CR 11 janvier 2008

Compte rendu de la réunion de l'équipe des Fasti du 11 janvier 2008

 

Nouvelles

Le volume sur Poitiers paraîtra au printemps.

6 nouvelles abréviations sont utilisables dans la base FEG :

elles doivent être "collées" aux dates :

  • map = mort après
  • nap = né après
  • mav = mort avant
  • nav = né avant
  • mca = mort circa
  • nca = né circa

Que mettre dans la page "Informations du diocèse" ? Il faut indiquer les différences existant entre la base FEG et le volume papier. Par exemple, pour "Sources", vous devez cocher Oui ou Non : cela revient à dire si, oui ou non, la liste des sources (indiquée dans le volume papier) est disponible sur la base FEG.

"En-têtes de listes chronologiques" = si vous ne souhaitez pas reprendre les chapeaux de présentation insérés dans les volumes précédents pour chacune de ces listes, vous pouvez saisir un texte personnalisé.

Dans la future base Brepolis de consultation payante, on pourra étendre les recherches à la parenté. Il n’y aura pas identité entre elle et l’actuelle base FEG.

Deux thèses ont été soutenues avec succès :

  • Delphine Lannaud, Les évêques des diocèses bourguignons à la fin du Moyen Age (1415-1515).
  • Marie-Laure Jalabert : Autour du Livre vert : idéal et réalités de la seigneurie des archevêques de Narbonne, de Gilles Aycelin à Pierre de La Jugie (1290-1375).

Entrée de 3 livres dans la bibliothèque :

  • Carreiras eclesiasticas no Occidente Cristao
  • Fasti Ecclesiae Scotticanae
  • Kristiane Lemé : Les stalles de la cathédrale d’Amiens

 

Projet européen

Il existe plusieurs programmes européens dans lesquels les « Fasti Ecclesiae Gallicanae »pourraient s’intégrer. Le premier objectif que l’équipe s’était fixé, consistait à postuler dans le programme Infrastructure. Mais les chances de sélection étaient très minces ; on a donc choisi de se tourner vers un autre projet intitulé eContenplus, géré à Luxembourg-Ville.

L’appel d’offres de ce dernier est attendu pour juin 2008, avec dépôt de dossier en octobre. Une réunion a eu lieu en septembre à Paris avec les futurs partenaires, portugais, hongrois et croate ainsi que notre éditeur, Brepols. Il est apparu nécessaire de ne pas se contenter de présenter un projet centré sur la prosopographie, mais d’inclure d’autres corpus documentaires fondés sur les textes et les images, voire le son. Notons que notre logiciel a été demandé par les équipes hongroise et croate. Dans le but de le transmettre avec plus de sécurité et de le protéger, Stéphane Raux a repris l’écriture du code source et un dossier de déclaration d’invention a été déposé en vue d’obtenir une licence Cecill.

Le désir de travailler ensemble, même en cas de rejet du projet européen, a conduit à explorer la voie des GDRE, Groupe de Recherche Européen.

 

Notice institutionnelle du diocèse de Strasbourg, par Benoît Jordan

(N.B. : ce qui suit n'est pas un compte-rendu mais la copie du document diffusé par B. Jordan lors de la réunion).

Historiographie

Sources

Le fonds du grand chapitre est divisé en deux parties, conservées l’une aux Archives de la Ville et de la Communauté Urbaine de Strasbourg, l’autre aux Archives départementales du Bas-Rhin. D’une manière générale, les décisions du chapitre n’ont pas fait l’objet de transcriptions avant la fin du XVe siècle. Il n’y a pas de série constituée avant 1521 ; un seul registre est antérieur à cette date. On ne dispose pas non plus de listes de présence pour le Moyen Age.

AVCUS
  • 117 Z 1 : acta capituli ecclesie argentinensis (1452-1463). Selon Ph. Lorentz, ce registre consignant les faits marquants de la vie capitulaire peut être considéré comme « l’ébauche d’un registre de délibérations capitulaires » : audition de comptes, réception de chanoines ou de chapelains, copies d’attestation d’hérédité…
  • 117 Z 76 : cartulaire du chapitre. (XIIIe-XVe s.). Les actes concernant des biens à Strasbourg ont été publiés dans l’Urkundenbuch. Le plus ancien acte transcrit date de 1281 ; la majorité des actes est du XIVe s.
  • 117 Z 82 : liber missivarum variarum (1466-1481). Le secrétaire se réfère aux décisions capitulaires.
  • 117 Z 164 : actes isolés antérieurs à 1500.
  • 117 Z 194 : liber presentationum beneficiorum sive prebendarum curie thesaurarii ecclesie argentinensis (1426-1521).
  • 117 Z 196 : liber investiturarum (1470-1511).
  • 117 Z 198 : pièces isolées relatives à des fondations et des bénéfices (six pièces antérieures à 1500, dont une invitation faite à Etienne, comte palatin, nommé chanoine, à venir prêter serment - 1456).
  • 117 Z 213-216 : pièces isolées concernant les propriétés, les fondations, les bénéfices.
  • 117 435-437 : Küchenbücher (libri coquinae), ou listes de distribution (1451). Le 117 Z 436 (1451) donne une liste des membres du chapitre ainsi qu’une esquisse d’arbre généalogique de Henri de Henneberg, avec cette particularité d’indiquer uniquement les femmes à partir de la deuxième génération. Le 117 Z 437 donne la liste des dignités avec les nominations à différentes prébendes ou fonctions réservées aux titulaires de chaque dignité.
ADBR
  • G 2733 : cartulaire dressé en 1347 sur ordre du doyen Jean de Lichtenberg. La seconde partie de ce cartulaire a disparu, mais a fait l’objet d’une table dressée en 1787 (par J. J. Oberlin), conservée à la BNF, ms lat. 10934.
  • G 3463-3466 : Antiqua registratura : transcription intégrale d’actes anciens, réalisée au XVIe s.
  • G 3467 : liber coquinae (XIVe s.).
BNUS

Ms 5213 : liber coquinae (1418) avec liste des distributions en argent et en nature ; texte des serments que les nouveaux chanoines et dignitaires doivent prêter ; liste des bénéfices à la collation de l’évêque et des dignitaires ; liste des cours domaniales.

 

Bibliothèque humaniste de Sélestat

Ms 91 : Manuscrit de Melk. Ce manuscrit écrit vers 1224-1227 tient son nom de l’abbaye autrichienne qui le possédait avant son rachat par la bibliothèque humaniste de Sélestat au début du XXe siècle. Il a été publié en plusieurs articles dans le Urkundenbuch der Stadt Straßburg, t. IV/1. Il se compose d’un obituaire (dressé vers 1228 et complété jusque vers 1270) et d’un censier et registre de distributions pour la même époque. Y ont été ajoutées des actes divers, sans ordre, statuts capitulaires, fondations pieuses, transfert de cours claustrales, sur une période allant jusqu’au XVe s. Aussi porte-t-il le nom de liber regulae.

 

Folios Analyse (référence dans USS, IV/1)
54 Trois décisions du chapitre sur les fêtes à célébrer à la Sainte-Marguerite, à la Saint-Henri (empereur), et sur l’administration des prébendes vacantes (40).
54 Attribution de revenus au curé de Molsheim par l’évêque Berchtold – 1233 (45).
93-94 Etat des revenus en nature et en argent, au profit des chanoines (26).
94-95 Commutationes vel concambia quarundam oblationum, que selgerete nuncupantur, breviter statuimus annotare, ne anime fidelium in anniversariis earum debitis vigiliarum et missarum officiis privarentur et ne portarius negligentia vel alii canonici ejus arguerentur (27).
95-97 Descriptio quorundam arealium infra civitatem sitorum ad oblations, que vocantur Selgerete, pertinentium (25).
97 Descriptio arealeum et domorum infra civitatem partim ad communes usus fratrum partim ad cenam pertinencium, que ex parte inter arealea superius scripta descripsimus, que iterum propter specialem pertinentiam describemus (29).
98-99 Item descriptio allodiorum extra civitatem sitorum ad communes usus ad cenam pertinencium (30).
99 Hic continentur feoda, de quibus olim dabantur servicia, sed modo dantur denarii, qui dicuntur dienstphenninge (31).
99-100 Annotations sur des revenus en argent et en nature dus par des particuliers (32).
100-102 Nota. Hec sunt bona, que sita sunt extra civitatem, de quibus dantur denarii frumentum et vinum, que pertinent ad selgerete et portarius debet dividere fratribus (33).
102 Annotations sur les distributions en nature à effectuer pour l’entretien du réfectoire par le pincerna et le cellérier (34).
102-103 Annotations sur les distributions que doit faire le portier (35).
104-105 Hic continentur qui habent arealea de Selgerete intra civitatem sita et dant censum debitum (28).

Les actes émanant du chapitre ou reçus par lui ne donnent que rarement le nom des individus qui le composaient. Bien souvent, la mention des membres est globale, seul le nom d’un ou de deux dignitaires étant précisé. En revanche, un certain nombre d’actes conservés dans des fonds divers ont été publiés dans le Urkundenbuch der Stadt Straßburg, pour la période antérieure à 1400 ; ils intéressent des chanoines à titre individuel. Les Regesten der Bischöfe von Straßburg dont le tome II porte sur la période 1202-1305, contiennent un certain nombre d’analyses intéressant le chapitre.

 

Bibliographie

Le sujet a été étudié dans ses grandes lignes à travers trois thèses :

  • Adam VETULANI, Le grand chapitre de Strasbourg des origines à la fin du XIIIe siècle, Strasbourg, 1927, X-108 p. (collection d’études sur l’histoire du droit et des institutions de l’Alsace, t. II).
  • Jean ROTT, Histoire du chapitre cathédral de Strasbourg au XIVe et au XVe siècle, dactyl., 1932, thèse d’école des Chartes.
  • Philippe LORENTZ, Les chanoines de la cathédrale de Strasbourg aux XVe et XVIe siècles, dactyl. 1988, thèse d’école des Chartes, la seule qui se place dans la perspective prosopographique.

Dans un article paru en 1970 (Archives de l’Eglise d’Alsace), René Levresse publie plusieurs listes de chanoines entre le XIe et la fin du XVIe siècle. Le même auteur a rapidement étudié les custodes de la cathédrale au XIIIe siècle : « Les custodes de la cathédrale de Strasbourg au XIIIe siècle » (AEA, 1985, p. 19-24).

  • Urkundenbuch der Stadt Straßburg (avant 1400), 7 t.
  • Regesten der Bischöfe von Straßburg, ed. Alfred Hessel und Manfred Krebs, Innsbruck, 1924-1928 (t. II : 1202-1305).
  • LEVRESSE, René, « les suffragants de Strasbourg », AEA, 1974, p. 13-19.
  • RAPP, Francis, Réformes et réformation à Strasbourg, Paris, 1974.
  • RAPP, Francis, « les évêques auxiliaires à la fin du Moyen-Âge dans les diocèses de Constance, Bâle, Strasbourg et Spire », ds Les prélats, l’Eglise et la Société, XIe-XVe siècle. Hommage à Bernard Guillemain, Bordeaux, 1994, p. 109-117.
  • LEVRESSE, René-Pierre, « Les origines de l'officialité épiscopale de Strasbourg, au XIIIe siècle », AEA, 1986, p. 1-54.
  • - Id., «L'évolution historique de l'officialité de Strasbourg, (XIIe-XVIe siècle), la rançon du succès », AEA, 1988, p. 67-86.
  • - Id., « Les causes internes de la ruine de l'officialité », AEA, 1992, p. 79-149.
  • - Id. « L'officialité épiscopale de Strasbourg : son organisation », AEA, 1993, p. 117-179.
  • WERCKMEISTER, Jean, « les capitulations des évêques de Strasbourg du XIIIe au milieu du XVe siècle », AEA, 1974, p. 21-45.
  • JORDAN, Benoît, « Le Bruderhof, les cours capitulaires et les chanoines de la cathédrale au Moyen Age », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, t. XXV, 2000, p. 165-177.

 

Géographie et histoire du diocèse

Le diocèse de Strasbourg s’étend sur une bonne partie de la Basse-Alsace, mais laisse le nord de la forêt de Haguenau, au-delà de la rivière du Seltzbach, au diocèse de Spire. Il possède une enclave dans le diocèse de Bâle qui couvre la Haute-Alsace : la région de Lautenbach, dans la vallée de Guebwiller, relève de sa juridiction. A partir du VIIe siècle, des localités sur la rive droite du Rhin, formant l’Ortenau, dépendent de l’évêque de Strasbourg. Du côté occidental, les limites avec les diocèses de Metz et de Toul ont connu des variations importantes, notamment à l’époque carolingienne : l’autorité du prélat messin s’étend alors jusqu’à Neuwiller-lès-Saverne. Plus tard, les limites varient dans la haute vallée de la Bruche et en Alsace bossue. C’est ainsi que le diocèse est voisin des diocèses de Spire, de Metz, de Bâle, de Constance. Il faut également rappeler que l’évêque, en tant que prince territorial, est propriétaire de la région de Rouffach, depuis Soultz jusqu’à Eguisheim, son voisin bâlois en étant le supérieur au spirituel. Enfin, le siège de Strasbourg est suffragant de l’archevêché de Mayence, dont l’autorité est théorique.

L’évêché de Strasbourg

Un siège épiscopal existe à Strasbourg (Argentoratum) au IVe siècle La ville reste jusqu’au XIIIe sous l’autorité seigneuriale de l’évêque. En 1262, au terme d’une guerre ouverte, les troupes de l’évêque Walther de Geroldseck sont battues à Hausbergen et la ville, par un accord scellé l’année suivante, se voit reconnaître une totale autonomie. Strasbourg est désormais ville de l’Empire. L’évêque n’apparaît plus qu’épisodiquement dans les murs de la ville. Cela se manifeste par l’absence de palais épiscopal. Le Fronhof (sur la place au sud de la cathédrale) apparaît au XIVe siècle comme un centre administratif plus que comme une résidence : l’évêque Jean de Dirpheim loue un hôtel comme résidence, le futur Luxhof. Les prélats résident plus volontiers à Saverne, à Molsheim ou au château du Haut-Barr.

La cathédrale

Une première cathédrale existait peut-être à l’époque mérovingienne. Le poète Ermold le Noir, exilé en Alsace par Louis le Pieux, donne dans un long poème une description d’un édifice en bois, sans doute celui qui est détruit en 1002 lorsque le duc de Souabe Hermann attaque la ville et l’incendie pendant la guerre liée à l’élection de l’empereur Henri II. L’évêque Werhinari ou Werner, membre de la famille appelée plus tard de Habsbourg, commence en 1015 la reconstruction d’un édifice aux dimensions exceptionnelles. Des travaux de consolidation de la tour nord du massif occidental ont permis, dans les années 1912-1925, d’identifier les fondations de 1015 : la cathédrale de Werhinari avait les dimensions de l’édifice actuel.

Cette cathédrale est reconstruite à partir des années 1160. Vers 1240, le chœur et le transept sont achevés. C’est à ce moment que l’art gothique fait irruption dans le monument avec les tympans du croisillon sud et le pilier des anges. La construction de la nef, entre les années 1240 et 1275 consacrent l’épanouissement du style gothique rayonnant. Entre 1277 et les années 1390, on élève en plusieurs étapes le massif occidental jusqu’à la plate-forme. La construction de la tour octogonale et de la flèche intervient entre 1399 et 1439.

 

Les collégiales

Les collégiales existant dans le diocèse recrutent leurs membres dans un milieu socialement différent de celui du chapitre cathédral. On les donne ici pour mémoire  :

À Strasbourg :

  • Saint-Thomas
  • Saint-Pierre-le-Vieux (déplacé de Honau à Rhinau, puis à Strasbourg en 1398)
  • Saint-Pierre-le-Jeune
  • L’oratoire de la Toussaint, plus modeste (fondé en 1327)

Hors de Strasbourg :

  • Saint-Adelphe à Neuwiller-lès-Saverne
  • Saint-Léonard à Boersch, dont le chef est le prévôt de la cathédrale
  • Saint-Florent de Niederhaslach
  • Saint-Arbogast de Surbourg

Un corps ecclésiastique, bien que n’étant pas défini comme un chapitre, intéresse de près les chanoines : le grand chœur, établi à la cathédrale, dont les membres dotés de prébendes sont chargés d’assumer un office délaissé par les chanoines. Une confraternitas est signalée à la fin du XIIIe siècle. En 1364, le grand chœur compte 64 membres qui obtiennent en 1414 le droit de porter l’aumusse et le bonnet en peau d’écureuil à l’instar des chapitres de Saint-Thomas, Saint-Pierre-le-Vieux et Saint-Pierre-le-Jeune. A la tête de cette institution figure le roi du chœur, une dignité qui aurait été créée par l’empereur Henri II en 1012. En 1437, le corps des prébendiers se dote de sept députés, chargés de représenter leur communauté auprès des chanoines qui conservent le contrôle de leur gestion. Jamais le grand chœur n’obtiendra une totale autonomie de la part des chanoines pour qui ses membres, malgré leurs qualités personnelles, restent de simples vicaires – voire de simples serviteurs. Les prébendiers fonctionnent d’une manière identique à celle d’un chapitre, avec répartition des revenus, tenue de comptes, biens communs et siège administratif (le Gürtlerhof).

L’organisation diocésaine

L’évêque s’entoure d’administrateurs qui forment son gouvernement au spirituel et au temporel. La part que les chanoines prennent à ce gouvernement entre 1250 et 1500 se résume le plus souvent à un exercice de contrôle et à des prétentions parfois assouvies, parfois agitées sans résultat. Notons que l’archevêque de Mayence n’intervient pas ou très peu dans le diocèse de Strasbourg. Il fait un essai d’imitions en 1300, mais il échoue face à un soulèvement de l’ensemble du diocèse.

 

Les suffragants

Les suffragants, évêques in partibus, ne sont jamais issus du chapitre cathédral, sauf une exception, en 1297. Avant 1450, on ne trouve guère que des religieux avec une prédominance pour les Mendiants, Dominicains ou Franciscains. Il faut dire que le couvent des Prêcheurs de Strasbourg est particulièrement brillant au long du Moyen Age, avec notamment la figure d’Albert le Grand.

La curia, le vicarius in spiritualibus ou vicarius in pontificalibus

La curia est dirigée par l’official, office cité à partir de 1230. Là encore, les chanoines en sont absents. Mais l’importance acquise progressivement par cet organe de gouvernement explique qu’en 1299, le chapitre tente de le placer sous leur contrôle. A cette date, l’évêque Frédéric de Lichtenberg, avant d’être élu, doit s’engager à nommer official un chanoine. A partir de 1346, l’évêque choisit un clerc hors du chapitre cathédral. Quant à la fonction notariale de l’officialité, incarnée par le sigillifer, elle passe progressivement sous le contrôle du gouvernement de la ville de Strasbourg : à la fin du XIVe siècle, le garde-scel peut être considéré comme un employé de la ville.

Les archidiacres

La première mention d’archidiacres figure dans un acte de 1109. Cette fonction a pu trouver son origine – ou bien être amalgamée – dans celle des Chorepiscopi, sortes d’évêques suffragants chargés d’administrer au spirituel un secteur déterminé du diocèse, voire même de seconder directement l’évêque titulaire. Les archidiaconats sont cités pour la première fois dans un acte de 1107. Au nombre de sept, ils sont détenus par des chanoines qui se partagent ainsi la juridiction épiscopale.

  • Infra Sornam et Matram : entre la Zorn et la Moder, archiprêtrés de Haut- et Bas-Haguenau (incorporé au doyenné en 1415)
  • Infra Rhenum et Matram : entre le Rhin et la Moder (incorporé au doyenné en 1415)
  • Ville de Strasbourg et sa banlieue, dit de Saint-Laurent (rattaché à l’office du trésorier)
  • Ultra Rhenum : Outre-Rhin, archiprêtrés de l’Ortenau : Lahr, Ottersweier, Offenburg
  • Per Marchiam : entre la Zorn et la Bruche, archiprêtrés de Bettbur et Molsheim
  • Entre l’Ill et le Rhin : doyennés de Benfeld et de Valf – ou Ill et Andlau (rattaché à la prévôté)
  • Archidiaconat cathédral : archiprêtrés d’Obernai et de Sélestat.

Alors que la fonction d’archidiacre reste active dans le diocèse de Bâle, il semble qu’elle soit réduite, pour le diocèse de Strasbourg au XVe siècle, à un complément de revenus au profit des chanoines.

Les chapitres ruraux

Ils se définissent comme des collèges ecclésiastiques territoriaux formés autour d’un doyen. C’est une sorte de confrérie dont l’assemblée capitulaire se dote de statuts sous l’autorité de l’archiprêtre, statuts approuvés par l’évêque ou son représentant, l’archidiacre. Cette organisation apparaît assez tardivement, au XVe siècle, généralement. Les membres du grand chapitre n’interviennent pas dans ce rouage ecclésiastique.

 

Le chapitre

Les origines

La première indication d’une communauté canoniale est donnée par les libri confraternitatium sancti Galli Augensis Fabiariensis, qui donnent une liste de quarante noms intitulée Nomina canonicorum de civitate Argentorata. L’évêque Bernold, qui règne de 822 à 840, y figure en première place.

En 976, l’empereur Otton II accorde aux clercs de la cathédrale des biens royaux pour leur usage. Cette donation est assortie d’une clause qui réserve aux chanoines la gestion de ces biens, à l’exclusion de toute autre autorité.

La vie commune a pu se maintenir pendant la période carolingienne et la période ottonienne. Une tradition encore reprise en 1789 affirme que la mense capitulaire fut divisée en 24 prébendes en 1019, par l’évêque Werhinari. D’autres thèses ont été agitées qui fixent cette division en 1031, en 1069, enfin durant la querelle des investitures. Toujours est-il qu’en 1129, la division est établie, puisque le prévôt indique dans un acte qu’il tenait une cour en bénéfice claustral.

Les statuts

Vers 1105-1106 sont rédigés deux faux attribués à Charlemagne et au pape Hadrien, attribuant au chapitre le droit d’élire l’évêque et consacrant son autonomie. A partir de 1299, sont promulgués plusieurs statuts touchant essentiellement à la gestion des prébendes et à la résidence, aux conditions de la désignation des chanoines.

Dignités

Le chapitre compte 24 chanoines, dont huit dignités :

Seules les trois premières dignités ont encore un contenu réel au XVe siècle, les autres n’apportant guère qu’un surplus de revenus à leurs détenteurs.

 

Mode d’entrée au chapitre

En 1156, il apparaît qu’un nouveau chanoine est accueilli par le chapitre sans que l’évêque participe à cette réception, son rôle se bornant à remettre à l’impétrant sa prébende. Ce principe est réaffirmé en 1256 et en 1260. Dès le XIIIe siècle, un mode de cooptation est instauré : chaque chanoine désigne, à tour de rôle, son propre candidat à une prébende vacante, selon des listes d’ancienneté établies par le cellérier. Mais la désignation doit être confirmée par le chapitre lors d’une séance capitulaire, ce qui préserve la fiction de l’élection par la communauté. Quant aux provisions en cour pontificale, rares et mal acceptées, elles disparaissent après 1329.

Les évêques tentent également de nommer des chanoines. Mais après 1347, ils renoncent à toute tentative.

En 1318, l’évêque et les chanoines désignent 23 nouveaux chanoines, ce qui double le nombre des titulaires. Mais c’est la seule fois où apparaît ce mode d’organisation.

 

Noblesse

C’est bien le caractère noble du chapitre de Strasbourg qui constitue sa particularité. Seuls les Freiherren, les comtes et les barons, peuvent y prétendre, à l’exclusion des fils de chevaliers et de nobles ministériaux. Dans l’Empire, seul le chapitre de Cologne a de telles exigences. Vers 1383, on exige huit quartiers de noblesse, seize quartiers en 1479. Ce principe de recrutement va à l’encontre du droit canonique. La décrétale de Grégoire IX de 1227 (C. 37, X, 3. 5.) évoque une protestation du chapitre de Strasbourg contre la nomination par le pape d’un clerc au rang des chanoines. Les chanoines arguent de la naissance non noble de ce clerc, en contravention avec l’usage. Le pape repousse cette argumentation, mettant en avant les qualités personnelles qui doivent primer sur la naissance. Mais, bien qu’introduite dans le droit commun, cette sentence n’aura fait sourciller aucun des titulaires du chapitre.

Le recrutement des chanoines se trouve conditionné par cette obligation ainsi que par le jeu des influences et des réseaux familiaux. Les origines géographiques des chanoines évoluent entre 1250 et 1500 : jusque vers 1400, dominent les lignages alsaciens avec l’arrivée de familles de l’Empire ou de Suisse. La région mosane fournit également quelques noms, de même que la Lorraine. Au XVe siècle arrivent des hommes du diocèse de Constance, qui s’étend jusqu’au Rhin. Après 1450, on note l’arrivée de chanoines dont les familles sont implantées dans le diocèse de Wurzbourg. Vers 1500, les Allemands du Nord et les Rhénans dominent, une tendance qui s’affirme au XVIe siècle. Le dernier alsacien de souche à siéger dans une stalle strasbourgeois, Jean d’Ochsenstein, meurt en avril 1456. Un seul chanoine est originaire de la zone francophone, Olry (Ulrich) de Blamont (ou de Blankenberg), désigné avant 1434.

Avant le XVe siècle, il est difficile d’évaluer le niveau intellectuel des chanoines. A Strasbourg même, l’école capitulaire n’était guère brillante. En 1372, sa bibliothèque compte 91 livres, tous enchaînés. Cependant, avec l’humanisme, les jeunes chanoines ou les jeunes gens destinés à une carrière ecclésiastique fréquentent l’université (à Fribourg-en-Brisgau, Heidelberg, Erfurt).

 

  • Les familles :
  • Arberg
  • Bade
  • Barby-Muelingen
  • Bavière
  • Bechbourg
  • Blamont
  • Burgelen
  • Bussnang
  • Castell
  • Clèves
  • Créhange
  • Cremberg
  • Daun-Oberstein
  • Delmensingen
  • Deux-Ponts-Bitche
  • Dicke
  • Eberstein
  • Ehrenberg
  • Entringen
  • Feldkirch
  • Fénétrange
  • Ferrette
  • Florange
  • Frankenstein
  • Fribourg
  • Furstenberg
  • Geroldseck-Lahr
  • Geroldseck-Vosges
  • Gundelfingen
  • Habsbourg
  • Helfenstein
  • Henneberg
  • Hewen
  • Horbourg
  • Hurnheim
  • Kirchberg
  • Kirkel
  • Lichtenberg
  • Lierheim
  • Linange
  • Lupfen
  • Lützelstein (Petite-Pierre)
  • Nellenburg
  • Ochsentein
  • Ramstein
  • Reichenberg
  • Rhin (comte palatin)
  • Ribeaupierre
  • Rixingen
  • Sarrewerde
  • Schauenberg
  • Schwartzenberg
  • Stahleck
  • Stoeffel
  • Strahlenberg
  • Strassberg
  • Sulz
  • Sygnau
  • Teck
  • Tengen
  • Thiersberg
  • Thierstein
  • Usenberg
  • Veldentz
  • Wartenbourg
  • Wartstein
  • Wasserseltz
  • Wiltberg
  • Wolfach
  • Zollern

 

Le droit d’élection épiscopale

Le chapitre a pour principale prérogative d’élire l’évêque : ce droit qui lui est acquis après le concordat de Worms et confirmé en 1259 par Innocent IV. Or, Frédéric de Lichtenberg, élu en 1299, est le dernier avant longtemps (1439) à accéder au siège épiscopal par ce moyen. Il doit d’ailleurs signer une convention avec les chanoines (capitulation électorale). Ses successeurs sont désignés par le pape d’Avignon. Le concordat germanique, conclu en 1448, rétablit le droit d’élection pour les chapitres dans tout l’Empire.

Conflits avec l’évêque

Le chapitre n’est pas totalement indépendant de l’évêque. Le pontife nomme certains dignitaires (le trésorier, le chantre, l’écolâtre) et surtout confirme l’élection du prévôt. Il publie également les statuts et peut participer aux délibérations capitulaires. Enfin, l’évêque exerce sa juridiction sur le chapitre. Lui reviennent de droit les conflits entre chanoines ou prébendiers du chœur. Du point de vue domanial, chaque partie surveille la gestion des biens de l’autre mense.

Si le chapitre a également le pouvoir d’élire l’évêque - bien qu’au XIVe siècle (de 1306 à 1393) la papauté nomme les nouveaux titulaires - et s’il passe un accord avec l’élu garantissant ses droits, les occasions de conflit n’ont pas manqué : en 1337, Conrad de Kirkel se révolte contre Berthold de Bucheck ; en 1371, le doyen Jean d’Ochsenstein et l’écolâtre Georges de Veldentz se prétendent tous deux élus par le chapitre et guerroient contre l’évêque Lambert de Burne ; en 1393, on assiste à une double élection, celle de Burkard de Lützelstein contre celle de Guillaume de Diest. En 1415, ce dernier est séquestré par les chanoines affolés par la dispersion des biens épiscopaux.

 

Le fonctionnement du chapitre

Au XVe siècle, le chapitre se réunit le samedi, sans qu’il soit nécessaire de convoquer ses membres. Mais l’absentéisme oblige à instituer des chapitres généraux ordinaires à date fixe : le jour de la Saint-Georges (23 avril), et le lendemain de la Saint-Jacques (25 juillet). En cas de besoin, le doyen pouvait convoquer les chanoines en séance extraordinaire. La présence de tous les chanoines n’est pas nécessaire à la tenue des séances capitulaires. On ne peut mesurer l’absentéisme qu’à partir du moment où des registres de procès-verbaux sont tenus. Au XVe siècle, il n’y a guère que trois à cinq chanoines présents. Seul le doyen est tenu à la résidence, en tant que chef de l’institution. Il est secondé par des techniciens juristes, comptables ou greffiers, peu nombreux : le notaire juré, greffier du chapitre, le Schaffner, qui réside au Bruderhof et rend ses comptes au chapitre tous les ans, à la Saint-Jacques, le boulanger, le tonnelier (Zapfenambaht), les bedeaux (Stäbler) chargés de la police dans les bâtiments capitulaires. Cette administration n’est véritablement structurée que dans la seconde moitié du XVe siècle.

Les bâtiments des chanoines

Le chapitre dispose, au cœur de la ville, d’un ensemble de bâtiments appelé le Bruderhof. De même que la dénomination de la cathédrale (das Münster – du latin monasterium), la « cour des frères » rappelle le temps lointain où les chanoines vivaient en communauté. Après le XIIe siècle, le Bruderhof reste le siège administratif du chapitre. Accolé au chevet de la cathédrale, il forme un vaste rectangle composé de différents édifices.

Les chanoines disposent de résidences disséminées dans le secteur nord-est de la ville, plus précisément dans sa partie anciennement ceinte par le rempart romain. La rue Brûlée, la rue des Juifs, la rue du Dôme regroupaient ces hôtels qui étaient parfois des propriétés familiales : c’est le cas pour les Ochsenstein.

Le chapitre se réunit dans une salle située dans la cathédrale même, au nord du chœur, au-dessus de la chapelle Saint-Jean-Baptiste, par le maître d’œuvre qui a élevé le pilier des anges dans le bras sud du transept, vers 1230-1240. Avant 1456, un nouveau lieu de réunion est aménagé dans le Bruderhof ; appelée Stuba majoris (la grande salle), elle avait l’avantage d’être chauffée par un poêle en faïence (Lorentz, p. 75). En définitive, il n’y a pas, à Strasbourg, de quartier cathédral.

Les cours capitulaires

Ce sont des hôtels particuliers assortis d’un ensemble de biens en campagne donnés en fiefs. Le manuscrit de Melk donne, pour les années 1224-1228, une liste de cours claustrales. Mais il n’y a pas autant de cours claustrales que de chanoines. Cela explique qu’entre 1318 et 1321, plusieurs chanoines s’entendent sur la transmission de ces cours.

 

Bilan (d'étape) du projet sur les collégiales, par Anne Massoni

Le projet que coordonne Anne Massoni sur les collégiales est né il y a maintenant huit ans. Son objectif est de fédérer les recherches sur les églises collégiales. Il est une composante de l’axe 6 du LAMOP et se réunit deux fois par an (été et hiver). Il travaille en collaboration avec les équipes d’accueil universitaires.

La première réalisation du groupe est un répertoire des collégiales séculières de France (même définition que pour les FEG), réalisé sous la forme d’une base de données. Par collégiale, il faut entendre tout établissement qui abrite au moins deux membres récitant l’office ensemble, qui dispose d’une autonomie physique et qui ne suit pas la règle de Saint-Augustin Des établissements n’ont répondu à cette définition que durant un temps de leur existence. D’autres en furent manifestement, sans jamais en porter le titre, par exemple les saintes chapelles.

Les bornes chronologiques choisies par l’équipe sont les dates de :

  • 816 : Concile d’Aix qui permet aux établissements de se rassembler sous le même nom.
  • 1530 : date qui se rapproche du pic numérique repéré par Philippe Loupès, 1550 et à laquelle les communautés de prêtres apparaissent et se distinguent des collégiales.

14 champs ont été définis qui dépeignent la situation institutionnelle de l’établissement. Aujourd’hui, 91 diocèses sont pris en charge et plus de 700 établissements ont été répertoriés. Il demeure quelques vides régionaux à combler : Bretagne, Lorraine, Alsace, Corse. A la fin du travail, on pense atteindre plus ou moins 1000 collégiales. Ce répertoire sera consultable en ligne dans le courant de l’année 2008 sur le site du LAMOP

Un article de synthèse est à paraître dans la RHE, numéro de juin-décembre 2007.

 

La collection Gaignères, par Anne Ritz-Guilbert

Les résultats de la recherche menée par Anne Ritz-Guilbert à la Bibliothèque nationale de France n’ont malheureusement pas été publiés. Ce que nous désignons par « collection Gaignères » - en général d’après la publication d’Adhémar - n’est que la partie visible (et peu fidèle) d’un iceberg. On peut consulter répertoire et table d’équivalences entre cotes anciennes et modernes auprès de Marie-France Damongeot, ou bien consulter directement Anne Ritz elle-même (anne.ritz-guilbert@neuf.fr, mail) pour se retrouver dans le dédale d’une collection qui comportait 2803 volumes de manuscrits, 2910 livres imprimés, des médailles, monnaies, jetons et 1048 tableaux, dont 355 portraits de chevaliers du Saint-Esprit, selon l’inventaire réalisé à la mort de Roger de Gaignères (1643-1715) par Clairembault (Clair. 1032). Malheureusement, la collection a été dispersée et les recueils eux-mêmes démantelés. Des dessins étrangers lui ont été ajoutés. Bref, ce n’est pas facile de s’y retrouver !

Gaignères avait amassé ses trésors avec l’aide de deux assistants, Barthélemy Rémy, paléographe, et Louis Boudan, dessinateur-graveur, qui ont suivi Gaignères dans tous ses déplacements et effectué des relevés in situ en Île de France, Haute-Normandie, Maine et Anjou. Pour Bordeaux et Narbonne, Gaignères a travaillé avec des correspondants. Ses intérêts étaient triples : généalogiques, héraldiques et visuels (goût pour la représentation des individus, qui l’a amené à privilégier la fin du Moyen Age).

Anne Ritz a recherché si les dessins pouvaient être considérés comme fidèles. La réponse n’est pas si simple à donner. De nombreux dessins existent en double ou en triple ; il y a des croquis préparatoires, des générations de dessins. Selon l’usage qui leur était assigné, ils avaient des légendes différentes ; parfois, c’était le costume et non le monument qui avait intéressé. Les croquis privilégiaient les épitaphes et l’héraldique ; ils pouvaient être plus approximatifs pour le décor.

Les tombeaux des évêques sont systématiquement en doubles. Au Cabinet des estampes, ils sont classés selon le lieu où se trouvait le tombeau. Au Département des manuscrits, des recueils sur les évêchés commencent par la liste des évêques et, à partir du 60ème environ, des pages sont prévues pour chacun, quel que soit le lieu d’inhumation.

 

Les fêtes des Innocents

En fin de séance, Yann Dahhaoui a rapidement évoqué ses recherches sur les « fêtes des Innocents ». Il s’interroge en particulier sur l’identité de ceux qui furent appelés episcopus innocentium ou scolarium ou puerorum. Dans l’Empire, il a aussi rencontré des évêques des prêtres ou des diacres. Que ceux qui disposent d’informations précises veuillent bien les lui transmettre.

Date réunion
11-01-2008