Fasti Ecclesiae Gallicanae. volume 16. Diocèse d'Auxerre
65 €
Author | |
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Mots-clés | |
Dim. |
156 x 234 mm
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Année de publication |
2016
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Volume |
16
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Nombre de pages |
606
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Éditeur |
Brepols Publishers
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Ville |
Turnhout
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Numéro ISBN |
978-2-503-56677-1
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Pour l’équipe des Fasti Ecclesiae Gallicanae, l’année 2016 restera très certainement comme un excellent millésime puisque la parution à l’automne de ce seizième volume de la collection sur Auxerre intervient quelques mois seulement après celui consacré au diocèse de Chalon-sur-Saône, sorti juste avant l’été. Il faut remonter à 1998 pour retrouver une année aussi faste, avec la publication à peu de distance des deux volumes sur les sièges archiépiscopaux de Rouen et de Reims. Nous devons ce nouvel opus à Vincent Tabbagh, un des piliers du groupe des Fasti depuis sa création il y a maintenant un bon quart de siècle, qui avait justement assuré cette année-là la publication du volume sur Rouen, avant de donner celui sur Sens en 2009 – métropole voisine d’Auxerre de laquelle ce siège était suffragant. C’est dire s’il est rompu à l’exercice, qu’il relève à chaque fois avec brio.
Auxerre vient enrichir notre collection avec le cas d’un diocèse en apparence plutôt modeste – environ deux cents paroisses seulement – qui présente en particulier un net contraste entre l’envergure du pouvoir de l’évêque et un chapitre très en retrait. Le prélat, qui se revendiquait major dominus in spiritualibus et temporalibus in comitatu et diocesi Autissiodorensi, avait en effet une puissance féodale considérable – il affirmait d’ailleurs détenir son temporel de Dieu seul ! Les Gesta episcoporum d’Auxerre ont encore amplifié le rayonnement de ces prélats et entretenu leur mémoire pour l’éternité. Les revenus du siège épiscopal le plaçaient alors dans la tranche supérieure des évêchés du royaume de France. Si l’on ajoute encore à ces données la richesse des sources les concernant et le fait que le diocèse d’Auxerre détient à l’échelle du royaume, avec trente-quatre individus, le record du nombre de prélats en ayant assumé la charge entre le xiiie et le xve siècle, le lecteur comprendra mieux l’ampleur inhabituelle prise par les notices biographiques qui leur sont consacrées, d’autant que prennent place parmi eux plusieurs personnages éminents.
À l’opposé, le faible prestige et les revenus limités des prébendes du chapitre cathédral auxerrois rendent compte quant à eux du recrutement sans grand relief de la grande majorité de ses membres. Avec cinquante-neuf prébendes, dont plusieurs étaient attachées à des dignités ou des personnats, la communauté était pourtant particulièrement fournie, ce qui explique que la base de données constituée par Vincent Tabbagh dépasse les neuf cents individus, même si l’auteur peut déplorer que l’effectif total n’a pu être reconstitué, du fait de sources lacunaires pour le début de la période couverte, ce qui est très souvent le cas, mais plus encore pour le xve siècle. La structure et la chronologie des fonds conservés sont en effet très variables d’une cathédrale à l’autre et l’on a déjà maintes fois souligné cette grande variété des situations documentaires locales. Ainsi, à la différence d’autres volumes des Fasti, l’absence de sources n’a pas permis de nourrir des développements sur les bibliothèques ou le trésor constitués par les évêques et les chanoines au fil des siècles, ou des études sur les dispositifs liturgiques ou les décors déployés dans ces églises.
La réalisation d’un volume des Fasti Ecclesiae Gallicanae n’est pourtant pas seulement tributaire de l’état quantitatif et qualitatif des sources médiévales aujourd’hui disponibles. Elle tient également à la vigueur ou non de l’ancienne érudition locale à la plus ou moins grande vitalité de la recherche scientifique contemporaine. Dans le cas présent, Vincent Tabbagh a bénéficié d’un contexte très favorable grâce aux travaux du Centre d’Études Médiévales d’Auxerre. Christian Sapin – en collaboration avec Sylvain Aumard et Fabrice Henrion – donne ainsi une notice particulièrement détaillée du quartier cathédral. Sylvain Aumard et Patrice Wahlen présentent ensuite la chapelle Notre-Dame-des-Vertus, installée dans le portail sud de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Étienne, qui fut à la fois le lieu d’un pèlerinage et un centre d’inhumation jusqu’à l’époque moderne. Le volume d’Auxerre est donc riche d’éléments sur l’environnement monumental de ces hommes d’Église.
Depuis l’origine de la collection, les notes liminaires ont permis à leurs auteurs successifs de présenter avec plus ou moins de prolixité les évolutions de notre équipe, de préciser les changements intervenus dans les modalités de fabrication des volumes et d’annoncer les diocèses en voie de progression ou d’achèvement. Nous serons brefs sur la vie de l’équipe, que de nouveaux chercheurs continuent à rejoindre au gré de recherches entreprises dans des cadres variés, pendant que d’autres membres sont amenés pour des raisons diverses à prendre un peu de distance avec elle. Elle reste donc bien vivante. La nouvelle formule adoptée par la réunion désormais annuelle du groupe de recherche en est d’ailleurs la preuve : la prochaine journée d’étude des Fasti est ainsi programmée le 24 mars 2017, avec pour thème la place des chapitres cathédraux dans l’assistance aux derniers siècles du Moyen Âge, un thème qui est très loin d’avoir révélé toute sa substance. Quant aux échéances à venir en matière de publication, l’expérience nous a appris la prudence. Certains diocèses annoncés un moment comme imminents attendent en effet toujours leur achèvement de longues années plus tard. Dans le même temps, des travaux universitaires mis en chantier par de jeunes chercheurs ou des thèses récemment soutenues laissent augurer rapidement de nouvelles perspectives dont il faut se réjouir. Il ne fait pas de doute que l’avenir est assuré, même s’il est aujourd’hui impossible d’en donner le calendrier.
À Angers, le 15 juin 2016
Jean-Michel MATZ