Fasti Ecclesiae Gallicanae. volume 22. Diocèse de Mâcon

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Prix

75 €

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Année de publication
2022
Volume
22
Éditeur
Brepols Publishers
Ville
Turnhout
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Contenu du volume :

  • pages approx. 368 p., 156 x 234 mm, 2022
  • ISBN: 978-2-503-59969-4
 
L’année 2021 aura été marquée par les épreuves de la pandémie, à nouveau, et de la disparition de deux membres des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ : Anne-Marie Hayez et Charles Vulliez auxquels notre assemblée du 26 mars a rendu hommage. Celle-ci n’a pu se tenir qu’à distance, mais l’expérience acquise nous permettra par la suite de retransmettre les prochaines journées, que nous pensons tenir dans les conditions habituelles, afin de toucher un vaste auditoire comme ce fut le cas ce mois-là où des collègues nous ont suivis depuis plusieurs pays européens. L’équipe des Fastia ainsi poursuivi ses travaux. La première Lettre des Fasti sous la direction de Jean-Vincent Jourd’Heuil (UMR Lem-CERCOR) est parue en décembre 2020. Le même a organisé une journée d’études qui, vraisemblablement, paraîtra bientôt. Elle portait sur « Les sceaux des évêques et chanoines en France (1300-1500) » et a rassemblé des contributions d’Arnaud Baudin (Archives départementales de l’Aube), Clément Blanc-Riehl (Archives nationales), Paolo Buffo (Università degli Studi di Bergamo), Laurent Hablot (EPHE), outre les interventions de l’organisateur. Plusieurs ouvrages, éditions de sources et articles ont été présentés lors de cette même journée, de même sur notre site internet : ils attestent un certain dynamisme des études concernant le monde canonial et les évêques, même si ces thèmes et ceux des Fasti Ecclesiæ Gallicanæ mériteraient encore plus d’attention de la part de nos institutions. Il est vrai qu’un pareil programme, compte tenu de son ampleur et de son souffle, dépasse largement les centres d’intérêt d’universités et de laboratoires dont l’énergie est accaparée par des tâches bureaucratiques et à court terme. Il nous faut avancer malgré l’air du temps, du reste inconstant.

D’ailleurs, nous avançons. Une réflexion est en cours à propos de la fondation d’une nouvelle collection concernant les diocèses de Portugal aux Éditions Brepols, inspirée par notre expérience, les Fasti Ecclesiæ Portugalensis. De nouveaux collègues nous ont rejoints. Nous espérons que le travail entrepris par Charles Vulliez pour le diocèse d’Orléans sera mené à son terme sous la conduite d’Amandine Le Roux et Paul Chaffenet. Les volumes qui viendront dans les années à venir sont en bonne voie et nous nourrissons l’espoir que cet ordre-ci de parution sera respecté : le diocèse de Troyes par Sandrine Legendre en 2022, celui de Cambrai par Monique Maillard-Luypaert en 2023, celui de Verdun par Mickael George en 2024. Grâce au travail précis et assidu d’Ahmad Fliti, ingénieur au laboratoire CERCOR, la base de données des Fasti a subi quelques nouvelles retouches de code, ce qui lui permet notamment de s’adapter aux diocèses comportant des chapitres cathédraux réguliers. Sans compter le Lexique canonial en ligne sur notre site, sous la férule d’Yves Esquieu, qui s’alimente de nouvelles entrées chaque année. Martine Alet, ingénieure d’études du CERCOR, poursuit sa très efficace collaboration éditoriale avec les Éditions Brepols pour le traitement en prépresse de chaque volume. Laurent Vallière épaulé par Jacques Madignier assure la relecture des notices et des tables issues de la base de données. L’équipe qui a pris la succession de celle qu’orchestrait Jean-Michel Matz depuis l’Université d’Angers a désormais atteint son rythme de croisière. Rappelons que la bibliothèque des Fastiest accessible à tous ses membres et qu’un répertoire de nos archives est à venir. Nous essaierons de rendre accessible en ligne les diverses ressources dont nous disposons, autant que possible, car le site des Fastiévolue lentement vers un portail de ressources. Enfin, notre activité scientifique soutenue pose la question de la périodicité de nos journées. Il est possible que nous retournions à des sessions biannuelles, comme au début du programme. L’option est à l’étude.

Le présent ouvrage s’attache à la province de Lyon, avec le diocèse de Mâcon. C’est l’une des plus avancées de notre programme : avec le souhait de la parution du volume de Langres sous la responsabilité de Jean-Vincent Jourd’Heuil et de celui du siège métropolitain, elle est en passe de voir tous ses diocèses traités. On le doit pour l’essentiel à Jacques Madignier, qui s’est successivement attaché aux tomes d’Autun et de Chalon-sur-Saône. Au regard de ses ressources bénéficiales, le chapitre cathédral de Mâcon est l’un des plus modestes de la région. Son diocèse adossé à la vallée de la Saône est découpé par une large enclave de celui d’Autun. Les juridictions de l’évêque sont affaiblies par la présence de la puissante abbaye de Cluny. Par infortune, la cathédrale médiévale Saint-Vincent ne nous est parvenue qu’à l’état partiel, tandis que le cloître et le quartier canonial ont subi les assauts de l’urbanisme des temps contemporains. Le volume proposé s’enrichit d’un chapitre de Camilla Cannoni consacré au palais épiscopal et à son environnement urbain, ou du moins à ce que l’on peut en saisir. L’historien comme l’archéologue doivent se tourner vers la documentation écrite et l’iconographie moderne pour proposer des hypothèses de restitution, en attendant les découvertes matérielles qu’une opération urbaine livrera peut-être un jour. Ce sont là des jalons essentiels qui se trouvent ainsi posés.

L’Église de Mâcon fut gouvernée par des prélats d’envergure moyenne. Aucun religieux parmi eux. Outre leurs anciens démêlés avec l’abbé de Cluny, ils durent composer avec les comtes de Mâcon, puis avec l’autorité royale. Ils subirent les conflits géopolitiques suscités d’abord par les convoitises capétiennes sur Lyon, puis par les rivalités entre le roi et les Bourguignons au XVe siècle. Pour sa part, le chapitre cathédral de Mâcon, à la faveur de concessions du roi de France, su construire une seigneurie dans la cité qui s’affirme dès le début du XIIIe siècle. Il faut attendre l’extrême fin du xive siècle pour que le recrutement des évêques élargisse quelque peu ses horizons. Mais domine un personnel originaire du Forez, de la région lyonnaise, de divers lignages vassaux du duc de Bourgogne. Les carrières bénéficiales sont sans éclat, quelques prélats seulement quittant Mâcon, qui pour terminer à Amiens, qui à Besançon, qui à Vienne. Le XVe siècle abrite quelques figures plus prestigieuses, tel Geoffroy de Saint-Amour, proche des Bourguignons. La taille du diocèse rappelle par bien des aspects celle des ressorts méridionaux, mais on n’y trouve point l’influence grandissante des curialistes, l’emprise des provisions pontificales, ni même l’étroitesse des liens avec les pouvoirs princiers. Petit diocèse de Mâcon, carrières étriquées, mais intense vie institutionnelle et relationnelle, imbrication entre la ville et son chapitre. L’échelle d’analyse proposée par ce volume tranche certes avec celles de chapitres cathédraux plus convoités, mais elle conduit l’historien à s’intéresser davantage aux oligarchies locales et à questionner les carrières canoniales et épiscopales au prisme de leurs stratégies de pouvoir.

 

 

À Rognac, le 5 juillet 2021                                                                                      Thierry Pécout

 
Carte diocèse de Mâcon