CR 15 janvier 1999

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 15 janvier 1999

Informations générales :

Suite aux aléas de l'informatique, nous n'avons pas de nouvelle parution de volume à annoncer cette fois-ci, mais le volume sur Besançon devrait normalement paraître pour la prochaine réunion, fixée au vendredi 2 juillet 1999. Le cumul des bases en vue de la confection d'un CD-ROM est quant à lui en cours de discussion avec la maison Brepols.

La caisse des monuments historiques met sur pied pour la fin de l'année 2001 une exposition sur les cathédrales (essentiellement sur l'architecture).

Un colloque d'histoire diocésaine sera organisé à l'automne 2000 par la Fundazione Ambroziana : Mme Millet participera à la réunion préparatoire et pourra donc nous apporter des détails ultérieurement sur son contenu.

Outils de travail, par Christine Barralis, Anne Hubert et Jean-Nicolas Rondeau

Le fichier bibliographique, recensant les ouvrages et articles susceptibles d'intéresser les collaborateurs est en fin de réalisation. Afin de pouvoir mettre à la disposition des collaborateurs un tirage actualisé lors de la prochaine réunion, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire parvenir les références bibliographiques dont vous disposez. Nous vous rappelons aussi qu'un certain nombre de ces ouvrages peuvent être empruntés au G.D.R. à Orléans ou en salle 317 à la Sorbonne. Il vous suffit pour cela de vous adresser à Mme Martin. Il est par ailleurs prévu de mettre au point une courte liste des ouvrages communs à tous les diocèses.

La base répertoriant les archidiaconés (avec leurs abréviations) a également été distribuées aux collaborateurs. Là encore, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous adresser vos compléments éventuels, en particulier s'il s'agit des diocèses bretons, sur lesquels nous n'avons que très peu d'informations.

Les batiments entourant la cathédrale d'Auch, par Françoise Merlet-Bagnéris (auteur d'une thèse d'histoire de l'art sur la cathédrale)

La cathédrale actuelle, qui date en majorité du XVIIe siècle, a été construite à partir du XIVe sur des plans de style gothique. Elle a remplacé une église romane (construite à partir de 1064 et dont l'autel majeur fut dédié en 1120) en empiétant d'ailleurs sur le cloître primitif.

On trouve au sud-est de l'église actuelle plusieurs bâtiments canoniaux, en particulier une petite salle en renfoncement de nos jours, que F. Merlet-Bagnéris a identifié comme une ancienne salle capitulaire. D'après sa reconstitution, elle faisait environ 10 m sur 5, ce qui en fait une salle d'assez grande dimension, si l'on considère qu'il n'y avait officiellement que 24 chanoines. On y trouve des peintures murales datant des XIIIe-XIVe siècles, d'interprétation difficile, représentant un roi couronné recevant des dignitaires et déposant des offrandes sur une table. Son architecture, d'esprit cistercien, peut être comparée à celle d'autres salles capitulaires du Gers et des diocèses dépendants d'Auch construites dans la première moitié du XIIIe siècle.

 

Il s'agirait en fait d'une construction due à Magneux Ier, archevêque d'Auch de 1226 à 1241, qui tenta de redonner vie à l'institution capitulaire, quasi-inexistante depuis la destruction de la cathédrale romane par le comte Bernard d'Armagnac dans les années 1170-1190, suite à un conflit avec l'archevêque (durant toute cette période, les actes ne mentionnent jamais plus de 2-3 chanoines). Magneux n'aurait donc pas reconstruit la cathédrale romane, mais seulement l'aîle est du cloître.

Les batiments capitulaires et le quartier de la cathédrale de Sées, par Jean-Pascal Foucher

Le chapitre de Sées ayant laissé peu de sources, les informations dont nous disposons sur les bâtiments capitulaires sont essentiellement d'ordre archéologiques. L'étude n'en est pas encore terminée, mais J-P. Foucher nous en a offert une première approche grâce à une "promenade" à travers le quartier de la cathédrale.

Il s'agit d'un chapitre O.S.A. depuis sa réforme en 1138 jusqu'en 1548. Il comprenait en 1143 36 chanoines et leur nombre est monté jusqu'à 40/45 aux XIVe-XVe siècles.

Dès le XVe siècle on trouve mention de maisons individuelles avec jardins clos (l'évêque proteste et demande la suppression des clôtures et des clés).

Les façades de la cathédrale, construite au XIIIe siècle, ont été très profondément transformées au cours des siècles pour renforcer le bâtiment menaçant de s'effondrer : la salle capitulaire attenant au transept a ainsi été détruite en 1860. La construction d'un palais épiscopal s'ajoutant à cela au XVIIe siècle, on ne peut plus aujourd'hui qu'émettre des hypothèses sur l'utilisation du sol au nord de la cathédrale au Moyen Age.

Aucune information ne subsiste sur des bâtiments du groupe cathédral avant le XIIe siècle : c'est à cet époque que fut construit le cloître, ainsi sans doute que les bâtiments le fermant. Les bâtiments plus au nord, qui ferment une 2e cour parallèle à l'église et au cloître (dénommée "cour du chapitre"), participent aussi très probablement d'un programme du XIIe siècle (aucune explication n'a encore pu être fournie pour l'existence de ces 2 cours). Au XIVe siècle, le quartier s'étendit vers l'ouest, avec la construction d'une rangée de bâtiments fermant une 3e cour, et parmi lesquels se trouvait la grange du chapitre. On trouve enfin au nord de cet ensemble des jardins rattachés à la cathédrale.

Plusieurs éléments du bâti font encore l'objet d'interrogations, entre autres :

  • la "chapelle canoniale", d'appellation abusive, qui ferme le cloître au nord : il ne reste plus aujourd'hui que l'ossature de ce bâtiment qui a été profondément transformé en 1950. La présence de grandes fenêtres au 1er étage fait plus penser à un réfectoire qu'à un dortoir, le RDC servant peut-être de réserve ou d'hôpital.
  • les portes : il en existe deux. Une touchant le coin NO de l'église, qui serait l'entrée principale du quartier canonial; et une autre, basse et voûtée, au nord, dont l'usage demeure inconnu.

Le décor peint de la salle capitulaire de Bayeux, par Vincent Juhel

La salle capitulaire est adossée à la tour nord de la cathédrale et était jusqu'en 1855 masquée de la rue par des maisons de rapport gérées par le chapitre. Elle fut construite à partir de 1160-70 et on y accédait par une chapelle de la cathédrale. Elle était prolongée par le grenier à sel, dépendance de service du chapitre qui servit aussi de chartrier. Elle est pavée de carreaux de céramique vernissée, avec une représentation de labyrinthe au centre.

Il subsiste sur le mur-pignon nord de la salle capitulaire une grande peinture, datant du premier quart du XVe siècle. Elle fut rafraichie en 1485 sur commande du chapitre, qui en profita pour y faire rajouter ses armes sur le couronnement. Elle fut ensuite restaurée à plusieurs reprises, mais, fait exceptionnel pour une fresque médiévale, n'a jamais été badigeonnée.

Elle représente une Vierge à l'enfant couronnée des armes du chapitre. La mère et l'enfant (qui est placé sur un trône) sont entourés de chaque côté par des anges thuriféraires portant des chappes dorées, puis plus loin par des clercs tonsurés tenant deux grands phylactères (un à droite, un à gauche). Ces phylactères donnent le détail des répons et places de chaque chanoine en fonction de la prébende tenue (une étude de ces textes a été publiée en 1917), avec un système de réponses de psaumes du côté gauche au côté droit (on trouve la même chose à Coutances : l'usage de la répartition du psautier entre les différentes membres du chapitre serait une coutume anglo-normande remontant aux environs de 1180). Aux pieds de la Vierge, sur fond de prairie, se trouvent 2 groupes de chanoines en prière, dont on peut remarquer la grande finesse des traits du visage.

Il a été remarqué qu'il est curieux de trouver le chant des psaumes dans la salle capitulaire, où a priori ne se déroule pas l'office.

Il faut noter que la cathédrale de Bayeux est placée sous l'invocation de la Vierge, que la Vierge à l'enfant se trouvait sur le sceau du chapitre déjà au XIVe siècle, et que cette fresque se rapproche de celle qui fut réalisée dans le chœur de ladite cathédrale à la mi-XIVe. V. Juhel souhaiterait d'ailleurs que nous lui fassions d'éventuelles découvertes d'autres fresques dans des salles capitulaires, afin de pouvoir faire des comparaisons.

Les élections épiscopales : l'exemple de Paris en 1492, par Véronique Julerot

L'élection ne désigne en fait qu'une étape dans la procédure de choix d'un nouvel évêque, comme V. Julerot nous l'a montré à propos de l'élection de l'évêque de Paris du 8 août 1492, qui fut contestée et donna donc lieu à deux procès : l'un devant la juridiction ecclésiastique métropolitaine, l'autre devant la juridiction laïque (le Parlement).

Tout d'abord, les chanoines ne sont pas complètement libres de leur choix : le siège doit être vacant (il semble même qu'il soit nécessaire que l'évêque défunt ait été enterré), l'élu doit avoir 30 ans au moins, être de naissance légitime, être clerc majeur, posséder une culture intellectuelle mesurable avec des diplômes, témoigner d'une certaine dignité de vie. Un profil des évêques de Paris de la fin du XVe siècle peut ainsi être dessiné : ce sont tous des juristes et 6 sur 9 sont nobles.

Si un candidat ne répond pas aux règles, on se contente de le "postuler" au lieu de l'élire : après la postulation on demande une grâce au pape puis on l'élit (ou il est considéré comme élu). Au XVe siècle, il est fréquent quand un doute pèse sur les qualités du candidat de dire qu'il est "postulé et élu". C'est le cas notamment des élus qui sont déjà titulaires d'un autre évêché.

L'élection doit se faire dans les 3 mois suivant la vacance, sinon elle est dévolue au supérieur, en l'occurrence le pape. Avant l'élection, des campagnes de diffamation par affiches et prêches sont souvent organisées contre certains chanoines, et des troubles graves peuvent en découler dans certaines villes après l'élection.

Des processions sont organisées avant l'élection, et des cérémonies ont lieu le jour même (messes, serment…) car elle se veut avant tout comme une manifestation de la volonté divine (l'idéal étant d'obtenir un vote unanime des chanoines). Le scrutin se déroule ensuite de la manière suivante : on procède au recueil (secret et individuel) des scrutins (il peut y avoir plusieurs tours), puis c'est la publicacio (proclamation des résultats bruts : la majorité absolue est requise), puis la collatio (comparaison des mérites et du zèle des candidats et des électeurs), puis l'electio communis (proclamation solennelle) et enfin l'approbatio (acclamation de l'assemblée qui reconnaît l'élu pour son chef légitime).

Dès lors, l'élu a le "jus ad rem". Il a ensuite un mois pour se désister, puis doit être confirmé pour avoir le "jus in re", prendre possession de son église et de son patrimoine, être intronisé, être consacré pour obtenir la plénitude de son pouvoir, et enfin prêter serment de fidélité au Roi pour obtenir la mainlevée des régales : l'élection n'est donc que la première étape d'un long processus visant la pleine possession du bénéfice. D'après P. Montaubin, cette procédure fut fixée ainsi dans la première moitié du XIIIe siècle et demeura ensuite immuable.

Les registres de la série des collectories du Vatican, par Jean-Nicolas Rondeau

Il s'agit d'une série de 504 volumes (d'environ 500-600 folios pour la plupart), conservés aux Archives du Vatican, et qui ont fait l'objet d'un travail préliminaire par J.-N. Rondeau. Par manque de temps, il ne lui a pas été possible de s'expliquer en détail et il reviendra donc sur ce sujet la prochaine fois. Sachez cependant qu'une base de données indiquant par registre les diocèses concernées est en cours de réalisation (elle est presque complète). J.-N. Rondeau a par ailleurs analysé une trentaine de registres en relevant les folios où figurent des noms pour chacun de nos diocèses. Les résultats de ce travail ont déjà été communiqués aux collaborateurs présents et versés dans la "boîte" pour les absents. Nous vous rappelons également qu'il existe des microfilms de certains registres disponibles à l'IRHT à Orléans, ainsi qu'une base de données sur ces microfilms.

Ce compte rendu a été rédigé par Christine Barralis.

Date réunion
05-01-1999