Fasti Ecclesiae Gallicanae. volume 24. Diocèse de Cambrai
80 €
Author | |
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Mots-clés | |
Année de publication |
2024
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Volume |
24
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Date de publication |
2024
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Éditeur |
Brepols Publishers
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Ville |
Turnhout
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Numéro ISBN |
978-2-503-60221-9
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Contenu du volume :
- pages xiii + 805 p., 156 x 234 mm
Pour l’équipe des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ, l’année 2023 aura principalement été marquée par la parution du volume de Troyes et la préparation de celui-ci. Le 31 mars, les Fasti ont tenu leur journée d’études habituelle au Campus Condorcet, à Aubervilliers. Elle portait sur le modèle régulier au sein des cathédrales entre 1300 et 1500 et rassembla Laurent Vallière (« La régularité au chapitre cathédral d’Avignon »), Hervé Chopin et Stéphane Gomis (« Le chapitre cathédral de Saint-Flour : du prieuré clunisien à la sécularisation »), ainsi que Clément Pieyre (« La sécularisation des chapitres cathédraux et des abbayes en Bas-Languedoc sous François Ier »). La dominante méridionale de ces contributions permet de proposer leur publication dans un prochain numéro de la revue Annales du Midi, dont nous remercions la direction pour son bon accueil. La journée de mars fut aussi l’occasion d’accueillir des collègues archéologues de la Direction archéologique de Chartres métropole, Mathias Dupuis et Laurent Coulon, qui présentèrent les recherches du service archéologique de cette cité. Cela jeta les bases de contacts que l’on espère fructueux, en prévision du futur tome des Fasti sur Chartres.
La disparition au mois de janvier de Noël Coulet, professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, a privé la Provence médiévale de son plus grand spécialiste et le volume d’Aix de son pilote, alors que les contributions de divers auteurs étaient bientôt prêtes. Nous gardons bon espoir de mener à bien cette entreprise toutefois, grâce aux notes que notre collègue et maître a laissées mais qu’il va nous falloir traiter. Ce serait un juste hommage à rendre à cette grande figure de la médiévistique française. Outre les volumes dont le planning était prévu, avec Verdun pour 2024 (Michaël George), Beauvais pour 2025 (Sofiane Abdi), viendront les tomes d’Aoste (Paolo Buffo), Orléans (Amandine Le Roux et Paul Chaffenet, dans la continuité du travail accompli par Charles Vulliez et en mémoire de son œuvre scientifique), Le Puy (Sébastien Fray), pour les dernières années de la décennie. Du reste, Fabrice Ryckebusch est sur le point d’achever le volume de Toulouse et il se pourrait bien qu’il soit l’un des prochains à notre catalogue. Notons aussi que les éditions Brepols, qui accueillent depuis ses débuts notre collection, ont connu un remaniement de leur équipe : Mme Loes Dircken, jusqu’ici directrice éditoriale et notre principale interlocutrice a cédé la place à Mme Jirki Thibaut. Nous saluons l’œuvre de Mme Dircken à nos côtés, ses qualités d’écoute, sa bienveillance et sa fiabilité et nous réjouissons de l’arrivée de Mme Thibaut, avec qui nous avons fait connaissance lors de la journée annuelle de mars 2023.
Le recueil en l’honneur de Jean-Michel Matz, Un Moyen Âge en partage, sous la conduite d’Isabelle Mathieu de l’université d’Angers et de moi-même, paraîtra à Rennes en 2024 et donnera lieu à une cérémonie de remise. Il offrira à notre collègue disparu en 2020 quelques hommages à ses travaux et recherches, parmi lesquels se comptent nombre de ses amis des Fasti. Deux manifestations scientifiques ont également marqué cette année, du fait de l’implication de membres des Fasti dans leur organisation ou comité scientifique, ou de partenariats anciens de notre équipe au Portugal. Il s’agit tout d’abord du colloque organisé à l’Université de Lorraine, sur le site de Nancy, les 24-26 mai 2023. Il portait sur « Les évêques en leur monde : réseaux, communautés, influences (Xe-XIIIe s.) » et était placé sous la responsabilité de Christine Barralis, Grégory Combalbert et Jean‑Baptiste Renault. Nos collègues portugaises de l’Université de Coimbra ont ponctué d’un autre colloque leur projet de recherche intitulé « COMMEMORtis – What survives after death ? ». Sous la conduite de Maria Amélia Campos, Ana Isabel Ribeiro, Ana Maria Correia, Gabriel Bonora, Mariana Barreira, s’est tenu une session internationale sur « Communautés paroissiales et stratégies de commémoration funéraire dans la ville médiévale », les 10-12 juillet 2023. Les actes de ces deux rencontres sont en cours de publication. Elles illustrent le fonctionnement de notre équipe, comme réseau, et la richesse de ses apports. Au demeurant, la Lettre des Fasti, sous la conduite de Jean-Vincent Jourd’Heuil, rend compte annuellement non seulement de nos propres activités, mais aussi de celles de nos membres et partenaires. Elle constitue notre veille documentaire et scientifique sur l’histoire du clergé des cathédrales et l’on sait gré de son dynamisme à son directeur.
L’Association des Fasti propose désormais d’aider, à la mesure de ses modestes moyens, les doctorants travaillant sur les chapitres et les évêques. Ainsi, notre bourse de thèse 2022 a été attribuée à Lucas Flandre et à sa recherche portant sur « Le réseau documentaire du chapitre cathédral de Reims (XIIIe-XVIe siècle) : défendre, gérer, se souvenir », sous la codirection de Véronique Beaulande-Barraud (Université Grenoble Alpes) et de Paul Bertrand (Université catholique de Louvain). Celle de 2023 revient à M. Théo Leblond, pour son travail sur « La politique bénéficiale de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dans les diocèses de ses Pays-Bas (Arras, Cambrai, Thérouanne, Tournai) sous le pontificat d’Eugène IV (1431-1447) », sous la direction des professeurs Bertrand Schnerb et Alain Marchandisse. Les deux doctorants se sont engagés à venir présenter leurs travaux lors d’une prochaine journée d’études des Fasti.
Enfin, après son réemménagent dans ses nouveaux locaux, le laboratoire CERCOR présente à nouveau à ses lecteurs la bibliothèque des Fasti enrichie désormais des fonds Charles Vulliez et Noël Coulet. L’essentiel de la bibliothèque et des papiers de ce dernier est toutefois abrité comme il se doit par la Médiathèque de la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence. Le CERCOR, bien équipé désormais, est fin prêt pour accueillir les chercheuses et chercheurs des Fasti, sous les auspices de ses ingénieurs Martine Alet et Ahmad Fliti.
Le présent volume, que nous devons à Monique Maillard-Luypaert, concerne le diocèse de Cambrai. Il est le 23e de la collection et le quatrième pour la vaste province de Reims. Il étudie l’un des ressorts ecclésiastiques les plus vastes de notre programme, avec ses 1029 paroisses et plus d’une vingtaine de collégiales séculières. Voilà aussi une circonscription dont l’essentiel relève de l’empire germanique. En outre, ce tome s’attache à l’un des chapitres cathédraux offrant au chercheur la plus grande richesse documentaire. Telle, que l’autrice a dû effectuer des choix, afin de rendre possible une publication qui sans quoi risquait de s’ensabler dans l’immensité des dépouillements et des données. En dépit de cet obstacle, nous voilà en présence d’un copieux ouvrage réalisé dans les temps. Ses développements initiaux associent à la présentation des structures du gouvernement de l’Église locale, l’examen de la cathédrale, de son quartier et de la bibliothèque des chanoines. La synthèse ainsi proposée est exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord pour la population cléricale ici étudiée, ainsi que sa qualité et sa circulation bénéficiale qui intéressera plus d’un collaborateur des Fasti. Ensuite, pour la masse des informations issues des sources manuscrites et rendues accessibles. Enfin, parce qu’il s’agit d’une première synthèse monographique.
L’autrice nous présente vingt-et-un évêques ayant siégé entre 1200 et 1502, en de fort riches notices biographiques. On ne s’étonnera pas d’y rencontrer de grands personnages, d’abord issus de la noblesse locale et de l’oligarchie échevinale de Cambrai, des affidés et officiers des rois de France, de grands universitaires tel Pierre d’Ailly, des parents ou serviteurs des maisons de Hainaut, de Genève, Boulogne et Auvergne, de Flandre, de Luxembourg ou des ducs de Bourgogne. Mais un seul prélat, d’une famille du Latium, a d’abord gravité autour de la Curie romaine. C’est que l’évêque de Cambrai est doté de pouvoirs comtaux, sa cour et son administration sont celles d’un prince de l’Église, sa puissance seigneuriale est considérable. Le chapitre cathédral, aux notables effectifs avec ses cinquante prébendes, se voit doté de statuts et d’une mense canoniale dans le courant du XIIIe siècle, après l’abandon progressif de la vie commune. Avec ses six officiers principaux, ses importants revenus, ses possessions rurales et urbaines, son école, il constitue un pouvoir très actif dans la cité, tout en administrant l’importante population des clercs qui l’assiste dans la cathédrale ou la ville. Mais de la cathédrale Sainte-Marie elle-même, telle qu’elle émerge lors des chantiers entrepris à partir de la seconde moitié du XIIe siècle et jusqu’en 1251, il ne reste rien aujourd’hui. Pour la connaître, depuis son architecture, sa structure intérieure et son décor jusqu’aux pratiques rituelles qu’elle abritait, l’autrice s’appuie sur les travaux de reconstitution de Jacques Thiébaut, ainsi que sur une étude très fine de la documentation écrite. De même pour le quartier canonial, le palais des évêques et autres édifices (officialité par exemple). Pour finir, Monique Maillard-Luypaert offre une présentation et un catalogue de la bibliothèque capitulaire à la fin du Moyen Âge, en livrant un précieux outil qu’elle complétera par un travail à venir plus approfondi.
Le volume de Cambrai marquera notre collection par l’ampleur des informations qu’il dévoile et rassemble. Placé sous la seule responsabilité de Monique Maillard-Luypaert, il résulte en fait de multiples collaborations et échanges dont l’autrice rend compte ci-après. C’est bien là le cœur du propos des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ : mettre en partage le savoir d’un collectif, étudier une population cléricale dans son ensemble, partir du local pour mieux penser à l’échelle de l’Église.
À Rognac, 1er octobre 2023 Thierry Pécout