Fasti Ecclesiae Gallicanae. volume 17. Diocèse de Toul
65 €
Author | |
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Mots-clés | |
Dim. |
156 x 234 mm
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Année de publication |
2017
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Volume |
17
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Nombre de pages |
442
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Éditeur |
Brepols Publishers
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Ville |
Turnhout
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Numéro ISBN |
978-2-503-57595-7
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Avec ce dix-septième volume sur le diocèse de Toul, les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ opèrent leur deuxième percée dans l’Est de la France d’aujourd’hui après Besançon (volume paru en 1999), sans pour autant tomber en terre totalement étrangère. Ce territoire se répartit en effet entre de nombreuses entités féodales, qu’elles soient principautés (comté puis duché de Bar, duché de Lorraine, comté de Vaudémont), grandes seigneuries, temporels épiscopaux ou abbatiaux, mais où l’influence française était déjà grandissante depuis l’installation du roi dans le comté de Champagne en 1285, qui obtient ensuite la suzeraineté sur une partie du Barrois occidental appelée plus tard « Barrois Mouvant », avant que l’implantation des Angevins en Barrois justement et en Lorraine au xve siècle ne vienne servir les ambitions de la « grant monarchie de France » dans sa poussée hors de ses frontières. En conséquence, le chapitre cathédral de Toul n’est pas si étranger aux terrains déjà fréquentés par certains des volumes précédents de notre collection qui ont traité de diocèses plus ou moins voisins. D’ailleurs, le caractère universel – « mondialisé » dirait-on aujourd’hui – des carrières ecclésiastiques du Moyen Âge ne s’embarrassait guère des frontières politiques d’alors, même si la communauté canoniale touloise montre un recrutement avant tout local, avec seulement une centaine d’individus extérieurs à la Lorraine, pour moitié venus de l’Empire et pour l’autre de France ou de la péninsule italienne. Mais la pauvreté relative des sources locales, soulignée par les auteurs de ce volume, laisse dans un quasi anonymat nombre de chanoines par qui, avec une documentation plus abondante, ces conclusions auraient peut-être dû être nuancées.
Les sept cents membres environ répertoriés dans le chapitre de la cathédrale de Toul viennent abonder la base cumulative des évêques, dignitaires et chanoines – elle compte désormais près de 18 000 individus ! – que les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ s’attachent à constituer et à enrichir chaque jour, en dépit des difficultés de l’entreprise. Celle-ci ne manque pas de nourrir depuis ses débuts les remarques attentives des recenseurs, bienveillantes dans le meilleur des cas, auxquelles nous essayons de répondre tant que faire se peut tout en restant attachés aux principes de base qui nous guident dans ce long cheminement. L’introduction d’une table chronologique des chanoines depuis le volume sur le diocèse de Bordeaux est un exemple parmi d’autres de la manière dont nous essayons de satisfaire les attentes de certains lecteurs telles qu’elles s’expriment dans les recensions. L’architecture et l’ampleur prise par les notices des évêques – afin de remédier aux lacunes de l’historiographie jusqu’à la plus récente et aux multiples erreurs véhiculées par les érudits locaux depuis parfois l’Ancien Régime – et le caractère foisonnant des références archivistiques et bibliographiques qui viennent les étayer est un autre exemple de la volonté de l’équipe des Fasti d’amender ses pratiques pour enrichir notre savoir sur le monde des desservants de tout statut des cathédrales de la France dans ses frontières actuelles.
Dès les premiers volumes de la collection parus, des critiques récurrentes ont pu s’exprimer librement pour en optimiser les apports : sources et bibliographie malheureusement données en vrac sans référence précise à tel item, sécheresse des notices (issues d’une base informatisée), cumul des bénéfices livré selon un ordre aléatoire. Une autre critique porte sur le choix de réserver un sort particulier aux bénéfices dits « mineurs » possédés dans le diocèse du chapitre traité par le volume ; ils sont pourtant le moyen d’apprécier l’ancrage local plus ou moins fort d’une carrière ecclésiastique – comme ils le seraient de nos jours pour les femmes et les hommes politiques s’ils étaient plus assidus dans leurs mandats que nos chanoines ne le furent dans leurs stalles…
Sans s’abriter derrière l’alibi facile des contraintes provenant de l’outil informatique, force est de reconnaître que le passage d’informations encodées à leur tirage papier a pour effet malencontreux de redistribuer certaines données et d’introduire par exemple dans le cumul des bénéfices un classement alphabétique des diocèses là où l’auteur les aura entrées selon l’ordre chronologique du déroulement d’une carrière. La critique est évidemment recevable, mais il ne faut pas non plus oublier que les dates retrouvées dans les sources ne sont souvent que des attestations à un moment donné dans un bénéfice qui peut être détenu depuis parfois longtemps et que la disparition d’un chanoine de la documentation conservée ne signifie pas forcément la résignation ou la permutation de sa prébende ou son décès. On a critiqué aussi la présence dans la base d’évêques n’ayant pas détenu auparavant de prébende ou de dignité dans le chapitre, mais l’épiscopat n’est-il pas la première dignité d’une église locale ? À ces critiques de méthode vient s’ajouter la mise en avant d’un paradoxe qui consisterait finalement, en apparence, à vouloir faire tenir dans un même livre deux entreprises différentes, en proposant le résultat d’une base de données sur la prosopographie des membres d’un chapitre cathédral assorti d’un ensemble de notices consacrées à la cathédrale en tant que bâtiment et à des sujets d’ailleurs variables d’un volume à l’autre (quartier canonial, bibliothèque et livres, trésor…), en fonction à chaque fois des sources disponibles, des études réalisées et des spécificités propres à chaque contexte local. La prosopographie reste évidemment le centre du projet des Fasti, mais l’idée de départ a toujours été de ne pas livrer une cargaison de notices sèches isolées de tout contexte humain et matériel. Il suffit de rappeler le rôle fondamental de ces hommes d’Église dans l’aménagement monumental des cathédrales qu’ils desservaient, dans la commande décorative qui les embellissait, dans la constitution des trésors et des bibliothèques qui les enrichissaient pour reconnaître que ces notices préliminaires, loin d’être inutiles ou superfétatoires, constituent un véritable supplément d’âme à la connaissance des hommes que la forme informatique réduit trop souvent à des informations brutes en style télégraphique.
La perfection n’ayant jamais été de ce monde, le regard critique est toujours le bienvenu et il ne manque pas d’enrichir une entreprise qui comme toute aventure scientifique a toujours quelque chose d’empirique dans sa démarche même si elle repose sur des présupposés mûrement réfléchis et appliqués avec rigueur par ses membres dans la durée. Le fonctionnement du projet a été ainsi voulu par sa fondatrice Hélène Millet et il est pleinement et totalement assumé par ses « héritiers », tout en laissant toujours une large part de liberté et d’initiative aux auteurs des différents volumes, sans lesquelles la recherche historique serait finalement bien ennuyeuse.
Depuis l’origine de la collection, les notes liminaires ont permis à leurs auteurs successifs de présenter avec plus ou moins de prolixité les évolutions de notre équipe, de souligner les changements intervenus dans les modalités de fabrication des volumes ou d’annoncer les diocèses en voie de progression ou d’achèvement. En l’état actuel, les prochains volumes, dans un ordre alphabétique tout aussi aléatoire que celui des bénéfices détenus par nos chanoines, devraient être ceux de Clermont, Le Mans et Narbonne, sous réserve d’un retard pris par l’un ou d’un surgissement inattendu d’un autre. Les notes liminaires sont aussi l’occasion de faire part d’événements qui témoignent de la vitalité de cette équipe de recherche « informelle » au sens où, bien qu’ayant une affiliation officielle, elle repose essentiellement sur l’investissement de chercheurs, institutionnels ou non, qui ont pour motivation principale de faire progresser son projet au prix de bien des abnégations. L’organisation de journées d’étude pour donner un contenu thématique à nos réunions annuelles et accroître la visibilité de nos travaux rencontre un réel succès. Les actes de la première, au printemps 2016, sur les chapitres cathédraux et la mort, sont en cours de publication dans un numéro spécial de la revue Le Moyen Âge, que nous remercions très sincèrement de son accueil. Après la séance tenue le 24 mars 2017 sur le thème « Évêques, chanoines et institutions charitables en France du XIe au XVe siècle » (avec des communications sur la province de Reims, les chapitres de Paris et Maguelone, la France du Midi et l’Espagne), qui donnera également lieu à publication, la prochaine table ronde au printemps 2018 sera consacrée aux problèmes – tant heuristiques que méthodologiques – posés par les registres de délibérations ou de conclusions des chapitres cathédraux, une catégorie documentaire pourtant fondamentale pour nos recherches mais qui n’est certainement pas envisagée à sa juste valeur par l’historiographie tant les enjeux qu’elle soulève sont complexes.
Les notes liminaires sont encore l’occasion de remercier les Éditions Brepols de la fidélité dont elles font preuve dans leur soutien, assuré maintenant par Madame Loes Diercken ; elle a désormais remplacé avec la même efficacité Christophe Lebbe qui avait accompagné l’aventure des Fasti depuis ses débuts.
À Angers, le 31 mai 2017
Jean-Michel Matz