris du 8 août 1492, qui fut contestée et donna donc lieu à deux procès : l'un devant la juridiction ecclésiastique métropolitaine, l'autre devant la juridiction laïque (le Parlement).

Tout d'abord, les chanoines ne sont pas complètement libres de leur choix : le siège doit être vacant (il semble même qu'il soit nécessaire que l'évêque défunt ait été enterré), l'élu doit avoir 30 ans au moins, être de naissance légitime, être clerc majeur, posséder une culture intellectuelle mesurable avec des diplômes, témoigner d'une certaine dignité de vie. Un profil des évêques de Paris de la fin du XVe siècle peut ainsi être dessiné : ce sont tous des juristes et 6 sur 9 sont nobles.

Si un candidat ne répond pas aux règles, on se contente de le "postuler" au lieu de l'élire : après la postulation on demande une grâce au pape puis on l'élit (ou il est considéré comme élu). Au XVe siècle, il est fréquent quand un doute pèse sur les qualités du candidat de dire qu'il est "postulé et élu". C'est le cas notamment des élus qui sont déjà titulaires d'un autre évêché.

L'élection doit se faire dans les 3 mois suivant la vacance, sinon elle est dévolue au supérieur, en l'occurrence le pape. Avant l'élection, des campagnes de diffamation par affiches et prêches sont souvent organisées contre certains chanoines, et des troubles graves peuvent en découler dans certaines villes après l'élection.

Des processions sont organisées avant l'élection, et des cérémonies ont lieu le jour même (messes, serment…) car elle se veut avant tout comme une manifestation de la volonté divine (l'idéal étant d'obtenir un vote unanime des chanoines). Le scrutin se déroule ensuite de la manière suivante : on procède au recueil (secret et individuel) des scrutins (il peut y avoir plusieurs tours), puis c'est la publicacio (proclamation des résultats bruts : la majorité absolue est requise), puis la collatio (comparaison des mérites et du zèle des candidats et des électeurs), puis l'electio communis (proclamation solennelle) et enfin l'approbatio (acclamation de l'assemblée qui reconnaît l'élu pour son chef légitime).

Dès lors, l'élu a le "jus ad rem". Il a ensuite un mois pour se désister, puis doit être confirmé pour avoir le "jus in re", prendre possession de son église et de son patrimoine, être intronisé, être consacré pour obtenir la plénitude de son pouvoir, et enfin prêter serment de fidélité au Roi pour obtenir la mainlevée des régales : l'élection n'est donc que la première étape d'un long processus visant la pleine possession du bénéfice. D'après P. Montaubin, cette procédure fut fixée ainsi dans la première moitié du XIIIe siècle et demeura ensuite immuable.

Les registres de la série des collectories du Vatican, par Jean-Nicolas Rondeau

Il s'agit d'une série de 504 volumes (d'environ 500-600 folios pour la plupart), conservés aux Archives du Vatican, et qui ont fait l'objet d'un travail préliminaire par J.-N. Rondeau. Par manque de temps, il ne lui a pas été possible de s'expliquer en détail et il reviendra donc sur ce sujet la prochaine fois. Sachez cependant qu'une base de données indiquant par registre les diocèses concernées est en cours de réalisation (elle est presque complète). J.-N. Rondeau a par ailleurs analysé une trentaine de registres en relevant les folios où figurent des noms pour chacun de nos diocèses. Les résultats de ce travail ont déjà été communiqués aux collaborateurs présents et versés dans la "boîte" pour les absents. Nous vous rappelons également qu'il existe des microfilms de certains registres disponibles à l'IRHT à Orléans, ainsi qu'une base de données sur ces microfilms.

Ce compte rendu a été rédigé par Christine Barralis.

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 26 janvier 2007

 

Parutions

  • Thérèse Boespflug, La curie au temps de Boniface VIII. Etude prosopographique , Rome, 2005. Ce livre est à utiliser pour l'établissement des bases de données diocésaines.
  • Véronique Julerot , « Y a un grand desordre ». Elections épiscopales et schismes diocésains en France sous Charles VIII , P.U.Sorbonne, 2006.
  • Thiéry Pécout, Un symptôme : le concile provincial de Riez en 1286 et les redéfinitions de l' officium episcopi en Provence, Annuarium Historiae Conciliorum , t. 37, 2005, p. 109-138.
  • Vincent Tabbagh , Gens d'Eglise, gens de pouvoir (France, XIIIe-XVe siècle) , Editions Universitaires de Bourgogne, 2006 (à signaler en particulier : Une famille de grands clercs au XIVe siècle : les Molins entre dévotion, ascension sociale et service de l'Etat, p. 53-85, Les évêques du royaume de France en 1438, p. 87-186, Portraits de chanoines en banquiers : les chapitres cathédraux de Paris et de Rouen à la fin du Moyen Age, p. 187-204).
  • Pierre Chastang , S'enrichir au Moyen Âge : le parcours de Guilhem Rainard, chanoine d'Adge (†1176)

 

Nouvelles

Soutenances de thèse :

  • en décembre, Fabrice Delivré : L'évêque du premier siège. La papauté et l'office de primat-patriarche dans l'Occident médiéval (fin XI e -début XVI e siècle).
  • en mars, Jacques Madignier : Le chapitre cathédral d'Autun, du XI e siècle à la fin du XIV e siècle.

Laurent Vallière a regroupé les références bibliographiques déjà mentionnées dans les notices bibliographiques des FEG (volumes publiés), en vue d'uniformiser leurs abréviations. Cette liste sera diffusée ultérieurement.

Une liste des courriels des membres des Fasti sera diffusée avec ce CR. Merci de bien vouloir signaler d'éventuels oublis ou inexactitudes à Irmine Martin.

Le site d'information des Fasti a été pris en charge par Willy Morice, Jean-Nicolas Rondeau ne donnant malheureusement plus signe de vie. C'est aussi Willy Morice qui assure la permanence de l'ouverture de la salle G 687 à la Sorbonne. Par suite d'ennuis de santé, il risque d'être absent dans les semaines qui suivent. Il est recommandé de téléphoner avant de se déplacer (01 40 46 31 73).

L'IRHT annonce le projet d'une carte SIG sur les diocèses en lien avec sa base de données des cartulaires (contact: Christophe Jacobs, www.cn-telma.fr, mail).

L'IRHT (Iéna) possède désormais les registres numérisés des archives du Vatican (jusqu'au milieu du XVe s.) qui étaient jusque là disponibles à Orléans. Ceux du XIIIème s. et quelques autres sont aussi disponibles à Montpellier (d'Innocent III à Clément V inclus, Clément VI et Benoît XIII).

Lors d'un colloque organisé par les Fasti Ecclesiae Portugaliae, Hélène Millet et Stéphane Raux ont présenté la base de données sur site.

Quelques résumés des interventions de la 2de journée « Devenir évêque » sont consultables sur le site du LAMOP.

Un appel à communication pour un colloque sur les manuscrits musicologiques de la bibliothèque d'Amiens est transmis par Pascal Montaubin.

Le colloque « Cathédrale et pèlerinage » organisé conjointement par les programmes « Fasti » et « Pèlerinages et sanctuaires » du GDR Salvé aura lieu à Nanterre les 28 et 29 mars 2008 . Ci-joint, l'argumentaire. Ceux d'entre vous qui, intéressés par ce thème, n'auraient pas encore répondu au questionnaire qui a été diffusé sont invités à le faire rapidement auprès de Catherine Vincent: catherine.vincent14@wanadoo.fr (mail).

 

Le programme CORELPA (CORpus Electronique des Lettres des PApes XIIIe-XIVe s.) : l'efficacité des décisions pontificales.

Présenté à l'Agence Nationale de la Recherche , le programme CORELPA a été accepté. Des crédits serviront à compléter le CD-Rom « Ut per litteras ». Coordonné par Jacques Chiffoleau (URM 5648, U. Lyon II), le programme associe l'IRHT, Brepols, l'équipe des archives pontificales d'Avignon et le LAMOP. Pour celle du LAMOP, il s'agira de juger de l'efficacité des décisions pontificales en évaluant les réussites des expectatives. Le papier destiné à recueillir les noms des personnes qui désireraient être associées à ce programme ayant disparu, vous êtes invités à vous manifester auprès d'Hélène Millet.

 

Présentation du projet européen en gestation

Leontina Ritan , ingénieur-projet Europe, mise à disposition du GDR par le CNRS pour le montage d'un projet européen dans le cadre du 7 e Programme Commun de Recherche et de Développement (Union Européenne) a présenté en quoi consistaient les appels d'offre publiés en décembre dernier. Deux possibilités s'offrent : le programme Coopération et un sujet traitant de la citoyenneté européenne (à remettre le 10 mai 2007) ou bien le programme Infrastructures sur un appel visant « les archives et les collections culturelles » (pour début 2008). Après consultation, tant en France qu'à Bruxelles, il est apparu que, sans que la première solution soit franchement impraticable, la seconde serait mieux adaptée à partir du moment où une base de données est effectivement tenue pour une infrastructure. D'importants financements sont en jeu. Les Fasti se prévalent de plusieurs partenaires européens (Brepols, Fasti Ecclesiae Portugaliae, Fasti Ecclesiae Anglicanae, deux centres de recherches croates et hongrois). Une réunion de concertation des responsables nationaux est prévue début avril.

 

Françoise Hildesheimer, Les recherches dans le fonds du Parlement de Paris.

Responsable du fonds du Parlement de Paris, Françoise Hildesheimer nous donne un inventaire très complet de ses archives (avec les mentions des éditions ou des fichiers qui les dépouillent). Il est rappelé que la clef de la recherche est la procédure et que les copies de la collection Le Nain (série U) sont toujours d'une grande pertinence.

 

Fabrice Delivré , Les primats dans la sphère bénéficiale : la confirmation des élections épiscopales (XV e siècle)

Fabrice Delivré développe un aspect de sa thèse récemment soutenue sur les primats (XIe-XVe s.). En Occident, les Faux isidoriens du IXe s. alimentent les origines de cette institution ecclésiale. Les primats revivent ensuite grâce à la réforme dite grégorienne et réapparaissent enfin au XVe s. au service d'idéaux réformateurs, mais au sein de l'Église gallicane seulement. Jusqu'à présent et à moins de trouver un « dossier » archivistique, les historiens minoraient les interventions primatiales en ne les traitant que sous l'angle anecdotique, sans en comprendre véritablement la portée. Par ses amples dépouillements, FD met au jour ce nouveau « nœud » des institutions bénéficiales de la fin du Moyen Age. La primatie est revendiquée par les archevêques de Lyon, Vienne, Bourges, Narbonne, Bordeaux, Rouen et Sens.

Au XVe s., l'activité des primats est scandée par trois temps forts : la soustraction d'obédience et la période de neutralité du royaume, la Pragmatique Sanction , l'après Louis XI.

En 1457, l'archevêque de Lyon et primat se pose en collateur ordinaire de la nouvelle prébende théologale du chapitre cathédral de Rouen (comme RO385 l'indique). L'archevêque de Rouen, l'ultramontain Guillaume d'Estouteville et la victime de cette intervention, porte la cause devant le Parlement de Paris… qui donne raison aux prétentions du primat en vertu des principes de la Pragmatique Sanction (souci des appels gradués et volonté de juger dans les limites du royaume). Un procès mené en cour de Rome dans les années 1450 par Estouteville visait à obtenir pour Rouen l'exemption de la tutelle lyonnaise. Les archevêques rouennais prétendent ensuite à la primatie de Normandie, mais dans les limites de leur seule province, comme les archevêques de Bordeaux veulent se libérer dans leur province de la domination du primat de Bourges. Sous l'Ancien Régime, Lyon est uniquement primat de Sens et de Tours.

Trois autres collations de prébende par l'archevêque de Lyon sont attestées au chapitre cathédral de Paris.

Les primats interviennent dans toute la France pour infirmer ou confirmer une vingtaine de successions épiscopales, ce qui trahit une pratique cohérente. Voulant exercer une juridiction réelle sur une province dont ils ne sont pas les métropolitains, les primats s'opposent à la centralisation pontificale des causes et des bénéfices. La primatie est un échelon réel de la hiérarchie ecclésiastique française du XVe s. Cette institution est capable de produire ses preuves - retrouvées dans des textes des XIe-XIIIe s. - pour justifier la justesse de son existence. FD ne pense pas que des faux furent inventés au XVe s. Les années 1480 marquent à Lyon un certain effacement par le refus d'intervenir de Charles de Bourbon. A cette époque, l'archevêque de Vienne s'intitule primas primatum.

Vincent Tabbagh doute du degré de fiabilité accordé aux preuves produites, d'autant que les originaux vidimés ont pour la plupart disparu.

NB : un tableau des confirmations d'élections épiscopales par les primats au XVe s. a été diffusé.

 

Laurent Vallière, Notice institutionnelle du diocèse de Poitiers.

En vue de la prochaine parution du volume de Poitiers, Laurent Vallière présente la notice institutionnelle du siège de saint Hilaire. Vaste espace de 1220 paroisses réparties en trois archidiaconés, le diocèse de Poitiers est démembré en 1317 par Jean XXII pour créer les diocèses de Luçon et Maillezais. La cité compte trente paroisses et quatre collégiales séculières (avec notamment 23 chanoines à Saint-Hilaire-le-Grand). Entre 1200 et 1500, 20 collégiales dans le diocèse se partagent environ 200 canonicats dont un tiers à Poitiers.

L'évêque, qui détient une prébende, doit entretenir les cloches et clochers et fournit les ornements du maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre. Ses communs services s'élèvent à 4 400 fl. au XIIIe siècle, à 2800 livres après 1317. R. Favreau évalue les revenus épiscopaux à 1 620 l .t. en 1430 et à 10000 à la fin du siècle.

Le premier official est cité dans les années 1220. Il existe trois officialités foraines à Aizenay, Niort et Chauvigny au XIIIe s. qui relèvent de l'official de Poitiers, seul cité dans les textes. Les archidiacres n'ont jamais eu quant à eux d'official.

La collégiale Saint-Hilaire est plus riche que le chapitre cathédral (taxé à 170 l .t. en 1383). Le chapitre compte 21 prébendes pour 24 chanoines (18 ont une prébende, 6 autres une demi-prébende sacerdotale). Un document fiscal de 1382 cite quatre dignités (doyen, chantre, écolâtre, prévôt) suivies de personats (sous-doyen, sous-chantre, archidiacres de Poitiers, de Brioux, de Thouars, chevevier, abbé de Notre-Dame). La chevecerie est unie à la mense capitulaire en 1389. L'écolâtrie fut supprimée avec plus de difficultés au début du XVe s.

Les chanoines disposent de prébendes égales mais aussi d'acensements qui sont affermés aux plus offrants (1316). Pierre Desportes suppose que telle maison canoniale pouvait être adjointe à telle prébende.

Vincent Tabbagh remarque que le doyen a la particularité remarquable d'établir et de destituer les curés des paroisses de la cité et des faubourgs.

 

Karine Corre et Kristiane Lemé , Les stalles de la cathédrale de Poitiers.

Les 74 stalles de la cathédrale de Poitiers sont les plus anciennes conservées en (de) France ; un plan de 1767 en indiquait 98. Les jouées et les retours des stalles ont disparu. Les archives du chapitre ont brûlé en 1562, il faut donc se résoudre à utiliser les Annales d'Aquitaine (1525) qui attribuent la commande de ces stalles à l'évêque Jean de Melun (1235-+1257). Or ce serait un cas bien exceptionnel puisque les stalles du nord de la France sont, pour autant qu'on sache (Rouen, deuxième moitié du XVe s., Amiens au début du XVIe s.), financées par les chanoines. Dans le Midi, (les) certains ensembles de stalles sont (payées) financées par l'évêque, mais à partir de la Renaissance. Par la méthode comparative, Karine Corre et Kristiane Lemé situent les écoinçons des hauts-dossiers - sans dais - dans les années 1240. Un diaporama analysa les sellettes des miséricordes et les fines décorations des écoinçons, mit en relation ces stalles et des dessins de Villard de Honnecourt. Une analyse dendrochronologique, cependant coûteuse et peu prisée des conservateurs des M.H. pour ce type de mobiliers, permettrait d'être plus catégorique quant à la datation.

Hélène Millet remarque que la grande interpénétration institutionnelle entre le chapitre et l'évêque de Poitiers (qui est chanoine) pourrait expliquer que la commande ait été passée par l'évêque. C'est à lui qu'incombe l'entretien de la cathédrale. Les chanoines n'ont pas de trésorier, dignitaire qui, en bien d'autres chapitres, s'occupe précisément de cet entretien. Jean de Melun a probablement agi de concert avec le chapitre dont il était membre à part entière.

Compte rendu rédigé par Jean-Vincent JOURD'HEUIL

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Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 03 juillet 1998

Informations générales :

Comme prévu, le volume sur Reims, troisième de la collection, est sorti des presses. Il est disponible en librairie au prix de 660 francs. Les deux prochains volumes concerneront les diocèses de Besançon et de Sées.

Hélène Millet a fait un bref exposé de tous les ennuis (souvent d’ordre informatique !) qui peuvent survenir entre le moment où le responsable d’un diocèse remet la disquette contenant sa base de données et celui où le volume est finalement prêt à être édité, et qui expliquent le délai (parfois assez long) qui sépare ces deux étapes.

Les chanoines et la musique par Etienne Anheim

A la fin du Moyen Age, la musique est omniprésente dans la vie quotidienne, particulièrement dans celle des chanoines, avec la célébration des offices liturgiques. C’est à cette époque que se produit une révolution en matière musicale avec le passage de la monodie à la polyphonie et l’invention d’une notation précise de cette musique savante. On passe en effet vers la fin du XIIIème siècle (en particulier à l’Ecole Notre-Dame) du chant grégorien monodique - dans lequel les chanteurs suivent tous la même ligne musicale - à des formes complexes où une puis plusieurs voix ajoutent des variations à la mélodie principale, au point que l’on ne comprend plus du tout les paroles.

Une bulle de Jean XXII de 1324-1325 traduit la réaction défavorable d’une partie du clergé face à ce nouveau type de musique. Elle est en fait l’aboutissement d’une longue réflexion, hostile à une musique qui ne serait plus au service du texte sacré mais qui existerait pour elle-même. Cependant, les milieux canoniaux entre Seine et Rhin puis la cour pontificale elle-même sous Clément VI, se trouvent être le lieu de l’élaboration de cette musique, appelée ars nova.

C’est ainsi que l’on peut suivre les carrières de chanoines chapelains dans les chapelles pontificale (qui existe depuis Benoît XII) et cardinalices à Avignon. Leurs carrières bénéficiales sont celles de chanoines du Nord de la France et leurs réseaux de relations sont les mêmes que ceux de leurs collègues, moins doués pour la musique. Ils bénéficient souvent d’appuis dans les chapitres du Nord de la France grâce à leur famille ou à leurs compatriotes et font venir à leur tour des chantres, formés dans ces chapitres, dans les chapelles d’Avignon. C’est ainsi que la pratique de cette nouvelle musique se diffuse dans la France du XIVème siècle et au-delà.

Notice institutionnelle du diocèse de Macon, par Denyse Riche

Malgré un gros déficit en sources pour ce diocèse, nous avons pu lire une notice déjà très amplement informée. Il faut remarquer d’abord la forme particulière de ce diocèse, probablement démembré sur celui d’Autun. C’est un diocèse marqué par l’importance du clergé régulier puisque la ville ne compte pas moins de cinq abbayes. Ceci est aussi manifeste dans la faible proportion de bénéfices du diocèse dont la collation revient à l’évêque. La ville comprend six paroisses qui relèvent toutes de la cathédrale mais la présence du clergé canonial est assez réduit : on compte les chanoines réguliers de Saint-Pierre de Mâcon et les chanoines séculiers de Notre-Dame de Beaujeu qui ont la caractéristique, comme la chapitre cathédral, de ne pas offrir de prébendes distinctes. On parle plutôt de portions canoniales. Lorsqu’un chanoine décéde ou s’en va, sa portion est partagée entre tous.

Un usage funéraire des bulles pontificales par François Comte

Ces dernières années, des bulles pontificales ont été retrouvées dans une bonne dizaine de tombes, attachées à plusieurs endroits du corps du défunt. Ces trouvailles sont éparpillées géographiquement mais elles concernent surtout la France et la Suisse, dans des chefs-lieux de diocèse et aussi bien dans des cathédrales que des abbayes. Ces bulles sont datées de la deuxième moitié du XIVème siècle et de la première moitié du XVème siècle.

Le problème est de connaître la raison d’être de cette pratique funéraire. Un tiers des bulles faisaient référence à des papes contestés pendant l’époque du Grand Schisme. Peut-être peut-on y voir une volonté de légitimation même post mortem d’autant que les papes des différents clans s’excommuniaient mutuellement.

Ce rite funéraire a en tout cas été pratiqué en France un peu partout car on peut trouver la mention dans un registre capitulaire, comme à Angers en 1487, de l’ouverture d’une tombe afin d’aller y chercher des documents.

Ateliers thématiques

Cette réunion a vu renaître le système des ateliers de travail, un peu délaissé lors des dernières réunions au profit des divers exposés préparés par les collaborateurs de l'équipe. Ces ateliers thématiques étaient cette fois au nombre de 4, et ont permis d'aborder des problèmes plus spécifiques, qui peuvent ne concerner qu'une partie seulement des collaborateurs des Fasti.

chapitres">Les chapitres réguliers :

Plusieurs problèmes se posent lorsque l’on étudie ces chapitres particuliers. Comment définir un chanoine, tout d’abord. Comme la définition générale du chanoine ne s’applique pas à un chanoine régulier, il semble qu’il faille retenir - d’après l’exemple d’Avignon - la réception du chanoine pour le considérer comme tel. A Toulouse, la réception a lieu en chapitre général. Mais le collateur ou la forme de collation ne sont pas toujours mentionnés, pas plus que la stalle ou les revenus.

Il faut aussi faire attention à l’éternel problème des expectatives, qui ne prouvent pas que l’individu a été effectivement chanoine. Les provisions de canonicats réguliers se trouvent dans deux catégories de registres pontificaux : De regularibus et De monachiis et monialibus recipiendis. Mais y-a-t-il des cumuls dans les cathédrales qui suivent l’ordre de Saint-Augustin ?

D’autres problèmes concernent la profession religieuse (existe-t-il partout des cédules ?) ou les statuts de ces chapitres. Saint-Sernin de Toulouse en offre de beaux exemples, mais il semble qu’ils soient fragmentaires ailleurs. Les bâtiments des chapitres réguliers posent enfin différents problèmes, puisqu’on doit pouvoir y distinguer un dortoir, un réfectoire et éventuellement une maison pour les dignitaires.

La rédaction des notices d’évêques :

Un schéma de notice a été élaboré par M. Hours pour le diocèse de Besançon, d’après ce qui a été fait auparavant pour les diocèses de Rouen et de Reims. M. Desportes nous a fait part, quant à lui, de l’intérêt d’un travail collectif à ce sujet afin de confronter les points de vue.

On doit donc y trouver dans ces notices (en 5-6 pages maximum) :

  • un état civil de l’individu, i.e. les origines familiales et les études : quelle(s) université(s), quel(s) grade(s) ?
  • la carrière avant l’accession à l’épiscopat : bénéfices, carrière éventuelle à la Curie et dans la vie politique. M. Desportes souligne ici la difficulté qu’il y a quelquefois à connaître les premiers bénéfices des évêques, qui sont pourtant très instructifs sur leur origine, leurs premiers protecteurs, etc...Si ces éléments ont déjà été établis dans des volumes précédents, énumérer seulement les bénéfices avec ajouts et corrections éventuels.
  • les faits marquants de l’administration du diocèse pendant l’épiscopat de l’individu : il est clair qu’il s’agit de parler de l’individu en temps qu’évêque de X, pour éviter de répéter ce qu’a dit ou dira quelqu’un d’autre au sujet du même individu, évêque d’Y. Le même numéro est donné à l’individu d’un volume à l’autre, ex : AM 207 (Amiens, individu n°203) et RO 493 (Rouen, individu n°493).
  • la participation à la vie de l’Eglise universelle.
  • les faits marquants de la vie du diocèse dont le lien avec l’administration de l’évêque n’a pas été démontré : fondations monastiques ou déplacements d’établissements par exemple.
  • la carrière ultérieure : rappeler les bénéfices suivants.
  • la notice héraldique et sigillographique : dans ce domaine, M. Bouyé et M. Bony sont d’un grand secours. Cette étude peut s’avérer très utile pour des problèmes de généalogie par exemple. Chaque siège a son sceau au revers duquel peut se trouver l’indication des armes personnelles de l’évêque.

NE PAS OUBLIER, à la recommandation de M. Tabbagh, de signaler le lieu de sépulture, d’éventuelles représentations sur des vitraux, des monnaies, une pierre tombale et si l’évêque a été commanditaire d’oeuvres d’art dont des livres.

La saisie des informations

(compte rendu en attente...)

Les collégiales :

L’étude des collégiales est d’emblée plus complexe que celles des cathédrales, étant donné l’extraordinaire variété des établissements que recouvre ce nom générique. On peut s’accorder sur cette définition générale (afin de faire la distinction nette d’avec une chapellenie collective) ; une collégiale est un corps d’au moins deux chanoines séculiers mais pouvant vivre communément, jouissant d’une autonomie manifestée par un temporel et un sceau.

D’après l’étude des collégiales de Bourgogne, M. Tabbagh propose une typologie des collégiales suivant leur origine :

  • collégiales nées de la transformation de monastères d’époque mérovingienne ou carolingienne aux IX, X et XIèmes siècles.
  • collégiales nées de corps sacerdotaux réunis en un lieu important (vicus, castrum) et qui se dotent d’une règle commune vers le XIème siècle, encouragés par la réforme grégorienne.
  • collégiales fondées autour de châteaux au sein du deuxième réseau urbain (XI-XIIèmes siècles) par l’autorité seigneuriale pour diverses raisons.
  • collégiales fondées de manière privée par le pape, un prince de l’Eglise, une famille pour le service funéraire.

Les sources qui nous renseignent sur les collégiales sont les mêmes que celles des cathédrales, à savoir les sources locales et les sources pontificales. Dans les sources locales, on peut avoir grand intérêt à dépouiller les sources communales car une collégiale est souvent plus intégrée au tissu urbain que ne l’est une cathédrale. De même pour les sources des fabriques (quand elles existent), les sources des officialités, celles contenues dans les archives diocésaines (celles de Nice sont très belles), les visites pastorales, les fonds seigneuriaux (notamment pour les grosses collégiales du Nord) et les sources notariales pour le Midi surtout.

Prosopographiquement, les chanoines de collégiales sont souvent des clercs bénéficiés dans leurs propres diocèses mais aussi hors de leurs diocèses d’origine. Les collégiales offrent de ce point de vue les mêmes profils que les cathédrales. Il est sûr néanmoins que les chanoines de collégiales sont plus insérés dans les groupes familiaux locaux, qu’ils peuvent être au service des grands seigneurs (il faudrait par exemple étudier la proportion de serviteurs des comtes de Flandre dans les collégiales du Nord au XIIIème siècle).

Le mode de collation des prébendes de collégiales est très varié lui aussi, ce peut être la cooptation comme à Beaune, le droit de patronage de l’évêque du diocèse mais aussi celui de la famille du fondateur. La lecture des obituaires peut renseigner sur l’identité de ces fondateurs.

Quant aux rapports des collégiales urbaines avec la cathédrale, il semble qu’ils soient souvent conflictuels même (ou surtout ?) lorsque les mêmes chanoines cumulent leurs prébendes dans les deux églises. Les rapports avec les paroisses qui existent souvent au sein même des collégiales peuvent être très rapprochés et c’est aussi une des raisons qui rend leur étude complexe mais fort riche.

Ce compte rendu a été rédigé par Christine Barralis et Anne Hubert.

Pour commander le volume.

Contenu du volume :

  • 392 pages.
  • 695 notices prosopographiques.
  • 16 biographies d'évêques.

Ce volume, consacré au diocèse d'Angers, contient en outre une carte du diocèse, une étude sur le trésor (livres et reliques) de la cathédrale, une présentation de la cathédrale comportant des études détaillées sur les autels, le cycle peint de l'abside (entièrement reproduit sous forme de relevés), les vitraux commandités ou rénovés par les évêques ou le chapitre. Le livre contient également une étude du quartier canonial Saint-Maurice accompagnée d'un plan pour le début du XVe siècle.

  • Note liminaire, par Hélène Millet, directeur du programme
  • Extrait du volume : "La cité, quartier canonial Saint-Maurice", pages 97-100.
 

Diocèse d'Angers : note liminaire, par Hélène Millet

Voici que paraît enfin un livre dont la sortie était déjà annoncée en 1999. Que celui qui n’a jamais connu de retard dans ses entreprises lance le premier quolibet ! Pour ma part, je tiens au contraire à saluer la constance des deux auteurs, à remercier Jean-Michel Matz, le plus rapide des deux, pour sa patience et son sens du bien commun, et à savourer avec François Comte la satisfaction d’avoir surmonté les obstacles et le découragement.

Commencée en un temps où les logiciels coûtaient cher et où les chercheurs n’avaient pas encore un ordinateur portable en guise de porte-plume, la base de données destinée à dresser les fastes du diocèse d’Angers a été réalisée avec les moyens du bord (le logiciel 4Dfirst, version simplifiée de 4D) et par des débutants en informatique. Quelques bons génies sont venus à leur aide, mais ils n’ont pu empêcher que surviennent à chaque pas ou presque des problèmes inattendus, encore multipliés, sur la fin de l’entreprise, par les transferts des données à Orléans, en vue de leur édition.

Dans nos procédures de travail, les communications avec la base centrale orléanaise sont en effet fondamentales. Les notices offertes aux lecteurs ne ressemblent que de très loin à ce que le chercheur peut lire sur son écran ou éditer par ses propres moyens. Cela est dû notamment au fait que les individus ont très souvent plusieurs raisons distinctes d’être enregistrés dans la base. Ainsi, un official devenu chanoine donne lieu à deux enregistrements. Sa notice biographique résulte donc de l’addition des renseignements contenus dans ces deux enregistrements. La procédure automatique au terme de laquelle on obtient une telle notice développe également les multiples abréviations qui doivent obligatoirement être utilisées. Celles-ci, jadis nécessaires pour économiser les octets, conservent toute leur utilité pour assurer une certaine homogénéité à la manière de présenter les informations.

À Orléans, Irmine Martin et moi-même devons donc assurer ce service que représente le tirage, à la demande, d’éditions provisoires du contenu des bases de données en cours d’élaboration. La dispersion des collaborateurs et la pauvreté de nos moyens financiers m’avaient fait prendre le parti d’accepter que soient utilisés tant les ordinateurs Mac que PC, avec des logiciels différents pour chaque gamme de matériel. Mais nous peinons parfois à résoudre les problèmes d’incompatibilité. Lorsque, pour un diocèse, la recherche est terminée, nous effectuons aussi le travail éditorial final, non seulement pour les notices prosopographiques issues de la base de données, mais aussi pour tous les éléments — indices, tables, chapitres préliminaires — qui composent un volume. Sans le soutien logistique de l’IRHT et les conseils éclairés de sa collègue Christine Melin, Irmine Martin n’aurait pu acquérir les compétences qui sont désormais les siennes et grâce auxquelles nous pouvons remettre à notre éditeur des livres « prêts à flasher ».

Cette façon artisanale de procéder explique, sans les excuser, les trop nombreuses imperfections qui émaillent nos ouvrages, mais elle nous permet d’intervenir jusqu’au dernier moment pour éliminer les menues incohérences d’un édifice complexe où toute modification entraîne des corrections en chaîne à effectuer. Les collaborateurs des Fasti Ecclesiae Gallicanae ne sont pas des auteurs libres de faire ce que bon leur semble ; la rude discipline à laquelle ils acceptent de se soumettre ne sera pleinement justifiée que lorsque paraîtra le CDRom cumulatif par lequel une collection de fascicules deviendra œuvre collective unique.

Ce moment, nous osons l’espérer, ne devrait pas être trop éloigné, car la refonte si nécessaire et attendue de notre chaîne de traitements informatiques est en cours. Pour ce faire, il fallait à la fois trouver un financement et un technicien rompu aux anciennes techniques de programmation. Ce petit miracle a pu s’opérer grâce à une contribution du LAMOP, laboratoire auquel je suis personnellement rattachée, et à la compréhensive participation de notre éditeur. Jean-Philippe Genet, directeur du LAMOP, et Christophe Lebbe, directeur éditorial de Brepols Publishers, ont ainsi droit à toute notre reconnaissance.

La parution du Diocèse d’Angers devrait donc clore une époque. Elle coïncide aussi avec l’ouverture du site Internet rénové par les soins de Jean-Nicolas Rondeau.

Est-ce dû à sa lente maturation ? Le Diocèse d’Angers est certainement celui des volumes de la collection qui comporte le plus grand nombre de chapitres introductifs, celui aussi qui fait la part la plus importante au service liturgique assuré par les chanoines à la cathédrale. Ces excursions préliminaires, certainement trop rapides au goût des spécialistes, veulent tirer parti de sources ou de vestiges ici plus considérables ou mieux étudiés qu’ailleurs. Parfois, malgré tout l’intérêt d’une découverte, il faut se contenter d’en signaler l’existence pour ne pas se laisser distraire du projet prosopographique primitif. Et, quel que soit l’intérêt intrinsèque du sujet abordé, il est toujours demandé aux collaborateurs de mettre l’accent sur l’apport singulier des individus à la tradition ou au patrimoine communs.

Angers a bénéficié d’une conjoncture exceptionnellement favorable. Pour exploiter ses richesses patrimoniales et archivistiques, plusieurs chercheurs ayant chacun les compétences voulues ont convergé sur le même terrain et au même moment. Les observations complémentaires ainsi réalisées sur la cathédrale, ses vitraux, ses fresques et son trésor permettent de mieux déchiffrer les correspondances symboliques qu’entretenaient les reliques avec les lieux et les temps liturgiques. Elles nous enseignent aussi que, quoique séparés de biens, évêque et chanoines unis dans la célébration de l’office divin et dans la fidélité aux rites inaugurés par leurs antiques et saints prédécesseurs. Ils étaient ensemble dépositaires du patrimoine historique et culturel de la cité, ensemble aussi chargés de le faire fructifier. A mieux éclairer les aspects collectifs de la mission assignée au clergé de la cathédrale, on affine aussi considérablement la compréhension des parcours individuels.

Il est en revanche une originalité de l’évêché que les chapitres préliminaires n’ont guère éclairée : sans pourtant être métropole, Angers pouvait alors se dire capitale. Plusieurs colloques ou manifestations récents ont porté sur les destinées internationales de la maison d’Anjou, et on lit dans les notices individuelles que la carrière de beaucoup de chanoines est passée par la cour ducale et/ou par l’université. Mais sur le personnel de ces institutions, il reste encore beaucoup à apprendre. La recherche en la matière devrait se trouver stimulée par la publication de ce volume.

Orléans, le 27 mai 2003, Hélène Millet, directeur du programme.

 

Extrait du volume concernant le diocèse d'Angers

La Cité, quartier canonial Saint-Maurice d'Angers (pages 97-100)

V. L’implantation des maisons canoniales dans le plan reconstitué du XVe siècle

On a vu que, depuis la fin du IXe siècle, des emplacements pour construire des maisons avaient été accordés au chapitre. Dès 1073, des maisons sont attribuées à un dignitaire. Mais seuls les trois archidiacres avaient une maison attachée à leur dignité. Même le doyen était soumis au régime de l’option jusqu’à ce qu’il reçoive au milieu du XVIe siècle la maison canoniale Sainte-Catherine proche de la porte de la Chartre, construite par Raoul de La Flèche (16) puis par le doyen Jean Dumas en 1541 (1-3 rue Saint-Évroult). Faute de maison affectée aux prébendes, dès qu’une se libère par le décès ou la démis­sion d’un chanoine, les autres peuvent opter pour sa maison en fonction de leur rang ou ancienneté contre un loyer qui n’est pas le même selon les maisons. Avant 1240, trois maisons canoniales, dont celle du maître-école, avaient été annexées par le couvent des Jacobins suite à l’intervention de l’évêque Guillaume de Beaumont (2). D’autres maisons avaient peut-être été détruites lors de la construction du château et des fossés. Il fallut donc procé­der à de nouvelles acquisitions ou susciter des dons. Ainsi Durand, évêque de Nantes, qui décéda à Angers en 1291, donna une maison près du château qui devint la maison canoniale de la Fosse. Ces maisons canoniales s’organisent principalement le long des rues qui bordent l’enceinte et les îlots qui enca­drent la cathédrale. Alors que l’évêque Rainon avait autorisé les chanoines à léguer les maisons à leurs parents, désormais toutes les maisons appartien­nent au chapitre, les chanoines n’en ont que l’usufruit et étaient obligés d’effectuer les réparations nécessaires. Cependant, en cas de reconstruction aux frais du chanoine, on lui en laissait l’usage sa vie durant tel Jean Guittier (416), archidiacre d’Outre-Maine, qui fit reconstruire la maison canoniale Saint-Barthélemy ou du Chapeau Rouge, rue Saint-Évroult. Sa maison de dignitaire près de la cathédrale est donc abandonnée et ne sert que pour l’exercice de sa juridiction d’archidiacre.

Vingt-et-une des vingt-huit maisons canoniales au début du XVe siècle sont situées près de la cathédrale dans un rayon de moins de 80 mètres. Les douze maisons d’officiers du bas-chœur et les quarante-trois maisons de chapelains sont plutôt concentrées au sud de la Cité à l’exception notable d’un îlot en arrière de la place de terre ou « placître » appartenant au fief de l’évêque. De même les deux tiers des maisons canoniales se situent dans la paroisse de Saint-Maurice, alors que les maisons de chapelains sont en majo­rité sur le territoire de la petite paroisse Saint-Aignan. Ce sont les chanoines, souvent à l’origine des fondations de chapellenies, qui installent les chapelains dans la Cité, comme par exemple Simon Bordier (505) qui donne en 1469 une maison nouvellement bâtie pour le chapelain de Notre-Dame des Mazeris, près de la porte Hugon. Ces demeures ont presque toutes un nom qui est connu au XVe siècle. La plupart portent le nom d’un saint et pour un tiers d’entre elles, il s’agit du nom d’une prébende. D’autres ont le nom de la paroisse principale dont le desservant est à la nomination d’un chanoine (ex. maison Sainte-Croix). Certaines chapellenies ont aussi pu donner leur nom à la maison canoniale de par leur proximité (Saint-Julien face à la maison de la chapelle portant cette dédicace) ou parce que la nomination du chapelain leur appartenait ou encore parce qu’elles avaient annexé une maison de chapelain (Saint-André). Quelques maisons portent le nom d’une caractéristique archi­tecturale (comme la Tourelle) ou d’une fonction (La Fonte, pour les cloches). D’autres rappellent un illustre prédécesseur (Pierre Abélard) ou peut-être un cardinal (Le Chapeau Rouge).

Louis de Farcy, habitant de la Cité (3 rue du Parvis Saint-Maurice), fut le premier à dresser un plan du quartier. L’étude des maisons canoniales devait former un important chapitre du dernier tome de sa Monographie de la cathédrale d’Angers. Mais ce plan, publié tel quel par l’abbé Houdebine, n’est qu’un brouillon truffé d’erreurs, parfois contradictoire avec le texte et comportant de nombreux blancs dans certains ilôts. C’est par l’étude régressi­ve, indispensable pour cette recherche, que nous avons pu localiser précisé­ment toutes les maisons de la Cité. Deux documents ont servi de fil direc­teur : les déclarations de 1675 et « le censier du Grand fief de Saint-Maurice en ville et dans les faubourgs » de 1767-1789 dressé par Thorode (Arch. dép. de Maine-et-Loire, G 402 et 407). Quoique moins précis que d’autres réalisés à la même époque, ces registres ont permis d’élaborer un premier plan. Pour chaque maison, les confronts sont donnés pour les quatre côtés. En partant des maisons bien connues, on peut suivre pas à pas les maisons décrites. Ce travail est déjà assez long d’exploitation car chaque document comprend une soixantaine de folios pour la Cité et ses abords immédiats. Les remembrances des fiefs inscrites dans le censier du XVIIIe siècle remontent parfois jusqu’au XVe siècle. On peut ainsi suivre les modifications intervenues. Le censier du fief de Saint-Maurice de 1415 (Arch. dép. de Maine-et-Loire, G 404) est moins précis car les confronts sont plus sommaires mais il nous donne toujours le nom de l’occupant ; ce qui permet de déterminer le statut de la maison. Toutes les demeures de la Cité ne sont pas décrites dans ce censier. Il y a des oublis, comme par exemple la maison canoniale Saint-Paul, ou des informations connues seulement par les confronts. Le chapitre cathédral n’est pas le seul seigneur de la Cité. Le fief du Roi par exemple n’est connu que par des documents de Saint-Maurice car le premier censier du roi est de 1544 (id., C 220). Lorsqu’il existait des « trous » dans le parcellaire, il a fallu recourir à des sources externes au chapitre cathédral que nous avons décou­vertes au cours de notre étude. Aucun travail d’ensemble n’a été consacré aux fiefs à Angers comme celui réalisé pour Tours. Les modifications ont touché tous les îlots entre le plan du XVIIIe siècle et celui du XVe siècle. Des parcelles ont dû être subdivisées, comme par exemple la maison de Cunaud et la maison de Saint-Maurille. Les éléments architecturaux tels qu’un pignon fossile nous ont aidés à trancher. Il en est de même pour la maison de la confrérie Saint-Julien, incluse par la suite comme dépendance de la grande maison canoniale voisine. En revanche des parcelles ont parfois été réunies comme par exemple une maison de la rue Saint-Aignan, ou la maison canonia­le Sainte-Catherine, qui atteint une taille plus raisonnable par la suite.

Enfin le XVe siècle, après les profondes interventions du XIIIe siècle, a été marqué par toute une série de modifications. C’est ainsi que l’on peut voir que les maisons repérées des six ou sept dignitaires sont toutes proches de la cathédrale mais sans organisation spécifique. Hormis les trois archidiacres dont on a déjà parlé, le doyen habite la maison Saint-Martin (jusqu’en 1412) puis celle de Sainte-Croix et enfin celle de Saint-Barthélemy à partir de 1415. Les cinq maisons qui forment le côté sud du parvis sont occupées par les mêmes dignitaires et officiers du chapitre qui permutent pendant quelques années à l’intérieur du même îlot : le chantre, le maître-école et le maître de la Psallette. L’une de ces maisons est celle de Saint-Maurice, partiellement reconstruite en 1487. Le pénitencier est le plus près de la cathédrale en occu­pant la maison canoniale Saint-Luc reconstruite par Geoffroy Robin (273) avant 1413. Enfin le trésorier Jean Hauchepié (175) occupe avant 1386 la maison canoniale Saint-Pierre face au palais épiscopal. Les plus anciennes maisons de cette Cité sont la maison Sainte-Croix (5, rue Saint-Aignan) qui remonte au milieu du XIIe siècle, la maison Saint-Michel (17 bis, montée Saint-Maurice) dont les baies à remplages gothiques doivent dater du début du XIVe siècle et qui a été reconstruite par le chanoine Jean Bonnet (171). Malgré d’importants remaniements d’autres maisons du XVe siècle subsistent, celle de Saint-Barthélemy (9-11, rue Saint-Évroult) déjà mentionnée, celle de Sainte-Marie (10, rue Donadieu de Puycharic) achevée en 1479 par Jean Chauveau (405) et celle de Saint-Paul dans la rue du même nom, cons­truite en 1490 par le chanoine René de la Barre (492). Elle possède encore son oratoire voûté comme d’autres maisons. Toujours au XVe siècle à la suite de la disparition des maisons de ville des religieux, il y eut des modifica­tions : l’archidiacre d’Outre-Loire vint s’installer à la place d’une maison des Filles-Dieu, la maison de Cunaud, alors détruite, devient celle du chanoine Jean Brocet (299) qui agrandit ainsi la maison canoniale Saint-Maurille que dut rebâtir André Bessonneau (99), et celle de Fontevraud (La Haute Mule) est devenue une maison de rapport.

De l’ensemble canonial au sud de la cathédrale décrit plus haut, plus grand-chose ne subsiste : une place devenue (inévitable?) parking a été aménagée à la suite des actes de vandalisme révolutionnaire. En 1791, après la démolition de l’église Sainte-Croix, une rue est ouverte à travers l’enceinte et la maison canoniale Saint-Jacques. Depuis le cimetière Sainte-Croix, déménagé de ses sépultures à la fin du XVIIIe siècle, une pente est créée pour rattraper la différence de niveaux avec la Cité et occasionne la destruction du cloître et des bâtiments qui le bordaient. En 1792, c’est autour de la salle du chapitre. Le Directoire autorise l’amputation de l’ancienne église paroissiale et l’Empire acheva le travail destructeur avec l’abattement du porche en 1807. Enfin, on élargit la montée Saint-Maurice en taillant dans les dépendances des maisons canoniales. Malgré les dernières démolitions dues aux bombar­dements de 1944, la plupart des maisons, dont beaucoup ont été rebâties à l’époque moderne, sont toujours là. La Cité, en marge des activités urbaines et malgré bien des aléas, a conservé son aspect résidentiel, héritage du quartier canonial.

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