Fasti Ecclesiae Gallicanae. volume 19. Diocèse de Narbonne
Author | |
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Mots-clés | |
Dim. |
156 x 234 mm
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Année de publication |
2019
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Volume |
19
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Nombre de pages |
X+503
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Éditeur |
Brepols Publishers
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Ville |
Turnhout
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Numéro ISBN |
978-2-503-58602-1
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Contenu du volume :
- X+503 pages
Benoît Brouns, qui avait intégré l’équipe des Fasti plusieurs années après sa création nous a quittés en toute discrétion le 5 juin 2015, en Avignon. Nous ne l’avons connu que tardivement et ne sommes assurément pas les mieux à même de parler de lui. L’équipe des Fasti retient de Benoît le souvenir d’un homme profondément gentil, au sens noble du terme, humble et discret, toujours disposé et disponible pour la cause du bien commun. Aussi avons-nous, aussitôt cette triste nouvelle apprise, décidé collectivement que la meilleure manière d’honorer sa mémoire était de mener à bien la publication du volume des Fasti sur le diocèse de Narbonne qui nous avait permis de faire connaissance et auquel il avait tant travaillé. Hélène Millet avait annoncé dans un premier temps prendre la charge de fédérer les bonnes volontés pour parvenir à la parution du volume narbonnais dans la collection qu’elle a fondée il y a maintenant un quart de siècle, mais ses aspirations légitimes à prendre un peu de large avec la recherche pour se consacrer à d’autres engagements l’ont finalement amenée à passer le relais. La responsabilité nous est donc revenue de mener la tâche à son terme en tant que directeur de la collection (Jean-Michel Matz) et responsable scientifique de la base prosopographique (Laurent Vallière).
L’état des lieux au départ de l’entreprise n’était pourtant pas très engageant pour qui n’est pas familier des sources et de la bibliographie sur l’histoire de Narbonne, de son territoire et des diocèses voisins – raison pour laquelle les différents chapitres introductifs ont été soumis à la relecture scientifique de Michelle Fournié (université de Toulouse), Jacqueline Caille et Daniel Le Blévec (université de Montpellier), autrement mieux armés que nous, qui voudront bien trouver ici l’expression de notre très sincère gratitude. Au moment de sa disparition, Benoît Brouns avait certes mené à bien la rédaction de la notice institutionnelle du diocèse et, surtout, enregistré les notices biographiques de la base de ce diocèse, qui atteint le demi-millier d’individus. Pour le reste, il faut bien avouer que tout était encore très largement en chantier, à l’état pour l’essentiel de notes manuscrites disparates et très inégalement abouties. Au moment de son décès, il avait d’ailleurs conscience de laisser un travail inachevé et il était partagé entre le désir que ses recherches ne soient pas perdues et l’envie de détruire un ouvrage en devenir encore trop imparfait à son goût.
Il a donc fallu une mobilisation de toutes les énergies disponibles pour donner corps à cette publication et honorer ainsi la mémoire de son premier auteur. Des contributeurs avaient été sollicités par lui par le passé et sont restés fidèles à leurs engagements, ce dont il convient évidemment de les remercier très sincèrement : Monique Bourin pour le chapitre dense sur les nombreux palais et châteaux des archevêques dans leur cité et dans le diocèse, Yves Esquieu pour l’étude du quartier canonial, Christian Freigang pour celle du chantier de la cathédrale gothique, dont les textes étaient plus ou moins avancés (certains pas du tout…) au moment de son décès. D’autres sont venus répondre favorablement à une requête pour fournir une part du volume qui devait normalement lui incomber et méritent évidemment des remerciements soutenus et amicaux : Hélène Millet, Thierry Pécout et Vincent Tabbagh pour la rédaction des notices des archevêques de Narbonne entre le XIIIe et le XVe siècle qu’ils ont bien voulu se partager selon leurs périodes de prédilection. Enfin est venue se joindre à l’édifice Michelle Fournié avec une étude du chapitre de la collégiale Saint-Paul de Narbonne et de ses relations avec l’église-mère du diocèse. Comme cela a été annoncé dans la note liminaire du volume précédent sur Le Mans paru à la fin de l’année 2018, ces chapitres préliminaires – notices biographiques des archevêques exceptées – peuvent être désormais dotés d’un ensemble de notes de bas de page qui permettent de faire précisément référence ou de citer des sources et de renvoyer aux travaux historiographiques, mais cette nouveauté n’est pas appelée à être systématique.
Pour le versant prosopographique de ce volume, le lourd travail sur les notices canoniales a consisté en vérifications, mise aux normes, compléments et autres développements indispensables. Il fallait d’abord vérifier les informations : nous n’avons pas tout revu, ce qui n’était pas envisageable, ni raisonnable. Néanmoins, en partie grâce aux notes récupérées de Benoît Brouns, en partie aussi grâce aux nombreux documents aujourd’hui disponibles en ligne (dont des manuscrits de la Bibliothèque nationale à Paris, ceux de la Médiathèque du Grand Narbonne ou les registres du parlement de Toulouse), nous avons pu faire beaucoup de sondages et réexaminer la majeure partie des références données par leur auteur. Nous avons dû ensuite suivre les normes de la collection et, par exemple, éliminer certaines notices qu’il avait jugées intéressantes, mais qui ne sont pas prises en compte traditionnellement par les Fasti (dans le cas de ce diocèse, les officiaux locaux de Limoux, de Villerouge ou de Capestang, le juge des appeaux, les inquisiteurs…). Elles ont donc disparu de la base. Il a fallu également trancher dans des cas qui apparaissaient douteux. Au fil de ces révisions, il est apparu que si le travail des historiens modernes (copistes du nécrologe, Doat, Ducarouge ou Rocque) était extrêmement précieux, il ne tenait pas toujours compte des normes actuelles, amenant parfois des contradictions difficiles à résoudre. Au terme de ce travail de révision, près d’une cinquantaine de notices ont ainsi été éliminées. Enfin, il était nécessaire de développer des notices encore incomplètes et pour cela nous avons eu notamment recours à des volumes d’érudits de la Bibliothèque nationale (Doat, Baluze) ou à des registres apostoliques qui n’avaient pas été consultés par Benoît Brouns. Au final, nous avons pu créer à peu près autant de notices que celles qui ont disparu. Le chiffre total est donc assez proche de celui de la base telle qu’elle avait été laissée avant notre intervention. Nous espérons que le résultat final est le plus proche possible de ce qu’il aurait souhaité.
Au cours de ce long travail de mise au net de la base, les archivistes de l’Aude nous ont grandement aidés, en répondant à nos questions, en nous fournissant des copies d’inventaires ou en photographiant certains documents : il est donc un plaisir de remercier ici Stéphanie Dumay, Amandine Belkheir et Cécilia Gazel. Notre reconnaissance va également à Hélène Millet, qui a communiqué ses notes concernant des chanoines de Narbonne du début du XVe siècle. Nous sommes aussi redevables à Pierre Jugie de nous avoir permis de consulter sa thèse inédite, et à Vincent Tabbagh d’avoir fait pour nous des vérifications à la Bibliothèque nationale. Nous savons que Benoît Brouns a aussi bénéficié de l’assistance de diverses personnes, narbonnaises ou non. Il n’a malheureusement pas laissé leurs noms. Qu’elles soient toutes remerciées ici.
Au total, outre les vingt-deux prélats ayant occupé le siège archiépiscopal de Narbonne – dont l’un, Gui Foucois († 1268) devint pape sous le nom de Clément IV – qui font l’objet comme à l’accoutumée d’une notice développée, ce volume propose les notices plus ou moins fournies d’environ 500 individus et offre donc une belle moisson de dignitaires ou de chanoines qui, dans leur immense majorité, sont inconnus des dix-huit volumes précédents de la collection. Il permet aussi de retrouver des figures qui lui sont déjà familières, tel le cardinal humaniste Guillaume Fillastre († 1428), déjà présent dans six volumes antérieurs, ou les collectionneurs de bénéfices Jean (ici archevêque) et Nicolas Roger (archidiacre), deux des frères du pape Grégoire XI (1370-1378), présents quant à eux dans huit volumes chacun, à défaut de l’avoir sans doute été physiquement dans les cathédrales auxquelles ces livres sont consacrés – à moins que pour Jean Roger, tous les bénéfices qui lui sont prêtés (vingt-trois canonicats et vingt-et-une dignités, dans vingt-huit cathédrales et quelques collégiales !) aient peut-être été détenus par deux parents homonymes et contemporains ? Mais loin de se répéter à l’identique, les notices de ces individus, nourries aux sources locales, apportent à chaque nouvelle occurrence des informations ignorées jusqu’alors et permettent au fur et à mesure de reconstruire des biographies plus détaillées et « vivantes » que la sécheresse prosopographique ne le laisserait attendre.
Avec Narbonne, après Rodez et Mende, la collection des Fasti investit une France encore plus méridionale et cela se ressent nettement à la lecture du volume, par certains termes de nature institutionnelle (les conduchers ou « salariés » du bas-chœur par exemple), mais surtout par le profil des carrières. Les diocèses dans lesquels s’opère le cumul des bénéfices étant habituellement les voisins proches, on ne s’étonnera donc pas de trouver en très bonne place – par ordre décroissant – Béziers (plus de cinquante occurrences), Carcassonne, Agde, Albi, Toulouse ou Elne. La proximité du monde ibérique explique aussi qu’une trentaine de diocèses espagnols (mais rarement portugais) sont aussi concernés par ce cumul, tout particulièrement ceux du nord de la péninsule (Urgel, Lérida, Barcelone et Majorque pour les plus souvent cités). Le recrutement de certains clercs de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur de Narbonne s’est également fait de l’autre côté des Pyrénées, avec notamment Bérenger (fils naturel du comte de Catalogne et demi-frère du roi Alphonse II d’Aragon) qui est le premier archevêque de la période ici couverte, et peut-être aussi son successeur (si Arnaud Amalric est bien catalan de naissance), mais à terme, les conséquences politiques de la croisade dite des Albigeois dans la France du Midi ont progressivement tari ce flux au profit d’hommes issus de la France méridionale et, de plus en plus souvent septentrionale.
Une dernière précision s’impose. Laurent Vallière n’a pas compté son temps pour l’inlassable mais nécessaire travail de révision et de correction des notices de la base prosopographique et Jean-Michel Matz pour la supervision de l’ensemble du volume ou l’établissement de la bibliographie, raison pour laquelle nous apparaissons comme coauteurs de ce livre, mais sans la moindre intention de récupération, d’appropriation ou d’usurpation. Dans les modalités de sa préparation, le volume du diocèse de Narbonne rappelle donc tristement les conditions dans lesquelles celui du diocèse de Sées (le neuvième de la collection) était arrivé à terme en 2005. Dans les deux cas et sur la durée, la notion d’équipe prend tout son sens.
À Angers-Avignon, le 30 août 2019
Jean-Michel Matz et Laurent Vallière